Marilyn, le dernier secret

la reprise du tournage de Something's Got to Give avait été fixée au 4 septembre. Et Marilyn devait commencer par une série de gros plans ne nécessitant pas la présence de l'ensemble de la distribution. Le retour de Dean Martin était prévu, lui, pour le 16.
    Après une naissance particulièrement mouvementée, le tournage de Something's Got to Give allait donc s'achever aux environs de la première semaine d'octobre.
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    Marilyn avait 36 ans.
    Et les premiers jours de ce mois d'août 1962 portaient en eux les germes d'un avenir bien plus radieux. Un futur placé sous les signes d'une carrière relancée et d'une prospérité financière enfin assurée.
    Marilyn avait 36 ans.
    Et – désormais j'en étais convaincu –, la vie devant elle.
    Marilyn avait 36 ans.
    Et jamais la thèse du suicide ne m'était apparue aussi improbable.

Cinquième partie
    Édifice

41. Piliers
    Peut-être le chemin emprunté pour aboutir à cette conclusion aurait-il dû être plus simple ? Peut-être aurais-je pu suivre immédiatement les voies menant à l'hypothèse criminelle ? Après tout, la littérature consacrée à Marilyn Monroe ne regorge-t-elle pas de ce genre de raccourcis ?
    Mais entre mes réticences à plonger une fois encore dans l'explication d'une conspiration et la force d'attraction des preuves, c'est la logique qui m'avait mené jusque-là. Après tout, si le suicide me semblait l'explication la plus probable, la découverte de la vérité sur les derniers mois de l'actrice ébranlait mes certitudes.
    *
    Depuis quarante-cinq ans, la disparition de Marilyn était analysée en fonction de trois éléments. Trois piliers qui, à eux seuls et parce qu'il n'y en avait pas d'autres, justifiaient le décès volontaire de la star aux yeux de tous.
    Le premier était celui directement lié aux conditions de tournage de Something's Got to Give . Mais les bandes de Hutchinson, les tractations entreprises par la 20th Century Fox, les projets nombreux, variés et lucratifs de Marilyn, démolissaient le mythe d'une star en perdition.
    En était-il de même avec le second pilier, celui qui devait nous conduire aux conditions même du décès, à savoir sa consommation excessive de narcotiques ?

42. Dealer
    Il aurait peut-être été possible de se référer une fois encore aux images inexploitées de Something's Got to Give . Après tout, ne constituaient-elles pas la preuve éclatante que, contrairement aux rumeurs cyniquement colportées, Marilyn était en pleine possession de ses moyens, assumait son rôle, jouait mieux que jamais ? Mais cette source me semblait insuffisante.
    Puisque, dans l'esprit de tous, les circonstances du décès de la star demeurent à jamais liées à sa prétendue dépendance aux drogues et médicaments, il s'imposait d'en savoir plus.
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    Le premier dealer de Marilyn Monroe portait des habits aussi dignes que rassurants. Ceux d'un médecin. Qui plus est engagé par la 20th Century Fox !
    1953. Cette année-là, la Blonde tournait River of No Return, un western devenu mythique d'Otto Preminger, genre nouveau pour elle. Malgré un scénario faiblard, le réalisateur avait misé sur l'authenticité. Les décors naturels du Jasper National Park de la province d'Alberta, au Canada, lui offraient un cadre superbe et la présence au casting de Robert Mitchum et Marilyn Monroe augurait de bonnes prises. Pour renforcer le registre « réaliste », Preminger avait insisté pour que ces derniers ne soient pas doublés dans leurs cascades.
    Or, durant une scène un peu mouvementée, l'actrice se blessa à la cheville. Une entorse qui imposa la pose d'un plâtre durant quelques jours et des béquilles. Une inflammation qui fut synonyme de souffrances et poussa le médecin du plateau à prescrire un cocktail de pilules.
    D'abord, du Démérol pour calmer la douleur. Mais ce médicament avait un effet secondaire non négligeable : il contenait de la mépéridine, un analgésique narcotique pouvant créer l'accoutumance [1] .
    Ensuite, le docteur avait conseillé du Nembutal, une substance destinée à calmer les nuits agitées de la star. Or, ce barbiturique puissant de la famille des penthiobarbitals, utilisé pour traiter l'insomnie mais également les symptômes d'anxiété et de tension, avait comme inconvénient de ralentir l'activité du système nerveux [2] .
    Enfin, pour contrer les défauts de ces deux produits, le médecin se chargea de préparer lui-même, chaque matin, un mélange