Marilyn, le dernier secret
mission consistait à détruire une star, le tableau dramatique du mois de juin 1962 ne contenait pas une once d'authenticité.
Les six heures de bandes extraites de la mine de sel du Kansas prouvaient que Marilyn se trouvait à l'époque au sommet de son art.
Les archives même de la 20th Century Fox démontraient que les absences de l'actrice étaient justifiées.
La même source confirmait que les dirigeants du studio avaient autrefois tenté – en vain – de se séparer d'Elizabeth Taylor. Et que Monroe avait été, pour eux, un plan de secours.
39. Offensive
La manipulation des médias et de l'opinion avait été si efficace que les derniers mois de la vie Marilyn étaient plongés dans un flou absolu.
Comme si, entre son renvoi le 8 juin 1962 et son décès quasiment deux mois plus tard, l'actrice était restée murée dans son échec, n'avait ni agi, ni vécu, ni parlé à quiconque. Comme si elle était rentrée dans une sorte de long tunnel dépressif qui, une fois encore, corroborait les vitupérations de la Fox, justifiait sa décision et même, au final, le suicide.
Mais là encore, l'opinion, confortée par quatre décennies d'erreur, avait été abusée. Non, Marilyn ne s'était pas terrée chez elle, noyant l'échec et les rides dans un cocktail fatal de pilules et d'alcool.
Oui, la vindicte du studio avait été vécue comme une injustice, mais c'était justement pour cela que l'actrice, révoltée, avait choisi l'offensive.
*
Marilyn connaissait trop bien Hollywood pour ignorer où se gagnerait la guerre entamée contre elle.
La première bataille serait publique. Le studio ayant mis en branle sa machine à tuer, monopolisant l'espace médiatique, la logique voulait que les mêmes organes de presse se tournent vers la star pour recueillir sa version des faits.
Brillamment conseillée par Pat Newcomb, Marilyn Monroe ne se déroba pas et contra ses adversaires tous azimuts. D'abord, en accordant des entretiens aux plus grands magazines du pays. Où elle n'esquiva aucune question embarrassante sur sa situation avec la Fox et où, en plus, elle s'efforça de présenter son meilleur profil. Après des années passées à lutter contre le poids de son double cinématographique, Norma Jean avait en effet enfin trouvé la paix. Tout sourire, elle revendiquait désormais son personnage, rangeant au placard ses rêves d'interprétation dramatique. La Blonde incarnait la séduction, le charme, la bonne humeur et la légèreté, autant de qualités, expliquait-elle, qu'elle désirait retrouver dans un scénario. Dans Life du 3 août 1962, par exemple, elle n'éluda rien. Évoquant la dérive purement financière des studios, elle déclara : « Je ne me suis jamais considérée comme une marchandise qu'on vend ou qu'on achète. Par contre, il y a une quantité de gens qui ne m'ont jamais considérée autrement, y compris une certaine compagnie que je ne nommerai pas. » Et d'ajouter : « Lorsqu'on est célèbre, chacune de vos faiblesses est amplifiée au maximum. Le cinéma devrait se conduire à notre égard comme une mère dont l'enfant vient presque de se faire écraser par une voiture. Mais au lieu de nous prendre contre lui et de nous consoler, le cinéma nous punit. C'est pour cela que l'on n'ose même pas attraper un rhume. Tout de suite, ce sont les grands cris : “Comment osez-vous attraper un rhume ?” (…) Mais moi je voudrais qu'eux, les directeurs, soient obligés un jour de jouer une scène avec une grippe ou une forte fièvre, peut-être qu'ils comprendraient. Je ne suis pas le genre d'actrice qui ne vient au studio que pour respecter la discipline. Cela n'a aucun rapport avec l'art. Bien sûr je souhaiterais être un peu plus obéissante. Mais lorsque je viens au studio, c'est pour jouer, pas pour être enrégimentée ! Après tout, ce n'est pas une école militaire, c'est un studio de cinéma. » Avec une sérénité incroyable, elle parla même de l'après-célébrité : « En fait, rien n'est jamais terminé, expliqua la Blonde. Il faut toujours recommencer, toujours. Mais moi, je crois qu'on obtient toujours le succès que l'on mérite. Maintenant, je ne vis que pour mon travail, et pour les quelques amis sur lesquels je puisse vraiment compter. La célébrité passera ? Eh bien, qu'elle passe. Adieu célébrité ; je t'ai eue, et j'ai toujours su que tu ne valais pas grand-chose. Pour moi, tu auras été au moins une expérience. Mais tu n'es pas ma
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