Marilyn, le dernier secret
de la scène publique en février 1961. Liée à une décision de sa psychiatre new-yorkaise, le docteur Marianne Kris, qui, inquiète de la dégradation de son équilibre psychique, avait ordonné l'internement en asile de sa patiente. Pendant quelques jours, avant que Joe Di Maggio ne vienne l'en libérer, la comédienne avait séjourné à la clinique spécialisée Payne Whitney. Une expérience traumatisante, puisque la Blonde, phobique de l'enfermement, n'avait pas supporté d'être confrontée aussi directement à ses peurs et avait très mal vécu son isolement en cellule capitonnée.
La presse révélait donc que la femme la plus sexy de la planète avait non seulement été internée en hôpital psychiatrique, mais encore avait refusé de se laver, déambulait nue devant les autres patients et, un jour, au bord de la folie, avait dû être immobilisée par une camisole de force afin d'éviter qu'elle se fracasse le crâne contre la porte de sa chambre.
La victoire du studio s'avérait donc presque totale. Pourtant, en connaisseur des systèmes médiatiques, Harry Brand avait gardé une ultime cartouche pour la fin.
*
L'étoile arrivait en fin de course.
On pouvait même se demander, à en croire les égarements de la star colportés par la presse américaine, pourquoi la Fox avait tant tardé à se séparer d'elle. Marilyn folle, voilà qui seul justifiait le refus de poursuivre une collaboration.
Mais, après tout, la folie pouvait être subjective. Et les multiples séances de thérapie se résumer à une coquetterie très tendance chez les artistes en général, et à Hollywood en particulier. Et l'internement en asile psychiatrique relever d'un incident isolé lié aux difficultés inhérentes au divorce d'avec Arthur Miller. Il convenait donc d'asséner le coup de grâce.
Or un seul élément pouvait accréditer l'intensité de la maladie mentale évoquée : le flirt prolongé de Marilyn Monroe avec le suicide.
*
Le plus triste, c'était que Marilyn elle-même avait fourni les informations que les publicitaires de la Fox utilisaient désormais pour la détruire.
C'était elle qui, avec candeur, en début de carrière, pour participer à l'élaboration de sa fiche biographique, avait révélé ses deux tentatives de suicide avant d'atteindre sa majorité. La première fois en laissant le robinet de gaz ouvert, la seconde en avalant une surdose de calmants !
Et au fil des ans, ce mode opératoire était devenu sa marque de fabrique. La presse se mit ainsi à raconter qu'en 1950, la star avait tenté de se suicider de cette manière après le décès de Johnny Hyde, l'agent qui l'avait découverte et imposée à Darryl Zanuck, le magnat de la 20th Century Fox. Un homme qui avait été son amant et était tombé fou amoureux d'elle au point de lui proposer le mariage, demande que Marilyn avait repoussée à cause du physique difficile de Hyde. Dépité, Hyde tomba malade et mourut dans la foulée, provoquant chez Marilyn un sentiment de culpabilité conduisant à son geste fatal.
Peu avant son union avec Joe Di Maggio, la Blonde avait aussi dû être hospitalisée d'urgence après une overdose de barbituriques. À l'époque, Marilyn endurait mal une importante crise professionnelle, s'opposant – déjà ! – à la Fox dont les projets de films ne lui convenaient pas.
Ensuite, son mariage puis sa séparation d'avec Arthur Miller avaient été jalonnés de nombreuses tentatives de suicide, dont la plus grave avait conduit à la suspension du tournage des Misfists .
Enfin, il se murmurait qu'en mai 1962, à l'aube de ses trente-six ans, avant ou juste après sa prestation pour JFK, elle avait tenté une énième fois de mettre fin à ses jours.
*
Paradoxalement, quand on l'observe avec du recul, on constate que l'entreprise de destruction perpétrée par les responsables de la Fox permet de voir les tragiques événements de la nuit du 4 août 1962 sous un nouveau jour. Aussi détestable qu'elle soit, cette manœuvre délétère offre un état précis de la situation de Marilyn deux mois avant son décès.
Les membres du Suicide Prevention Team menés par le docteur Curphey ne s'y trompèrent d'ailleurs pas, eux qui puiseraient par la suite dans la chronologie du violent conflit entre Marilyn et le studio pour justifier l'acte final et conclure au suicide.
Au-delà de ses répercussions sur son équilibre psychologique, la campagne de la Fox avait révélé à l'opinion que la
Weitere Kostenlose Bücher