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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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outre mesure, le calma le docteur. Expliquez-nous plutôt ce qui vous amène.
    — Pourquoi Lareau et sa femme ne se présentent-ils pas eux-mêmes pour m’en parler? demanda en effet le curé.
    — C’est qu’il y a quelques petits détails { régler auparavant, reprit le bourgeois en hésitant, qui s’en voulait d’avoir perdu sa belle assurance. Certains faits dont je dois préala-blement vous faire part.
    — Des faits ?
    — Oui, c’est cela. Des faits dont nous devons discuter.
    La famille m’a délégué pour vous les exposer.
    — Je ne veux pas me mêler de vos histoires de famille, interrompit alors Talham en se levant. Permettez que je me retire, j’ai des remèdes { préparer, des visites { faire.

    — Non, restez, je vous en prie, insista Boileau, suppliant, le forçant presque à se rassoir.
    — Que de mystère ! s’exclama le curé. Allez donc droit au but, Boileau. A force de tergiverser, vous nous noyez dans un flot de paroles inutiles qui nous font dire des hypothèses invraisemblables.
    Le bourgeois baissa naturellement le ton de sa voix, démontrant la gravité de l’affaire. Il murmura presque en annonçant :
    — Mademoiselle Lareau, ma jeune nièce,
    a. . la
    maladie.
    — Vous voulez dire qu’elle est enceinte ? s’informa Talham, qui aimait la précision.
    Il détestait cet euphémisme généralement employé pour désigner la grossesse. Rien de plus naturel pour une femme que d’attendre un enfant ! Ce n’était pas une maladie, même s’il arrivait parfois qu’une naissance donne lieu {
    une tragédie. Trop souvent alors, il fallait opérer la pauvre femme { moitié morte pour tenter de libérer l’enfant en espérant le sauver. Ce qui n’arrivait jamais, ni pour la mère ni pour l’enfant, et les deux se retrouvaient au cimetière.
    Mais pour l’heure, ce n’était pas ce genre de danger qu’appréhendait le prêtre, l’air aussi horrifié que si Satan lui-même était venu lui annoncer la nouvelle.
    — C’est bien de la fille des Lareau de la Petite Rivière dont vous parlez ?
    Boileau acquiesça gravement.
    — Je ne peux y croire ! s’exclama le curé, rempli d’indignation. Ses pauvres parents doivent être mortifiés. Quelle ingratitude de la part de leur fille !
    — C’est assurément une terrible nouvelle, dit le docteur en regardant sévèrement le curé. Mais vos propos me semblent exagérés. Ce n’est pas la première fois qu’une telle chose arrive, même dans une excellente famille. Je me rappelle, il y a quelques années, que la demoiselle Louise de Niverville avait épousé le marchand David Lukin le ventre plein.
    Boileau adressa un regard de reconnaissance au docteur, trop heureux qu’il ressorte cette vieille histoire.
    — Docteur, ne soyez pas grossier, je vous prie, le réprimanda le curé.
    — Et une fois le mariage célébré, plus personne n’en a parlé, renchérit le bourgeois sans tenir compte de la remarque du curé. C’est pourquoi il faut rapidement la marier.
    — Certes, convint le docteur. C’est toujours la meilleure solution pour faire taire le scandale.
    — Mais qu’attendez-vous pour révéler le nom du père que je tance le jeune vaurien ? demanda le prêtre.
    «Assurément, songea-t-il, ce désastre causera nombre d’ennuis { tous, { commencer par moi-même, curé de la paroisse de la jeune délinquante. Je serai obligé de justifier la demande d’une dispense { l’évêque pour un mariage précipité et il est certain que Monseigneur en profitera pour y aller de quelques remarques désagréables sur la moralité de ma paroisse. »
    — C’est l{ que l’affaire se complique, répondit Boileau le regard vague. Nous ignorons de qui il s’agit. Marguerite demeure muette comme une tombe.
    — Il faut obliger la jeune fille à parler, rétorqua fermement le curé. Elle connaît bien sûr le nom de son galant.
    — Voilà qui est curieux, nota Talham d’un air songeur.
    Il y a anguille sous roche. Dites-moi, Boileau, ne s’agirait-il pas d’une sordide affaire d’agression ? Un viol ?

    Le curé sourcilla à ce mot.
    — C’est juste. Un terrible malheur.. pour nous tous.
    — Je comprends votre position délicate, soutint Talham, un tantinet narquois.
    Le docteur ne doutait pas du sentiment de compassion qui animait le bourgeois, mais il soupçonnait celui-ci d’être surtout motivé par la réputation de sa propre famille qui risquait de se voir ternie par ce mauvais coup du sort.
    — Qui aurait commis

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