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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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belles corniches et les larges fenêtres. Une fois la maison achevée, les notables de la paroisse, dont monsieur et madame Boileau, avaient été invités par les Rouville { prendre le thé l’après-midi - une nouvelle habitude que la bonne société avait adoptée des Anglais, malgré les moqueurs nombreux qui la réprouvaient - afin d’admirer les superbes boiseries et l’agréable dimension des pièces.
    Noël sauta hors du véhicule tandis que Marguerite prenait mille précautions afin de ne pas abîmer ses beaux vêtements.
    La calèche du docteur Talham se rangea derrière eux.
    — Permettez, mademoiselle.
    Il tendit la main { la jeune fille pour l’aider { descendre.
    C’était un homme d’une élégance discrète. Plus grand que la moyenne, il était vêtu d’une simple jaquette noire ajustée sur une taille aussi mince que celle d’un jeune homme, une cravate de soie blanche bien nouée sur sa fine chemise de batiste. Aux reflets argentés de ses cheveux blonds, qu’il portait courts, suivant la nouvelle mode anglaise, on voyait tout de suite qu’il était entre deux âges.
    François Lareau s’empressa de saluer le médecin d’un coup de chapeau.
    — Monsieur Lareau, comment allez-vous ? répondit chaleureusement le médecin { l’habitant. Et comment se portent madame Lareau et toute votre belle famille?
    demanda-t-il en esquissant un sourire bienveillant.
    — Bien, bien. Merci docteur, c’est trop d’honneur de vous informer, ajouta avec déférence François Lareau, qui estimait le médecin du village pour son dévouement, comme la plupart des habitants de la seigneurie. Vous connaissez Marguerite, ma plus vieille ? Et voici mon fils aîné, fit-il en poussant le garçon devant lui.
    Noël souleva sa tuque pour saluer. Rougissante, Marguerite s’inclina en une courte révérence, encore intimidée par l’attention dont elle venait d’être l’objet. C’était bien la première fois qu’on la traitait en dame en l’aidant { s’extirper d’une charrette.
    — Félicitations, monsieur Lareau. C’est une véritable demoiselle, déclara le docteur.
    Ce faisant, il salua cérémonieusement la jeune fille, à l’ancienne mode, portant délicatement sa jolie main gantée à son front.
    Flattée, Marguerite baissa les yeux pour cacher son trouble.
    — Vous êtes charmante, poursuivit le docteur avec amabilité. Une vraie Lareau, blonde comme les filles de mon pays, la Normandie.
    Ce fut au tour de François Lareau d’être embarrassé, dissimulant mal sa fierté. Le docteur qui faisait un compliment sur la beauté de sa fille en la qualifiant de «demoiselle» !
    —Je dois rendre mes devoirs à monsieur de Rouville, fit-il en touchant son chapeau du doigt pour prendre congé.
    Salutations, docteur Talham.
    — Faites, monsieur Lareau, faites. Vous transmettrez mes amitiés à votre épouse, une femme dépareillée, que j’estime.
    — Merci docteur, sans faute que je lui dirai, s’exclama l’habitant.
    Il se retourna pour s’adresser { sa fille.
    — Marguerite, va rejoindre ton oncle et ta tante Boileau.
    Tu les trouveras certainement par là, fit-il en désignant la cour du manoir. J’irai les saluer après avoir vu le notaire de monsieur de Rouville.
    — Permettez
    que
    j’accompagne
    mademoiselle
    Marguerite ? offrit obligeamment Talham. J’irai régler mes propres comptes plus tard.
    Lareau accepta l’honneur avec empressement, assuré que sa fille ne se perdrait pas dans la foule qui envahissait la cour.

    Il se dirigea vers la lourde porte du manoir, son fils sur les talons. A l’intérieur, le notaire Leguay, qui tenait les comptes de la seigneurie de Rouville, attendait les censitaires.
    — Allons donc retrouver vos parents Boileau, fit le docteur Talham à la jeune fille en lui offrant galamment le bras.
    N’ayant guère le choix de refuser sans paraître impolie, Marguerite suivit le médecin, ne sachant trop quelle attitude adopter. Devait-elle glisser son bras sous celui du docteur ou poser sa main sur son avant-bras ? Tout le monde allait la remarquer, d’autant que le docteur était veuf et que chacun savait qu’il pleurait encore son épouse, morte depuis des années. La situation embarrassait la jeune fille pressée de retrouver ses cousines, mais ne voulant pas que celles-ci la découvrent au bras du «vieux docteur», surtout Sophie, qui ne manquerait pas de se moquer d’elle.
    Pourtant, dans la paroisse, on appréciait beaucoup le docteur Talham.

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