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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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serait au plus mal.
    — Entrez donc, la bonne femme, dit Talham. Je vais chercher mon coffre. Marguerite, demande à Baptiste d’atteler.
    Talham se rendit rapidement dans Papothicairerie et en ressortit avec un coffret en acajou qui pouvait contenir tous ses instruments, espérant toutefois ne pas avoir { s’en servir.
    Il vérifia le contenu de sa petite armoire portative de remèdes remplie de flacons de poudre. Pendant ce temps, l’engagé avait attelé la calèche. Il sortit avec la Stébenne, laissant là Marguerite et Victoire. Le nez écrasé sur un carreau, les enfants agitèrent leur menotte en guise d’au revoir.

    *****
Victoire et Appoline étaient reparties. Noël, le frère de Marguerite, était venu les reprendre dans la matinée.
    Charlotte, frileuse, avait allumé presque tous les feux de la maison. Octobre était froid, et Alexandre n’était toujours pas revenu. Marguerite relisait une lettre de Rosalie Papineau.

    À Madame Alexandre Talham, Chambly.
    Ma chère Marguerite, vos lettres sont devenues aussi rares que vos visites, à tel point que si je veux vous voir, je devrais prendre les grands moyens! Je songe à passer par Chambly la prochaine fois que je rendrai visite à ma parenté de Saint-Denis.
    Ce sera un long voyage, mais au moins, j’aurai le plaisir de serrer le petit Melchior dans mes bras. C’est un petit bonhomme si charmant, on a envie de le croquer! Je vous souhaite d’être une nouvelle accouchée heureuse avec un enfant bien gras et plein de santé. Pour lui porter chance, voici un modèle de bonnet que m’a donné une amie. Il faut prendre la mesure de la tête de l’enfant, faire six pointes qui se joignent sur le dessus et terminer par un bouton. Chaque pointe est garnie d’un petit cordonnet de soie et, autour du chapeau, il y a une petite bande, large d’un pouce, de la même étoffe que le chapeau. Il ne reste qu’{ faire une cocarde sur le côté, pour l’agrémenter. Charmant, n’est-ce pas? Je termine ici. Mon cousin Viger se rend à Chambly chez le notaire Boileau et veut bien se charger d'être mon messager. Je le soup-
    çonne de prendre plaisir à saluer la jolie madame Talham de Chambly. Je vous laisse pour un devoir de société: on m'attend pour le thé.
    Distribuez tous mes compliments à mes connaissances de Chambly. R.P.

    Marguerite souriait. Au-delà des mots, elle entendait la voix joyeuse de Rosalie, toujours affairée à mille et une occupations. En apportant la lettre, le messager de mademoiselle Papineau, Louis-Michel Viger, aimable comme toujours, avait accepté avec grâce l’invitation { prendre le thé, ce qui avait permis à Marguerite de sortir sa jolie théière de porcelaine. Et Charlotte, devenue la servante la plus empressée du monde, n’avait perdu aucune occasion d’admirer le «beau monsieur Viger» en venant offrir des gâteaux, trois fois plutôt qu’une, avec force de révérences, ce qui avait fait sourire Emmélie lorsque Marguerite le lui avait raconté.
    La lettre accompagnait un paquet dans lequel elle avait trouvé deux aulnes de belle flanelle et un petit hochet. Elle s’installa { la table de l’apothicairerie, devant l’écritoire, et en retira un feuillet pas trop grand. Elle trempa une plume dans l’encrier. Si Marguerite avait la chance de savoir écrire, elle utilisait rarement ce talent. Mais les missives de la demoiselle Papineau étaient si amusantes qu’elle s’efforçait de lui répondre. Elle s’appliqua, formant des lettres maladroites, mais bien lisibles. «Mademoiselle Papineau n’est pas du genre à se formaliser», se disait-elle, sachant que cette dernière appréciait tout autant qu’elle leurs échanges épistolaires. Elle se promit d’être plus fidèle, ce qui lui permettrait d’exercer plus souvent sa main d’écriture.

    Chambly, ce 28 octobre, 1806
    Chère Mademoiselle Papineau,
    C'est toujours avec grand plaisir que je reçois de vos nouvelles.
    J'en profite pour vous écrire aujourd'hui, je me mis bien installée pour ce faire et comme je bouge de plus en plus difficilement, je resterai en place tant que je n'aurai pas terminé ma lettre. Votre enthousiasme à mon endroit m'encourage. Mon mari est parti aider la sage-femme ; il s'agit de madame Ferrière, la femme du capitaine de milice, une dame de Chambly dont les couches s'annoncent difficiles. Je suis effrayée à la pensée de cette pauvre femme qui souffre abominablement. Dans mon cas, d'ici deux ou trois semaines,

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