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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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mère, tout se passera bien.
    D’ailleurs, voulez-vous me dire comment vous auriez pu empêcher madame Bresse de venir ? Vous savez bien que père nous reviendra avec une dizaine d’invités imprévus.
    Ne vous inquiétez de rien, Sophie et moi, nous nous char-geons de tout.

Sophie approuva.
    — Vous nous connaissez, mère. Des jupons en passant par les rubans, tout sera blanc et impeccablement repassé.
    Demain, il n’y aura plus une seule tache sur les tabliers, les vestes des messieurs seront bien brossées et même Zoé sera tirée { quatre épingles. La vaisselle et l’argenterie reluiront sur les tables recouvertes de nappes immaculées. Faites-nous confiance, ajouta-t-elle en souriant affectueusement à sa mère. Zoé aussi aura des tâches.

    Les deux sœurs serrèrent { tour de rôle leur mère dans leur bras. Ce flot de tendresse réconforta la dame qui savait qu’elle pouvait se fier {-ses deux grandes. Puis, Emmélie retira son tablier qu’elle accrocha à un clou du mur de la cuisine, se coiffa de sa capeline d’été et sortit.

    *****
    Monsieur Boileau avait choisi de se rendre en premier lieu au presbytère. Marie-Josèphe était assise { prendre l’air sur la galerie, une boîte { ouvrage posée près d’elle. Elle reprisait les aubes fraîchement lavées de son frère avant de les envoyer au repassage. En apercevant le bourgeois, son visage s’éclaira d’un sourire joyeux. Son large chapeau de paille orné de rubans bordeaux protégeait son teint de blonde des ardeurs du soleil. Elle portait une jolie robe d’indienne bleue qui s’harmonisait avec ses yeux et un tablier Sien propre. Monsieur Boileau lui rendit son sourire.
    « Quelle jolie fille ! songea-t-il en la contemplant. La taille gracieuse et fine, le visage avenant et d’excellente famille, par-dessus le marché. Certes, elle ferait une parfaite épouse pour mon fils qui est un aveugle ou un sot ! »
    — Quel plaisir, Monsieur Boileau, s’exclama la jeune fille à la vue du bourgeois. Je crois que mon frère a une excellente nouvelle à vous annoncer. Je cours le chercher.
    Quelques minutes plus tard, le curé apparut à son tour sur la galerie du presbytère.
    — Alors Boileau, que me vaut l’honneur d’être dérangé pendant que je termine mon sermon? le bourassa le curé.
    — Je viens vous rappeler que vous êtes notre hôte, demain midi, après la messe, avec mademoiselle votre sœur, bien entendu.

    — Je suis au courant. C’est pour cela que vous venez m’importuner ?
    Le curé lui tourna le dos pour rebrousser chemin si vite qu’il faillit s’empêtrer dans sa soutane.
    — Jean-Baptiste, tu n’aurais pas une nouvelle { annoncer à ton meilleur paroissien? dit Marie-Josèphe, qui devait parfois rappeler son frère { l’ordre.
    — C’est vrai ! fit le curé. Acceptez mes excuses, Boileau, mais lorsque j’en suis à parfaire mes phrases et à vérifier mes effets de rhétorique, ma concentration est telle que j’ai de la difficulté { m’en extraire.
    — C’est moi qui regrette, s’excusa { son tour le bourgeois. Mais on vient de me chasser de chez moi.
    — Chasser ? l’interrompit dans un sourire la demoiselle Bédard, qui n’était pas dupe.
    Elle savait combien un homme pouvait être de trop dans une maison lorsque les femmes s’affairaient.
    — Oui, répondit Monsieur Boileau, piteux. Je gêne, m’a-t-on bien fait savoir. Alors, je viens gêner ailleurs. Mais dites-moi votre nouvelle, curé.
    Tel le Christ transfiguré, le visage de messire Bédard s’illumina.
    — Janot Lafleur apportera la nouvelle cloche de Montréal lundi, au plus tard mardi. Messire Robitaille de Pointe-Olivier viendra la bénir mercredi.
    — Que ne le disiez-vous ! s’exclama le bourgeois en se frottant les mains. Mais c’est une nouvelle extraordinaire ! Certainement la meilleure à Chambly depuis plus d’un an.
    — N’est-ce pas ? fit à son tour Marie-Josèphe, enthousiasmée. Vous verrez que cette cloche ravivera l’espoir au village.

    — Puissiez-vous avoir raison, mademoiselle, fit Monsieur Boileau en brandissant sa canne au ciel. Celui-là nous a assez éprouvés.
    — Boileau ! gronda le curé. Vous devrez vous confesser de ce blasphème.
    — S’il le faut, messire Bédard, s’il le faut! se repentit joyeusement Boileau. Rappelez-le-moi en temps opportun.
    Je vous laisse, je cours chez Talham lui porter la bonne nouvelle.
    Il remit son chapeau et repartit non sans avoir rappelé au curé et {

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