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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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sa sœur qu’ils étaient attendus demain, après la grand-messe.

    *****
    Chez Françoise Bresse, Emmélie accepta une tasse de thé.
    «A force d’en boire des tasses et des tasses, se dit-elle, je finirai par détester cette boisson. »
    Françoise était très excitée. Sa famille, invitée à dîner avec la baronne ! C’était un événement dont elle se rappel-lerait longtemps.
    — Ma chère Emmélie, c’est trop d’honneur, j’en suis tout émue. Joseph, mon mari, me dit que madame de Longueuil est aussi la seigneuresse de Belœil. C’est une bien grande dame !
    — Assurément, approuva Emmélie. Et elle est aussi celle de Pierreville. Son deuxième époux, David Alexander Grant, est mort l’année dernière, mais il l’aurait laissée avec une multitude de problèmes. J’ai appris que des censitaires la poursuivaient. On dit que monsieur Grant aurait vendu des terres à bois plutôt que de les concéder, ce qui est illégal.
    — Il faudrait qu’elle se confie { mon mari, fit sérieusement Françoise. Vous savez à quel point monsieur Bresse est doué pour les affaires, il lui sera de bon conseil.
    « Dans deux jours, madame Bresse soutiendra à qui veut l’entendre que madame Grant est venue { Chambly exprès pour consulter son cher époux», se dit Emmélie en admirant la faculté de Françoise à transformer le moindre événement à son avantage. Elle excellait à chanter les vertus de monsieur Bresse. Mais, après tout, n’était-ce pas le rôle d’une femme que d’être l’ambassadrice de son mari?
    — Encore un peu de thé, ma chère ?
    — Non, merci, madame Bresse, répondit aimablement Emmélie, songeant que son frère pourrait lui aussi conseiller madame de Longueuil ; cela lui ferait une belle réputation.
    Elle s’excusa de devoir partir sans prendre le temps de saluer Clémence et Agathe.
    — Il y a tant à faire chez nous avant demain. Je venais pour emprunter les services de votre Perrine jusqu’{ demain.
    Elle est la seule qui peut travailler sous les ordres d’Ursule sans que celle-ci ne menace à tout bout de champ de rendre son tablier.
    Une menace qui était sans grand danger. Où irait la cuisinière si elle quittait la maison des Boileau ? Il y avait si longtemps qu’elle était { leur service qu’Emmélie ne lui connaissait aucune famille. Mais elle entrait toujours dans le jeu d’Ursule, sachant que cela lui conférait de l’importance. Et puis, dans le fond, malgré son caractère irascible, Ursule demeurait indispensable. «Je n’aimerais pas avoir {
    la remplacer», constata la jeune fille.
    Françoise Bresse était ravie de rendre ce service à madame de Gannes de Falaise. Elle s’en voulait même de ne pas l’avoir proposé elle-même.
    — Croyez-vous qu’elle puisse venir deux jours ?
    — Mais oui. Je lui dis de préparer tout de suite son paquet et d’aller rejoindre Ursule. Je m’arrangerai, vous verrez. Mes sœurs sont assez vieilles pour aider. [ seize ans, Clémence est capable de s’occuper des repas avec moi. Vous savez qu’Agathe a déj{ quatorze ans. Demain, elle étrennera sa première robe de jeune fille.
    — Sauf qu’elle devra malheureusement dîner avec les enfants, fit Emmélie qui comptait mentalement le nombre d’invités. J’espère qu’elle ne sera pas trop déçue.
    — Mais non, la rassura madame Bresse, qui entendait déj{ les protestations de sa jeune sœur.
    Emmélie comprit qu’Agathe ferait la vie dure { Françoise pour cette atteinte à son orgueil de fillette sortant de l’enfance qui arrivait au royaume des grands. Elle s’appliquait {
    devenir une jeune fille accomplie en essayant d’imiter les demoiselles Boileau. Ce qui ne se passait pas sans heurts pénibles pour la famille. Car cette petite peste d’Agathe était capricieuse et pouvait rendre la vie impossible { sa sœur en un tour de main. Sachant cela, Emmélie dit :
    — Merci, chère madame Bresse, de nous rendre cet inestimable service. Nous installerons Agathe avec nous, rassurez-vous. N’oubliez pas, nous vous attendons demain midi, après la grand-messe.

    *****
En quittant le presbytère, Monsieur Boileau se rendit chez les Talham, qu’il trouva installés dehors, prenant le frais en famille, au jardin, { l’ombre des pommiers. Melchior jouait avec l’oiseau en cage qu’on avait sorti de la maison.
    « C’est curieux comme cet enfant me fait penser { quelqu’un», se dit le bourgeois en observant le petit qui l’accueillait avec de

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