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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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mère et n’avait rien dit.
    Monsieur Boileau encouragea sa fille en opinant du bonnet. Emmélie se souvint du cavalier sorti en trombe de l’écurie qui l’avait presque renversée.
    — Il faudrait interroger le palefrenier, suggéra Emmélie.
    Il a peut-être vu quelque chose.
    — C’est possible, répondit distraitement son père.
    Maintenant, essaye d’oublier tout cela. N’en veux pas trop
    { Marguerite. Il te sera impossible d’assister au mariage de ta cousine, mais plus tard, tu pourras te réjouir avec elle de son bonheur.
    Emmélie acquiesça, consciente qu’il fallait garder entier le secret de Marguerite, puisque tout était arrangé. Elle sortit du petit cabinet de son père en songeant à son frère, René, et { la déception qui l’attendait { son retour d’Europe.
    René ne lui avait jamais fait de confidences au sujet de leur cousine.
    «Marguerite a raison», songea Emmélie. L’amour, dans ce mariage, ne tenait pas grand place. Quoique. . Emmélie admira le cœur généreux du docteur Talham qui sauvait sa cousine du déshonneur. «Mais, se dit-elle finalement, peut-
    être est-il amoureux et tait-il ses sentiments? Qui peut savoir ce qui passe dans le cœur des autres ? conclut la jeune fille.»

    Chapitre 8

    Confessions

    Madame Talham ! C’était si étrange de penser que dans quelques jours, aux yeux de tous, elle, Marguerite Lareau, serait pour toujours madame Talham, l’épouse du docteur qu’elle connaissait depuis qu’elle était au monde. Celui qui était accouru à la maison avec le curé pour recueillir le dernier souffle de la chère grand-mère Sachet et qui avait annoncé la mort de l’aïeule en caressant gentiment les tresses de la petite Marguerite, attristée.
    Fidèle à sa promesse, chaque semaine, le docteur lui rendait visite. 11 l’entourait de nombreuses attentions, un peu comme s’il voulait effacer les traces d’un mauvais sort, en la comblant de présents qu’il rapportait de Belœil, sans doute pour ne pas attiser la curiosité des marchands de Chambly qui se seraient étonnés des achats inhabituels du médecin. Un jour, il lui faisait cadeau d’aulnes de mousseline ou d’indienne ; une autre fois, il lui offrait une jolie croix d’or { porter en pendentif. C’était bien agréable de recevoir autant de cadeaux à la fois. Mais Marguerite restait distante, ne sachant trop quoi penser, intimidée par la sollicitude de Talham.
    «Évidemment, à ses yeux, je suis presque un homme âgé ! » se désolait le docteur.
    La plupart du temps, lorsqu’il arrivait { la ferme, elle cousait ou brodait. Parfois, Marguerite s’animait, demandant des conseils ou donnant des détails sur l’avancement du trousseau qu’elle préparait pour sa future vie. Pour l’encourager, et surtout pour mieux l’apprivoiser, Talham demandait à voir son travail. Par pudeur, elle refusait de lui faire voir ce qu’elle préparait pour elle-même, mais elle consentait { lui montrer l’ouvrage exigé par sa mère pour les besoins de la famille.
    — C’est une nouvelle robe pour Marie. Voyez, je l’ai retaillée dans une de mes anciennes jupes.
    Et lui, admirant les bâtis bien coupés, les coutures droites et les ourlets bien faits, découvrait non sans plaisir que ses doigts étaient fort habiles.
    — Admirable, ma chère, s’extasiait le docteur. Quel soin et quelle minutie vous apportez à vos travaux ! Vous faites preuve d’un goût très sûr.
    Marguerite accueillait avec un sourire timide les compliments de son futur mari, mais Victoire, qui surveillait le couple du coin de l’œil, appréciait fièrement le savoir-faire de sa fille.
    — Sans vouloir vanter ma fille, vous ne trouverez pas de meilleure couturière dans la paroisse. Ma mère lui a appris à broder à la manière indienne et madame Boileau, qui a été instruite chez les Ursulines de Trois-Rivières, a complété son instruction.
    Toutes ces petites choses enjolivaient l’univers du docteur, qui découvrait à son insu que la présence de Marguerite donnait un sens à sa vie. Le temps passait et il se surprenait à vouloir la chérir et la protéger.
    Les visites du docteur Talham étaient aussi très attendues par la famille Lareau. Elles apportaient une agréable diver-sion au creux de l’hiver et tous se rassemblaient dans la grande chambre, près du poêle pour écouter le docteur.
    — Talham est un nom plutôt curieux, lança un jour François Lareau à son futur gendre.
    — Vous

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