Marilyn, le dernier secret
star sexy était en vérité une femme rongée par les doutes. Une star sur le déclin, rejetée par ses pairs et trahie par son propre corps. Elle-même n'avait-elle pas apporté de l'eau au moulin des tenants de la thèse du suicide en se montrant comme une habituée de l'autodestruction ? En signant, le 4 août 1962, le triste épilogue d'une vie gangrenée par la peur ?
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L'ensemble de ces éléments allant tous dans le même sens ne pouvait que rendre ma conversion d'agnostique au statut de croyant bien plus aisée. Désormais, appartenant au camp de la raison, je pouvais, sans regret, me métamorphoser en croisé du suicide.
Je n'avais, après tout, qu'à me laisser glisser sur le même chemin que tant d'autres, bien plus savants, avaient emprunté avant moi.
Le dossier ne mentait pas : Marilyn était sur sa fin et, accidentellement ou pas, elle avait choisi de tirer sa révérence.
Tout cela tenait la route. L'affaire pouvait être classée et moi, retourner à autre chose.
Sauf que…
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Sauf que, nichée au cœur même des raisons logiques que je venais d'évoquer, se dissimulait celle qui, justement, rendait le suicide improbable.
Une révélation qui conduisait directement aux secrets de la dernière nuit de Marilyn Monroe.
1 -
Cité in The Unabridged Marilyn , op. cit .
2 -
Ibid .
3 -
Carl Rollyson, biographe de Marilyn cité in Marilyn, The Last Take , op. cit .
4 -
Marilyn, The Last Take, op. cit .
5 -
New York Times , 20 juin 1962.
28. Onze
Un élément de réponse essentiel se trouve aujourd'hui, contre une poignée de dollars, accessible à tous.
Certes, sa remontée vers la lumière fut des plus tortueuses, résultat de l'opiniâtreté des hommes de bonne volonté, soucieux de comprendre le mystère des dernières semaines de la vie de l'actrice, qui l'ont extrait à cent mètres sous terre d'une mine d'Hutchinson, au centre du Kansas !
Mais cet entêtement se révélait payant : il était désormais possible de prouver que Marilyn avait bel et bien été victime d'une conspiration.
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Le 18 avril 1963, le dernier film avec Marilyn Monroe – il ne s'agissait évidemment pas de l'avorté Something's Got to Give – était à l'affiche des cinémas américains. La star étant décédée huit mois plus tôt, la 20th Century Fox lui rendait hommage. Ou, comme le chuchotaient certains, capitalisait cyniquement sur l'émotion ayant étreint le pays depuis le 4 août 1962.
C'était d'ailleurs pour cette raison que Frank Sinatra avait refusé de participer à ce documentaire d'une heure trente, intitulé Marilyn ,retraçant la carrière de l'actrice et dont il devait assurer le commentaire. Rock Hudson l'avait remplacé. Mais si l'ensemble ne manquait pas d'émotion, le résultat final décevait. Peut-être parce que, pour de mesquines économies budgétaires, la Fox avait refusé de payer l'utilisation d'extraits de films tournés par la star pour d'autres studios ! Ainsi, les absences de Some Like It Hot , le chef-d'œuvre de Wilder, et du controversé The Misfists , réalisés pour United Artists, sautaient aux yeux.
Mais, assemblé par Pepe Torres, Marilyn avait au moins un mérite : il contenait des images que jamais personne n'avait vues.
Celles du film inachevé de Monroe.
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De l'épreuve de force ayant opposé Marilyn à George Cukor restaient seulement sept minutes trente plutôt insignifiantes. Torres en avait utilisé une bonne partie dans son hommage commandité par le studio, renforçant le statut de Something's Got to Give comme légende maudite d'Hollywood. Mais, sans le courage d'un archiviste anonyme et curieux, puis la ténacité d'un producteur, l'histoire en serait restée là. Et la vérité n'aurait jamais percé.
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Le 4 août 1988, le fan-club Marilyn Remembered célébra le vingt-deuxième anniversaire de la disparition de la star. Sans rentrer dans les détails, l'organisation avait d'avance promis à ses membres une soirée mémorable.
Risquant le renvoi, un employé des archives de la Fox était en effet parvenu à sortir du studio une partie du film de George Cukor. À savoir un collage de scènes, montées rapidement bout à bout, réalisé à partir de la bobine numéro 17, en date du 14 mai 1962.
L'excitation était à son comble : les cent soixante-dix membres du club présents allaient découvrir des images qui, officiellement, n'existaient pas.
Certes, il est facile d'imaginer l'émotion de l'assistance en voyant l'ultime
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