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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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sans qu’elle y prenne garde, ivre qu’elle était de ses pensées,
de ses reproches et de ses doutes.
    Elle
n’entendit qu’au dernier moment des pas derrière elle. Yossef s’approchait, une
grande couverture dans les mains et un sourire aux lèvres.
    — Je
m’apprêtais à aller soigner les bêtes, puisque Barabbas a abandonné son rôle de
berger.
    Il la
considéra, fronçant les sourcils, remarquant ses yeux rouges, ses lèvres
frémissantes, la chair de poule qui couvrait ses bras nus.
    — J’espère
que tu n’es pas assez folle pour avoir passé la nuit ici ?
    Il la
recouvrit de la couverture en ajoutant, plein de tendresse :
    — Réchauffe-toi,
sinon tu vas prendre mal. L’aube est traîtresse.
    — Yossef,
je m’en veux tellement, murmura Miryem en agrippant sa main.
    Les mots
lui rabotèrent la gorge. Yossef retint sa main dans les siennes.
    — Et
de quoi t’en veux-tu, Seigneur Dieu ?
    — J’ai
tellement honte… Jamais je n’aurais dû parler comme je l’ai fait hier devant
vous tous. Quelle honte, oui ! A vous aussi, toi et mon père, je vous ai
fait honte.
    — Es-tu
folle ? Honte ? Bien au contraire. Moi qui ne disais pas un mot car
je ne sais jamais exprimer mes pensées, surtout devant un Guiora, j’ai été si
heureux de t’entendre ! C’était du miel qui coulait dans mes oreilles. Ah
oui ! Tu disais enfin ce qu’il fallait que nous entendions…
    — Yossef !
Tu ne penses pas ce que tu dis.
    — Et
comment ! Nous le pensons tous. Ton père, Halva. Même le sage de Damas. Il
nous l’a dit hier soir. Si tu ne t’étais pas cachée, tu l’aurais entendu.
    — Mais
les autres ont fui…
    — De
honte, oui. Pour le coup, eux, oui, avaient honte. Ils savaient que tes paroles
étaient justes. Ils n’avaient rien à ajouter. Tu as raison. Nous ne savons pas
nous rassembler dans une même volonté. Messie ou pas messie, celui qui sera
capable de nous unir et de nous guider n’est pas né. Pour des gens comme Guiora
ou Nicodème, ce n’est pas une vérité facile à admettre.
    Il soupira
et secoua la tête.
    — Oui…
Chacun doit interroger sa conscience.
    — Barabbas
ne pense certainement pas ainsi, murmura Miryem, ébranlée.
    Yossef
s’exclama, moqueur :
    — Barabbas !…
Tu le connais mieux que nous. Il veut tant se battre ! Il est si
impatient. Et surtout : il veut t’éblouir. Qui sait s’il ne sera pas
capable de devenir le roi d’Israël juste pour te conquérir !
    L’ironie
de Yossef se mua en rire.
    Miryem
baissa le front, chancelante de fatigue, abasourdie par ce qu’elle venait
d’entendre. Yossef disait-il vrai ? Se serait-elle trompée sur les
réactions des uns et des autres ?
    Yossef
ajouta :
    — Tu
as gâché pour rien une bonne nuit de sommeil. Viens dans la maison. Halva va
s’occuper de toi.
    * *
    Yossef
disait vrai.
    Alors
qu’elle achevait de boire un bol de lait chaud, Joachim vint la retrouver. Les
yeux brillants, il murmura à son oreille :
    — Je
suis fier de toi.
    Joseph
d’Arimathie apparut, souriant. Sous la bienveillance perçait une attention
aiguë et sérieuse.
    — Joachim
m’avait confié que sa fille n’était pas commune. Je crois qu’il ne se trompe
pas et que son orgueil de père n’y est pour rien.
    Miryem
détourna le regard, pleine d’embarras.
    — Je
suis une fille comme une autre. J’ai simplement plus mauvais caractère. Il ne
faut pas prendre mes paroles d’hier au sérieux. J’aurais mieux fait de me
taire. D’ailleurs, je ne sais pas moi-même pourquoi cette pensée m’est venue.
Peut-être parce que Guiora m’agaçait, ou parce que Barabbas…
    Elle n’acheva
pas sa phrase. Les trois hommes et Halva eurent un même rire.
    — Ton
père m’a expliqué que tu as appris à lire et à écrire, ici, à Nazareth, fit
Joseph d’Arimathie.
    — Très
peu…
    — Cela
te plairait-il d’aller passer quelque temps chez des femmes amies, à
Magdala ? Là-bas, tu pourrais apprendre davantage.
    — Apprendre ?
Mais apprendre quoi ?
    — A
lire des ouvrages grecs et romains. Des livres qui font réfléchir, comme la
Thora, cependant d’une manière différente.
    — Je
suis une fille ! s’exclama Miryem, qui n’en croyait pas ses oreilles. Une
fille n’apprend pas dans les livres…
    Sa
réplique amusa beaucoup Joseph, mais pas Joachim, qui grommela que si elle
commençait à parler comme Hannah, sa mère, elle lui ferait honte pour de bon.
    — Il
arrive que la

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