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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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ses feux. Il portait une redin-gote de soie prune doublée d’un fin lainage { laquelle était épinglée une belle chaîne qui retenait une montre en or, gravée de son chiffre, qu’il consultait fréquemment, comme s’il eût été impérieux de connaître l’heure { tout moment.
    Coiffé d’une splendide perruque poudrée - au contraire du docteur qui avait délaissé l’encombrant attribut des notables - et une canne { pommeau d’or sculpté { la main, le nobliau avait le panache d’un grand seigneur.
    Madame Boileau - ou madame de Gannes de Falaise, comme la désignaient toujours les membres de la belle société en lui conservant son nom de jeune fille, sans doute pour atténuer la déchéance de son mariage avec un roturier - était une personne rondelette, portant invariablement une toilette sombre, affichant le deuil immuable de treize de ses enfants, ses chers petits que le Seigneur lui avait réclamés sitôt nés, exception faite de la petite Lucille, emportée par la rougeole { l’âge de sept ans. En effet, des dix-sept enfants qui avaient béni ce mariage heureux, seuls René, Emmélie, Sophie et Zoé avaient vécu. Mais les jours de fête, elle choisissait une robe de couleur violet, agrémentée de blanches dentelles foisonnantes d’où émergeait un cou grassouillet. Sur son visage légèrement couperosé, des traits harmonieux rappelaient que l’ancienne demoiselle de Gannes de Falaise avait été jolie. Lorsqu’elle parlait, sa coiffe de mousseline enrubannée s’agitait sur des boudins qui devenaient de plus en plus gris.

    — Bonjour, mon oncle, bonjour, ma tante, fit joyeusement la jeune fille dans une petite révérence, en apercevant les visages familiers.
    — Mes chers amis, salua Talham en s’inclinant sur la main de madame Boileau pour lui présenter ses hommages.
    Avez-vous reçu récemment des nouvelles d’Europe ?
    La noble dame offrit au docteur un sourire radieux en se lançant sur son sujet préféré : son fils. Elle sortit vivement d’une de ses poches une lettre qu’elle déplia avec précaution, répondant par le fait même aux vœux que Marguerite n’aurait jamais osé formuler elle-même : des nouvelles de son cousin, son amour secret.
    — Pas plus tard qu’hier, la malle de Montréal nous a apporté une lettre. Londres, écrit notre cher René, est la plus grande ville du monde. Il raconte des choses étonnantes. Mais voyez, cher docteur Talham. Lisez, je vous prie.
    — Mes très chers parents , commença le docteur à voix haute. Londres est une ville remarquable. Je n’aurais jamais cru qu'il puisse y avoir autant de rues dans une ville et autant de monde dans ses rues. La rue londonienne est grouillante de charrettes, de paysans venus de la campagne, d'animaux, de gentlemen à cheval, de dames en belles toilettes qui refusent de mettre pied à terre en descendant de leur voiture tant règne la saleté dans des rues qui, pourtant, sont pour la plupart pavées.
    Le spectacle est fascinant. Même la nuit, on entend un bourdon-nement incessant. On a l'impression qu'ici, on ne se couche jamais. »
    «J'ai visité l'abbaye de Westminster. Dites { mes sœurs qu'en traversant le pont de Londres, j'ai vu le roi et la reine passer dans leur carrosse. Imaginez ! La tour de Londres date du xf siècle. C'est incroyable! Mon père, vous aimeriez visiter le jardin de plantes exotiques situé au sud-ouest de la capitale et le British Muséum où on peut voir de vieux manuscrits, des ?nédailles, des sceaux anciens et des livres en quantité inimaginable. Que de splendeurs ! »
    «Je prends le temps qu'il faut et profite de ma chance pour visiter et me remplir les yeux de merveilles. Mais notre village de Chambly me semble loin! Et il me tarde de m'y installer comme notaire, même si ce voyage dans les vieux pays est captivant et rempli d'intérêt. Vous me manquez tous beaucoup. »
    «Je traverserai bientôt en France. Je suis d'avance ému à l'idée de fouler le sol qui a vu naître nos ancêtres. Je vous embrasse, mes chers parents. Mère, prenez soin de votre santé.
    Quant à vous, père, je suppose que vous êtes toujours en mouvement, comme le balancier d'une horloge. Embrassez tendrement mes chères sœurs et faites mes compliments { tous nos amis de Chambly, et particulièrement au docteur Talham, à qui ces évocations rappelleront de bons souvenirs. »
    « Votre fils affectueux. René. »
    « Certes, certes, dit Talham en repliant la lettre, c’est bien

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