Marilyn, le dernier secret

les deux personnalités n'avaient jamais entretenu des relations amicales, ils se respectaient mutuellement. Zanuck reconnaissait la popularité de la Blonde et elle, son extraordinaire talent de créateur de star.
    La discussion avait rapidement tourné autour de Something's Got to Give . Si Zanuck reprenait les rênes du studio, alors Marilyn regagnerait le plateau. La star accepterait même de signer un nouveau contrat, revu à la hausse.
    Le 25 juillet 1962, soit dix jours seulement avant la disparition de Marilyn Monroe, Zanuck passa à l'offensive. Profitant d'une réunion exceptionnelle du comité de direction de la Fox, il fit ni plus ni moins un putsch. Associé à son ancien ami Spyros Skouras, le nabab, ayant au préalable acheté en masse et en sous-main des actions, prit le contrôle du groupe en devenant son actionnaire principal.
    Sans attendre, il ôta aux avocats et financiers la direction de la 20th Century Fox. Et il fit un premier effet d'annonce majeur : dans ses bagages, Zanuck ramenait la star du studio parmi les siens.
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    On remarquera que le magnifique album de Bert Stern, intitulé The Last Sitting , soit en français La Dernière Séance , est… fâché avec la chronologie. Mais on imagine que, pour des raisons commerciales, ce titre sonnait mieux, car en vérité, c'est bien Kirkland qui eut l'honneur de la véritable dernière séance.
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    Marilyn, The Last Take , op. cit.

40. Improbable
    Contrairement à une croyance bien ancrée, Marilyn n'était donc en rien une actrice à la dérive durant l'été 1962. Au contraire même, elle fourmillait de projets.
    Le retour de Zanuck s'était accompagné d'une série de bonnes nouvelles concernant Something's Got to Give . George Cukor avait été définitivement écarté du projet et le scénario, écrit par Nunnally Johnson avec la collaboration de la Blonde, était redevenu celui du film. Mieux, la nouvelle direction de la Fox avait renoncé à l'application stricto sensu du contrat dépassé de Marilyn : pour l'inciter à reprendre son rôle dans la comédie, le studio lui avait proposé un cachet d'un demi-million de dollars. Soit cinq fois plus que la précédente offre, le double du salaire de Dean Martin et une somme enfin en phase avec sa popularité.
    Puisque les liens étaient renoués début août, Peter Levathes vint lui présenter une proposition supplémentaire validée par Zanuck en personne. Un nouveau contrat, avec un million de dollars à la clef.
    Après Something's Got to Give , Marilyn s'engageait à tourner What a Way to Go , comédie musicale ambitieuse où figureraient au générique rien de moins que Dean Martin, Frank Sinatra et Paul Newman.
    Évidemment, cette offre généreuse n'était pas désintéressée. Zanuck avait « vendu » son retour sur cette « double dose » de Monroe, ses experts financiers ayant calculé que, dans l'hypothèse de succès la plus basse, ses deux films rapporteraient au moins quarante millions de dollars.
    Une somme suffisante pour éponger le gouffre de Cléopâtre .
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    Alors que depuis quarante-cinq ans on se contente de résumer le destin de la star à une terrifiante glissade vers l'autodestruction, la vérité n'a rien à voir avec ce cliché. Car les désirs de Marilyn s'accordaient à ceux du studio.
    Entre le 1 er  et le 4 août 1962, Marilyn avait vu à trois reprises Levathes pour vérifier les détails du nouveau contrat. Dans le même temps, elle finalisait son retour médiatique avec le peaufinage de la couverture de Playboy .
    Le 2, elle commandait aussi une nouvelle robe à Jean-Louis, parce qu'elle avait prévu de se rendre à New York à la rentrée afin d'assister à la première d'une pièce de théâtre. Et les 10 000 dollars exigés par le couturier coûtaient peu tant l'effet produit par sa précédente création, portée lors de l'anniversaire de JFK, avait été colossal.
    Le même jour, Marilyn ornait la une de Life . Où, une fois encore, elle affirmait haut et fort son souhait de poursuivre sa carrière et sa fierté d'être une artiste.
    Et dans la soirée, l'actrice reçut Withey Snyder, son maquilleur et ami, afin de célébrer l'accord verbal conclu avec la Fox !
    Et si ces données précises, ces faits avérés, n'étaient pas suffisants pour se convaincre que la star envisageait l'avenir avec une sérénité retrouvée, ne manquait ni de projets ni d'objectifs, il restait cette information transmise par Levathes cette même journée :