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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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grandes démonstrations.
    — Mon oncle, mon oncle, est-ce que Zoé est avec vous?
    Boileau se pencha vers le garçonnet pour l’embrasser. Il fit mine de mettre sa main dans sa poche. Melchior, qui connaissait le jeu, tendit la main. Boileau lui remit solennellement un bâton de sucre d’orge, comme s’il était un grand personnage. Le gamin regarda le bonbon avec des yeux attendrissants, ce qui fit rire le bourgeois.
    — Ah ! mon gaillard, tu sais ce que tu veux.
    — Bonjour mon oncle, le salua Marguerite. Vous allez nous le gâter, protesta-t-elle tandis que Boileau lui plantait deux baisers sonores sur les joues, puis sur les lèvres.
    — Ma belle nièce ! s’exclama-t-il en contemplant la jeune mère de famille. Cette nouvelle maternité te va si bien. Allons, Talham, avouez que vous êtes un homme heureux !
    — Grâce à vous, Boileau, reconnut le docteur, grâce à vous. Vous avez ma reconnaissance éternelle et, pour cela, je vous offre un verre de limonade bien fraîche.
    Il faisait si chaud que Marguerite avait sacrifié un peu de la glace de la glacière de pierres, à moitié enfouie sous terre, près de la maison, pour la concasser et l’ajouter au rafraî-
    chissement. Le breuvage était divinement désaltérant.
    — Bonne idée, fit le bourgeois en prenant la chaise que lui offrait le docteur. Et mon autre neveu, le filleul de mon fils, où est-il ? Est-il bien gras ?
    — Je vous assure qu’il l’est, mon oncle, mais comme Eugène dort, nous en profitons pour prendre la fraîche.

    Que pensez-vous de notre potager ? Ce prunier ne donne pas de fruits. Et nos pommiers font pitié.
    — Eh bien, ma nièce, pour ce qui est de ton prunier, je dirais qu’il t’en faut un deuxième pour obtenir une récolte.
    Quant aux pommiers. . Hum !
    Il s’approcha des arbres avec Marguerite et Talham.
    — Je vous enverrai mon jardinier pour qu’il traite vos arbres. Mais vous aurez tout de même des fruits, fit-il en désignant les pommettes.
    — Comme ça, votre femme vous a mis dehors ?
    Marguerite riait. Monsieur Boileau prit un air renfrogné.
    — Comment le savez-vous? La rumeur est allée plus vite que moi ?
    — C’est que nous vous connaissons bien, mon oncle.
    — Que diriez-vous si nous examinions ensemble les partitions ? devina Talham.
    — Par Jupiter! Je n’ai même plus besoin d’ouvrir la bouche, mes désirs sont devancés. Au fait, Emmélie exige que vous apportiez cette charmante bourrée de Lully que vous nous avez jouée l’autre jour. Elle vous accompagnera à notre petit clavecin.
    — J’en serai honoré. Vous savez que Jean-Baptiste Lully était un grand violoniste. C’est lui qui a popularisé cet instrument à la cour de France. Et surtout, rappelez-vous de demander à Bédard de toucher aussi le clavecin, sinon, il ne vous le pardonnera jamais. J’apporterai quelques partitions de Jean-Philippe Rameau. Il aime beaucoup ce compositeur.
    — Et
    nous
    ferons
    chanter
    mademoiselle
    Bédard,
    approuva le bourgeois.
    — Oh ! oui, il le faut ! Elle a une si jolie voix, dit Marguerite.
    J’espère que tout se passera bien. Mon oncle, ce sera une fête inoubliable. J’ai déj{ hâte d’y être !

    *****
    Le lendemain, il faisait si beau qu’on se décida { dresser les tables dehors, sous les arbres du jardin, mais suffisamment près de la cuisine pour que le service ne soit pas perturbé outre mesure. Il y avait tant de monde à placer
    { table qu’il avait fallu plusieurs tréteaux sur lesquels on avait posé de grandes planches. Les longues nappes de lin dissimulaient l’installation. Les enfants mangeraient sur l’herbe, sur de vieilles courtepointes posées { même le sol.
    Les deux demoiselles Boileau avaient fait le sacrifice de la grand-messe. Ce n’était pas une grosse pénitence d’assister { la messe basse au petit matin, puisqu’au retour, le soleil brillait magnifiquement dans un ciel parfaitement bleu. Qui avait envie d’aller s’enfermer au milieu de l’avant-midi dans un hangar-église? L’essentiel était de ne pas manquer l’office divin.
    Une fois leur devoir religieux accompli, les jeunes filles avaient été libres de mettre la dernière main aux préparatifs pendant que leur mère accompagnait son mari à la grand-messe. Les heures de l’avant-midi avaient été employées à orner les arbres de lanternes et de rubans colorés. Des chaises et des petites tables décorées de nombreux bouquets et disposées aux meilleurs endroits

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