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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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chaise.
    — N’est-ce pas là un de vos habitués ? demanda Boileau d’un ton narquois.
    — Un habitué, comme vous dites, notaire, un habitué qui parfois donne de curieux rendez-vous à des personnages peu recommandables, lança Bunker sur un ton étrange. Au début du mois de juin, notamment. Quelqu’un de la haute, comme je vous le disais tantôt.
    Puis l’hôtelier se leva, laissant son client complètement ahuri assimiler ce qu’il venait d’apprendre.
    René était estomaqué par les révélations de Bunker.
    Rouville ? Il le savait hâbleur et débauché. Mais il appartenait tout de même à la plus noble famille de la région. Il se leva. Il n’avait plus rien { faire l{ et il lui fallait du calme pour réfléchir. Bunker n’avait rien affirmé, il n’avait parlé que par sous-entendus. Mais Rouville quittait sa table et s’approcha en tirant une chaise, l’air déterminé de quelqu’un qui cherchait noise.
    — Notre tabellion de village au cabaret, c’est du jamais vu, fit Ovide, goguenard.
    — Rouville, toujours aussi aimable, répondit le notaire sans relever l’insulte.
    Traiter un notaire de tabellion mettait en doute son honnêteté. Il préféra ajouter ce mot sur le compte de la méchanceté habituelle de Rouville.
    — Je m’en vais pour ne pas perturber davantage votre soirée, monsieur de Rouville, fit Boileau, calmement.
    — Voyez Bunker, poursuivit cyniquement Ovide en hélant le tavernier. Sous ce masque impassible se cache le grand tombeur de ses dames. Même ma propre sœur, qui soupire en pensant à notre ténébreux notaire. Heureusement, dans notre famille, nous ne tolérons pas les mésalliances.
    Sa cousine, qui pourtant était folle de lui, disait-on, a épousé le docteur pour son argent. Dites-nous, notaire, comment se porte le petit bâtard de Cendrillon ?
    Le visage de René Boileau se rembrunit.
    — Suffit, Rouville. Gardez vos insultes, sinon je serai dans l’obligation de vous en demander raison.

    — Messieurs, je vous en prie, intervint alors Bunker.
    — Laissez, Bunker, siffla l’impertinent. J’ai rarement la chance de parler avec ce monsieur et j’ai justement un bon conseil { lui donner. Surveillez vos sœurs de près et tenez-les loin de la Talham! Une belle ribaude, celle-là !
    Boileau frémit sous l’injure et serra les poings. Il allait corriger ce freluquet qui outrageait en parole les femmes de sa famille.
    — Monsieur de Rouville, je vous demande de vous taire ou de partir, l’intima aussitôt l’hôtelier. Sinon, je vous sors moi-même de mon établissement.
    Il se tourna vers le notaire. «Venez avec moi, monsieur Boileau, fit-il de sa voix la plus aimable. Permettez que je vous reconduise? Laissez, fit-il en interrompant le geste lorsque le notaire voulut déposer une pièce sur la table.
    Vous êtes mon invité. »
    Boileau salua en silence et sortit. Le fils du colonel de Rouville faisait tout pour se faire détester. Hâbleur, paresseux et hargneux, il toisait tout le monde au village. Selon Bunker, il aurait peut-être été impliqué dans l’incendie.
    Boileau se demanda de quelle manière. Rouville n’était pas au village ce jour-l{ et il n’avait jamais prêté main-forte lorsqu’on avait déblayé les ruines et bâti l’abri temporaire, alors que le colonel ne s’était pas fait prier pour aider. Même le vieux chevalier de Niverville avait apporté son concours au villageois.
    C’était peut-être lui qui avait payé l’homme de main ?
    Et quel était le rôle de Pétrimoulx dans tout ça? René Boileau ne pouvait imaginer que ces gens aient ourdi pareil complot. Et même si ces suppositions s’avéraient fondées, comment accuser le fils de monsieur de Rouville sans preuve ? Il aurait bien voulu confondre cet être ignoble qui avait osé comparer Marguerite à la dernière des filles de joie. René décida de faire part de ses soupçons au curé Bédard, un homme qui disposait de suffisamment de sagesse pour ne pas se lancer dans des accusations improbables. Le notaire considérait qu’il ne devait pas garder pour lui-même ces renseignements révélateurs.

    *****
    Malgré tous les soins dont l’avait entourée le docteur Talham et la sage-femme Stébenne, Louise Ferrière se mourait. Le curé revenait du faubourg Saint-Jean-Baptiste.
    Il avait confessé et administré la femme du capitaine de milice de Chambly.
    Toussaint tira une chaise près du lit qu’il partageait avec Louise depuis toujours.
    Elle

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