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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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plaisanterie permit d’oublier un moment les malheurs des dernières semaines.
    Les deux hommes pénétrèrent dans la chaleur bienfaisante du presbytère.

    *****
Dès que son frère eut franchi le seuil du presbytère, Marie-Josèphe se précipita dans ses bras en sanglotant. Ce geste inhabituel de la part d’une jeune femme généralement très réservée dans l’expression de ses émotions cloua Jean-Baptiste Bédard sur place, empêchant Talham, qui était derrière lui, d’entrer, laissant la porte grande ouverte.
    Dehors, pieds glacés et vêtements trempés, le docteur grelottait pendant que la pluie tambourinait sur le toit de tôle dans un chant lugubre.
    Marie-Josèphe se décida enfin à laisser entrer les deux hommes qui découvrirent, étonnés, qu’ils étaient attendus.
    Messieurs Boileau et Bresse, le visage dévasté, attendaient le retour du curé depuis plusieurs heures. Les yeux rougis de Bresse révélaient un drame terrible. Talham et Bédard restèrent figés, comme dans l’attente du choc d’une nouvelle de maladie ou de deuil. «Pas un autre ! » pensèrent-ils.
    — Ma foi du bon Dieu ! s’exclama le curé, trop fourbu pour éprouver ne fut-ce qu’une bribe de sympathie.

    Permettez-nous d’entrer et de nous débourber, nous sommes éreintés.
    Bresse et Boileau n’avaient pas encore prononcé un mot.
    — Ne me dites pas que l’épidémie. . demanda avec inquiétude le docteur qui ne pensait qu’en terme de maladie.
    Vos épouses ? Vos filles ?
    — Il s’agit d’Agathe ! coupa brusquement Boileau.
    — La jeune fille est malade ? interrogea Talham en se tournant vers Bresse.
    — Non, répondit enfin ce dernier d’une voix étranglée.
    Alarmé, le docteur risqua :
    — Morte ?
    — Pire.
    — Pire ? Mais à la fin, Bresse, expliquez-nous, s’exaspéra le docteur à bout de nerfs.
    L’épuisement lui faisait perdre patience.
    — Elle a été enlevée, laissa tomber Boileau.
    Cette révélation déclencha un nouveau signe de croix chez Marie-Josèphe.
    — Enlevée ?
    — Ma foi du bon Dieu ! s’exclama le curé en se signant à son tour.
    — Mais comment?
    — C’est l’œuvre de ce satané lieutenant ! rugit Boileau.
    — Et où est-elle ?
    — Au fort.
    — Mais que pouvons-nous faire ?
    — Rien pour ce soir, répondit Bresse qui avait laissé Boileau répondre pour lui. Je me suis déjà présenté, mais on m’a ri au nez.
    Le docteur, devinant que la suite du récit requer-rait esprits clairs et réflexion, interrompit de suite la conversation.
    — Puisque personne n’est encore mort, installons-nous d’abord plus confortablement. Comprenez, mes amis, que nous sommes épuisés. Messire Bédard, allez immédiatement vous changer avant d’attraper mal. Passez des vêtements secs, c’est un ordre formel de votre médecin. Nous vous attendrons dans votre petit cabinet. Pendant ce temps, je vais { la cuisine aider votre sœur { nous servir quelque chose de chaud. Quoi qu’il en soit et quoi qu’il advienne, paroissiens et malades ont besoin d’un curé et d’un docteur en santé. Ensuite, nous aviserons.
    Harassé, le curé obéit sans rouspéter. Il réapparut quelques minutes plus tard vêtu d’un pantalon de ville, d’une chemise et d’une veste brodée avec art, cadeau de sa sœur attentionnée. Ses deux soutanes étaient ou sale ou trempée.
    C’était la première fois que les trois hommes le voyaient habillé ainsi, découvrant dans leur curé un assez bel homme d’âge moyen au physique harmonieux. Cette taille bien prise et ce corps bien bâti avaient peut-être fait frémir quelques jeunes filles, autrefois, se dit Talham en observant l’homme plutôt que le curé.
    Lorsque tous frirent assis autour du poêle dans le petit cabinet, un bol de bouillon chaud entre les mains, Bresse narra d’un ton funeste ce qui s’était passé en début de soirée.
    — Lorsque j’y repense, tout cela était si prévisible, avoua-t-il en balbutiant. Nous avions pourtant pris toutes les mesures et précautions
    nécessaires
    pour
    éloigner
    cet
    homme de nos filles. Et malgré cela, en plein cœur de l’après-dîner, ce diable de lieutenant Me Ghie a réussi à faire passer un message { Agathe par l’intermédiaire de l’homme engagé, que l’infâme avait soudoyé en lui offrant une forte somme. L’homme l’a remis { Clémence qui, au lieu de venir nous apporter le billet maudit, l’a remis {
    Agathe. Le libertin lui donnait rendez-vous et la

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