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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Vous êtes bien matinal, fit la jeune fille, surprise de voir un visiteur à une heure indue.

    — Et je ne suis pas le seul, { ce que j’entends, répondit Boileau de son sourire le plus aimable pour cacher sa fébrilité.
    — Mon frère et le docteur aiment profiter du moment de répit qui suit la messe du matin pour répéter. A cette heure-là, ils sont rarement dérangés. Mais entrez donc.
    Boileau se secoua les pieds et pénétra dans la grande chambre en retirant sa pelisse et son casque de fourrure. Le curé abandonna le clavier de Pépinette pour accueillir son visiteur tandis que Talham déposait son instrument sur une table.
    — Monsieur Boileau, que nous vaut l’honneur ? salua l’ecclésiastique. Rien de grave?
    Mais en prononçant ces mots, messire Bédard, qui avait l’habitude du confessionnal et des âmes tourmentées, lut sur le visage de son paroissien la nécessité impérieuse de confidences. Il l’invita { le suivre dans le cabinet qu’il réservait aux affaires de la paroisse et à ses méditations. Le docteur aussi avait tout de suite compris qu’il y avait une urgence.
    — Je vous laisse, s’excusa-t-il en faisant mine de partir.
    Boileau supputa rapidement. Devait-il laisser partir le docteur? Dans les circonstances, aussi bien que ce dernier entende également l’histoire qu’il allait raconter au curé.
    — Non, non, je vous en prie, au contraire, restez. Votre avis sur l’affaire qui m’amène sera précieux.
    Le docteur hésita. Il avait rarement vu son ami dans uu tel état d’agitation, et la curiosité l’emporta. Il suivit Boileau dans le cabinet du curé.
    La petite pièce comprenait un joli fauteuil à la capucine installé derrière une table où était posée une vieille écritoire qui datait vraisemblablement du temps de la Nouvelle-France. Dans une bibliothèque, les gros registres paroissiaux recouverts de cuir de veau fin, des livres de piété, un Nouveau Testament écorné, un psautier à dorures et quelques cahiers de musique se côtoyaient. Près de la fenêtre qui faisait face au bassin, le curé avait aménagé un espace pour ses dévotions. Un beau crucifix et une grande image de la Vierge ornaient le mur contre lequel étaient adossés un petit autel et un prie-Dieu lustré { force d’usage. Le prêtre invita les deux hommes { s’asseoir. Talham avisa une vieille mais confortable chaise rembourrée de style Louis XV Monsieur Boileau préféra le beau fauteuil d’acajou Chippendale qui complétait l’ameublement. Le curé alluma le petit poêle dans lequel il venait d’insérer quelques morceaux de bois sec et bientôt, la flambée réchauffa la pièce.
    — Je vous écoute, mon ami, dit-il à Boileau, qui réflé-
    chissait encore sur la manière de présenter les faits.
    — Il s’agit de ma nièce, Marguerite Lareau, expliqua le notable.
    — Votre nièce ? s’étonna le curé.
    Monsieur Boileau ravala pour ne pas perdre sa belle assurance.
    — La famille de Marguerite, en effet, souhaite la marier, mais ce n’est pas exactement cela.
    Le curé regarda Monsieur Boileau d’un air interrogateur. .
    Puis, son visage s’illumina, comme s’il venait de saisir les motifs de la démarche du bourgeois.
    Il s’agit de votre fils, s’exclama-t-il tout joyeux, comme s’il venait de faire une grande découverte. La promesse de mariage entre ces jeunes gens n’était donc pas que vague rumeur? Je m’en réjouis. Bien sûr, il faut une dispense de parenté, mais je vous aiderai. Vous faites bien de commencer dès maintenant les démarches. Je vous félicite sincèrement, dit finalement le curé en serrant le bourgeois dans ses bras sans laisser à Boileau le temps de se ressaisir.
    A mesure que messire Bédard parlait, le visage de Monsieur Boileau se congestionnait. Talham l’observait, amusé, se disant qu’il finirait par exploser. De vagues rumeurs couraient en effet dans la paroisse, propagées sans doute par madame Bresse, { propos de l’inclination des deux cousins. Le docteur se doutait bien qu’il n’y avait rien de vrai, sachant que les parents du jeune homme avaient d’autres ambitions pour leur fils. Le voyage de René visait à Péloigner de sa cousine.
    — Il n’a jamais été question de ce mariage, s’écria Monsieur Boileau en se levant brusquement de sa chaise, hors de lui. Comment pouvez-vous ? Comment osez-vous ?
    Il en balbutiait d’indignation.
    — Allons mon ami, messire Bédard ne voulait pas vous choquer

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