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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Marguerite en observant Alexandre.
    Elle souhaitait être seule avec son mari. Elle fit signe à Charlotte de sortir en amenant l’enfant avec elle.
    — Charlotte, je m’occupe de servir le déjeuner { monsieur.
    Prends Melchior avec toi. J’irai te rejoindre plus tard.
    Aujourd’hui, nous devons terminer le repassage du linge, ordonna-t-elle avant de se retourner vers lui. Que diriez-vous d’une omelette et du pain avec de la confiture ?
    — Bien volontiers, répondit Alexandre en se massant la nuque, préoccupé.
    Il devinait que Marguerite ne le laisserait pas tranquille tant qu’il ne lui aurait pas raconté ce qui s’était passé chez les Ferrière. Inévitablement, les rumeurs les plus farfelues circuleraient au village pour mieux inquiéter Marguerite.
    Charlotte en serait terrifiée. Le docteur avait appris que mieux valait la vérité, ou une partie de la vérité sans révéler trop de détails, plutôt que le silence qui provoquait souvent les pires catastrophes.
    Au début de leur mariage, il évitait de relater les événements de la journée à son épouse afin de lui épargner des récits paifois sordides ou répugnants. Mais c’était sans compter la curiosité de Marguerite. Intriguée par cette profession vouée aux soins des autres, elle avait pris l’habitude de le questionner le soir. Alexandre appréciait l’intérêt que lui portait sa «chère petite femme». Il lui arrivait parfois de servir les patients de son mari. Rien d’extraordinaire. Mais il y avait les cas habituels, « les abonnements »
    comme disait Alexandre, qui se plaignaient invariablement des mêmes maux. Marguerite connaissait désormais les ingrédients et le dosage exact pour composer la potion destinée à soulager les rhumatismes des demoiselles de Niverville.
    Ces
    dames
    pouvaient
    envoyer
    sans
    prévenir
    leur
    domestique quérir le «remède des demoiselles». Pour ce faire, leur petite bonne parcourait une longue lieue à pied et le docteur préférait que Marguerite fabrique elle-même la potion pour la remettre à la jeune fille.
    — Madame Ferrière est tirée d’affaire, pour l’instant, expliqua Alexandre avant de s’attaquer { son repas. Mais je crains qu’elle ne puisse remonter la pente. Son rétablissement sera très long.
    — Alexandre, je veux la vérité, exigea Marguerite. Inutile de me la cacher, je le saurai de toute manière. Charlotte est incapable de se taire lorsque les langues se font aller dans la paroisse. Pensez-vous qu’elle va mourir ?
    — Je ne sais pas, Marguerite. Les prochains jours seront décisifs. L’accouchement a duré trop longtemps pour une femme de cet âge et cette pauvre madame Ferrière n’avait plus de force pour expulser l’arrière-faix. Je crains les fièvres des accouchées.
    Marguerite écoutait son mari, bouleversée. Talham savait bien ce qui la tourmentait. Rares étaient celles qui attrapaient ces fièvres et s’en sortaient vivantes.
    Il lui tapota gentiment la main.

    — Tu n’as rien { craindre. Tu es jeune et en bonne santé.
    Tes deux accouchements se sont très bien déroulés et ce sera la même chose pour celui-ci. Rappelle-toi ce que ta mère te disait hier.
    — Je sais, Alexandre, mais bien des mères survivent à leur fille. Ma tante Elisabeth, la sœur aînée de ma mère, est morte bien avant grand-mère Sachet.
    — Mais ta tante n’attendait pas d’enfant lorsqu’elle est morte. D’après ce qu’on m’a rapporté, c’était ce qu’on appelle de nos jours une péritonite. C’est cela qui a aussi emporté Julie Sabatté, il y a quelques années.
    Marguerite savait. Alexandre le lui avait répété plusieurs fois. Mais ce qui se passait { l’intérieur du corps était si mystérieux. Même les médecins ne pouvaient voir ces blessures invisibles qui se formaient, sans qu’on en sache la cause, bien souvent. Des maux qu’aucune potion ne guérissait.
    — Rien n’est plus naturel que la naissance, ma petite fleur. Tu verras. Ton enfant sera le plus beau jamais né dans la paroisse.
    — Notre enfant, Alexandre, lui rappela tendrement Marguerite.

    *****
    Les trois hommes étaient réunis dans le cabinet de Monsieur Boileau. Ce dernier avait fait allumer le poêle pour chasser l’humidité et le froid. Il tendit un verre au docteur Talham avant de remplir le sien. René préférait fumer et bourrait sa pipe. Les deux Boileau attendaient que le docteur parle.
    — J’ai reçu ceci, il y a deux jours, du docteur

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