Marilyn, le dernier secret
vie. »
Et puisque les images avaient souvent plus de poids que les mots, dans un amusant clin d'œil à ses débuts, elle décida aussi de poser pour l'objectif des plus grands photographes de l'époque.
Bert Stern fut le premier à découvrir une Marilyn régénérée. La séance, commandée par Vogue , dura trois jours. Durant lesquels, confirmant ses déclarations aux médias, l'actrice démontra qu'elle s'assumait désormais pleinement. Les marques sur son corps, à commencer par la cicatrice qui barrait son estomac, n'étaient même plus taboues. Alors que sur le tournage de Something's Got to Give , la star avait exigé un bikini dessiné spécialement pour elle afin de dissimuler son nombril, là, elle s'offrit sans réserves. Et la mousseline transparente qu'elle tint devant son corps nu ne couvrait ni le poids de l'âge ni la marque du bistouri.
George Barris, représentant Redbook , avait opté, lui, pour des images en extérieur. À savoir dans la maison située en bord de mer de Peter Lawford et Pat Kennedy. Comme Marilyn aimait le lieu, le photographe cultiva l'ambiance décontractée qui s'en dégageait.
Sa dernière séance, elle, se déroula le 20 juillet 1962 au studio de Douglas Kirkland [1] .
Pour Look , cette fois, l'actrice, en totale confiance, ne refusa pas la nudité. Glissée dans des draps en satin blanc, serrant contre elle un coussin de la même teinte, Marilyn fut sublime.
Sans surprise, et au-delà des conditions tragiques qui allaient accompagner leur parution, les clichés de Kirkland s'offraient une carrière internationale. En France, par exemple, c'était Paris-Match qui répondait à son confrère américain Look en offrant à la star une sublime couverture.
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La présence de Marilyn à la une des médias ne fut que la partie visible de son opération reconquête. La Fox avait porté l'affaire sur le devant de la scène, il aurait donc été catastrophique pour l'avenir de la star de laisser ses attaques sans réponse. Mais l'essentiel se jouait évidemment en coulisses.
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Malgré le tapage médiatique des as de la communication du studio, la cote de l'actrice ne semblait pas être atteinte. Ni auprès du public ni, et c'est sans doute plus important encore, au sein de la profession.
Au lendemain même de l'annonce de son limogeage, Marilyn avait en fait commencé à recevoir des offres. Certaines particulièrement lucratives, comme celle d'un conglomérat italien lui proposant un contrat colossal de onze millions de dollars pour venir tourner quatre films à Rome.
À Paris, le Moulin-Rouge s'était également manifesté, convaincu que la Blonde ferait une extraordinaire meneuse de revue. Si la proposition ne correspondait vraisemblablement pas aux plans de l'actrice, le télégramme de la direction du cabaret fut quand même retrouvé, après son décès, sur sa table de chevet. L'offre avait dû la flatter.
Côté cinéma, United Artists et au moins deux autres studios envoyèrent de pressants appels du pied à ses agents.
Mais Marilyn voulait autre chose que changer de compagnie : sa revanche.
Non contre la 20th Century Fox en elle-même, mais contre les hommes qui, désormais, dirigeaient le studio.
Et dans cette optique, seul le retour de l'actionnaire de référence pouvait à ses yeux être synonyme de victoire.
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Darryl Zanuck suivait d'ailleurs avec une attention particulière les lendemains du licenciement médiatisé de Marilyn. Non seulement le producteur avait apprécié les extraits de Something's Got to Give , mais il avait aussi, parallèlement, été horrifié par la pesanteur suintant des premières images de Cléopâtre . Pour lui, pas de doute : le studio qu'il avait créé se trouvait entre les mains d'hommes manquant de discernement et de flair. Ce qui risquait de conduire à l'écroulement de la 20th Century Fox. De fait, Darrilyn Zanuck, sa fille, s'est souvenue plus tard « n'avoir jamais vu (son) père si soucieux. Lorsqu'il évoquait la mauvaise gestion du cas Monroe et celui de Cléopâtre , il était clairement inquiet pour l'avenir de la compagnie. [2] »
Et en effet, son téléphone parisien ne cessait plus de sonner. Une multitude d'interlocuteurs lui passaient un message clair : afin de rassurer les marchés et les vedettes encore sous contrat avec la Fox, Zanuck devait traverser l'Atlantique et reprendre le contrôle de la compagnie.
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Marilyn Monroe et Darryl Zanuck eurent plusieurs conversations à cette époque.
Si
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