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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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pareille ignominie ? demanda le curé. C’est vrai que la jeune Marguerite est plutôt coquette.
    Boileau, il faut surveiller vos filles de près, prévint-il d’un ton réprobateur en le montrant du doigt comme s’il prêchait la vertu au prône. Voyez où cela mène !
    — Mes filles sont bien élevées, répliqua vivement le bourgeois qui n’était pas venu pour se faire faire la leçon.
    Et Marguerite l’est aussi !
    — Allons, messieurs, cessez donc ces accusations stupides qui ne riment à rien, intervint Talham pour apaiser les deux hommes. Ce n’est pas ainsi que vous trouverez une solution.
    Boileau, qui s’était brusquement levé, se rassit, toujours offusqué. Le silence s’installa.
    Le docteur se leva à son tour pour se dégourdir les jambes. La petite séance musicale du matin l’avait ankylosé et l’annonce de la triste nouvelle lui gâchait tout le plaisir qu’il en avait retiré. Une fraîche jeune fille { peine sortie de l’enfance, c’était navrant. «Bien sûr que la pauvrette est innocente ! » s’insurgea-t-il in petto.
    Tout en s’appuyant sur le rebord de la fenêtre qui donnait sur le chemin du Roi, il se demanda qui était le rustre qui avait forcé Marguerite Lareau. Du presbytère, on apercevait le magasin qui servait d’entrepôt au négociant David Lukin, donnant sur un quai entièrement enseveli sous la neige à cette époque de l’année. Les Lukin avaient déj{ trois enfants.
    — Fort bien, dit-il. Je regrette, messieurs, de ne vous être d’aucune utilité, mais il est temps pour moi de prendre congé.
    — N’en faites rien, le pria { son tour le curé. Nous ne sommes pas trop de trois pour trouver une issue à cette épouvantable situation, et votre expérience du cœur des hommes sera utile.
    — Le curé a raison. J’insiste, ajouta Boileau.
    — Puisque c’est ainsi, dit Talham en se rasseyant, racontez-nous tout ce que vous savez, Boileau. Qui sait?
    Un détail qui vous aura échappé nous conduira peut-être vers le maraud.
    Monsieur Boileau révéla alors ce que Victoire lui avait confié une heure auparavant et pourquoi il en avait déduit que le crime était arrivé le jour de la Saint-Martin. Il y ajouta un incident rapporté par Emmélie ce même jour. Un cheval de l’écurie de Rouville aurait pris le mors aux dents et blessé Marguerite, qui était restée enfermée deux jours dans la chambre des filles avant de réapparaître à la table des Boileau, pâle et défaite, mais sans blessure apparente. Le dimanche suivant, elle était repartie, comme convenu. Personne chez lui n’avait pu supposer un seul instant qu’il aurait pu y avoir une autre raison que celle invoquée par Emmélie pour expliquer le malaise de leur invitée.
    — Curieux, en effet, cet incident chez Rouville, fit Talham. Ce cheval furieux qui s’est jeté sur la pauvre Marguerite a certainement
    les
    traits
    d’un
    homme.
    Emmélie
    n’a eu aucun doute sur la nature de cette fameuse attaque ?
    — Grands dieux, qu’allez-vous penser, docteur ? Nous tenons nos filles dans la plus stricte moralité chrétienne.
    J’avoue que sur le moment, le fait n’a pas retenu mon attention.
    Le docteur Talham se demanda si Emmélie était aussi naïve que l’affirmait son père. Elle était assez intelligente pour avoir inventé cette fable afin de protéger Marguerite qu’elle aimait comme une sœur.
    — Si Marguerite avait eu un galant, elle aurait facilement livré le nom du coupable, surtout si elle avait eu l’intention de provoquer le mariage, affirma Talham. Donc, c’est la peur qui la muselle ainsi. L’homme qui l’a agressée est suffisamment puissant pour que la jeune fille tienne ses menaces pour réelles.
    — Vous avez raison, admit Boileau. C’est d’ailleurs la seule explication au silence de Marguerite.
    — Il faudrait en parler { Rouville pour qu’il fasse enquête, avança le curé. Le coupable est sans doute un de ses domestiques ou le garçon d’écurie.
    — Non, affirma Talham. Vous vous trompez. Ce n’est pas un domestique. Ce vil personnage jouit de considération et même si vous découvrez son identité, il n’épousera pas Marguerite. La famille aura peut-être droit à un dédommagement ou une pension, mais le scandale demeurera et les Lareau en souffriront longtemps.
    — Bien dit, approuva Monsieur Boileau. J’ajoute qu’il faut tenir Rouville dans l’ignorance de la forfaiture qui s’est déroulée chez lui. Il en serait

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