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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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complétaient ce bel arrangement qui ravissait le regard. Sophie avait dévalisé le voisinage et des charrettes chargées de chaises étaient arrivées la veille, pour aider à meubler le jardin.
    Le dîner prenait les airs d’un pique-nique champêtre digne de celui des Boucher de la Brocquerie - des notables de Boucherville réputés pour leurs réceptions -, au grand plaisir de la cadette des Boileau, l’instigatrice de cette excellente idée.
    Lorsque tout fut en place, les deux sœurs contemplèrent leur œuvre avec satisfaction.
    — Bravo, mesdemoiselles !
    Le compliment venait de leur frère, le notaire René Boileau, revenu de la grand-messe avec leurs parents et la petite Zoé. Les jeunes gens échangèrent des sourires complices. Arrivés { l’âge adulte, les trois Boileau avaient conservé intacte
    la
    tendre
    entente
    qui
    les
    liait
    depuis
    l’enfance et, { huit ans, Zoé avait droit { toute l’affection de ses aînés. Ils formaient ensemble une fraternité harmonieuse, et bien mal avisé celui qui aurait voulu s’en prendre
    { l’un deux. Vingt ans séparaient René de la benjamine. A vingt-huit ans, le notaire Boileau semblait avoir épousé le célibat, aucune jeune fille n’ayant retenu suffisamment son attention pour qu’il songe { en faire une épouse. C’était aussi vrai pour Emmélie, qui venait d’avoir vingt-trois ans.
    La sérieuse jeune fille ne songeait pas encore au mariage.
    Mais Sophie, avec ses vingt et un ans qui approchaient, attendait désormais que le prétendant de ses rêves se pré-
    sente à sa porte. Ce qui ne saurait tarder, elle en était persuadée, même si elle n’avait pour l’instant aucun indice lui révélant le nom de l’heureux élu. La plus jolie des filles de Monsieur Boileau avait une réputation de beauté { l’égale de la luxuriante région de la rivière Chambly.
    Avant que les invités ne fassent leur apparition, les filles filèrent vite dans la maison afin de revêtir leurs belles toilettes pendant que père et fils profitaient de l’accalmie pour fumer une pipe sous les arbres. Zoé fut prête la première.

    — Regardez, père, s’écria-t-elle joyeusement en faisant tourner sa courte robe et ses deux nattes, j’ai un vrai bonnet de dame.
    Sophie s’était en effet amusée { confectionner { sa sœur une coiffure de rubans de mousseline. Les deux hommes sourirent { l’enfant. Une onde bienfaisante envahit subitement Monsieur Boileau, comblé par la joie que lui apportait sa famille. Un sentiment de parfaite plénitude. Il n’en profita qu’un court moment, puisqu’un élégant défilé de calèches s’avançait sur l’allée d’ormes, annonçant l’arrivée des invités à la maison rouge.
    Les deux hommes se levèrent pour aller accueillir les nouveaux venus, saluant les hommes et baisant la main des dames, toutes plus charmantes les unes que les autres, très coquettes dans leur toilette de teintes pastel et leurs ombrelles gracieuses. Tous saluèrent l’idée de ce dîner en plein air dans un décor pastoral.

    *****
    On servit enfin les premiers rafraîchissements. Telle une nymphe, Sophie déambulait dans le jardin, ravissante comme toujours, jouant délicatement de son ombrelle assortie { une élégante robe couleur vert d’eau.
    Elle se laissait courtiser par Ovide de Rouville pendant qu’Emmélie, responsable du bon déroulement de la journée, veillait à ce que tout se passe bien en donnant les ordres nécessaires, libérant sa mère de cette contraignante obligation. A l’exemple de sa sœur, l’aînée des Boileau avait délaissé ses habituelles tenues foncées pour une robe de légère cotonnade jaune pâle ornée de fines broderies, qui mettait en valeur son teint de brune. Un châle de fine soie et une ombrelle empruntée { sa sœur complétaient l’ensemble. Les femmes agitaient leurs éventails et, malgré la fraîcheur que procuraient les arbres du jardin, la plupart avaient retiré leur chapeau, prétexte charmant pour que les messieurs admirent les jolies bouclettes qui agrémentaient leur chignon en encadrant mignonnement leur visage, comme le voulait la nouvelle mode. Même les demoiselles de Niverville se pavanaient, fières de leurs robes retaillées suivant les derniers critères en vigueur, une ligne droite, mais légèrement évasée. « Sacrelotte, se dit Monsieur Boileau en contemplant le charmant tableau de son jardin.
    Comme les femmes sont jolies aujourd’hui ! » Les messieurs ne

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