Marilyn, le dernier secret
l'Attorney General.
Deux documents attirèrent mon attention. Le premier, daté du 6 août 1962, consistait en un mémorandum adressé à J. Edgar Hoover par le Special Agent in Charge du bureau de San Francisco.
Le second était plus facile à reconnaître, puisque son titre ne laissait planer aucun doute sur son contenu : « Emploi du temps RFK pour voyage sur la côte Ouest [1] . »
Or, attisant d'un coup les flammes de la conspiration, ces pièces confirmaient que Robert F. Kennedy se trouvait bien en Californie au moment de la mort de Marilyn !
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Cependant, le frisson d'excitation s'estompa bien vite.
Si RFK arpentait effectivement le vaste État californien, il n'était pas à Los Angeles mais à Gilroy, dans un ranch des montagnes de Santa Cruz, au sud de San Francisco.
Bobby était arrivé à l'aéroport de San Francisco dans l'après-midi du 3 août 1962. Les journalistes présents avaient d'ailleurs noté la présence d'Ethel, sa femme, et de quatre de leurs enfants.
Comme le lundi l'Attorney General devait prononcer un discours devant l'association du barreau de la ville, il avait saisi l'occasion pour rendre visite à John Bates, rencontré par l'intermédiaire de JFK, et ayant servi la Navy dans le Pacifique.
Cet avocat de talent, président du barreau de San Francisco, avait failli rejoindre l'administration Kennedy pour prendre la tête de la division antitrust du département de la Justice, fonction placée sous l'autorité directe de Bobby. Mais sa famille préférant le climat de la côte Ouest, il avait finalement décliné la proposition. Ce refus n'avait en rien brouillé les relations entre les deux hommes puisque, quelques semaines plus tôt, John Bates et sa famille avaient séjourné à Hickory Hill, en Virginie, invités par Ethel et Robert, et que RFK venait cette fois chez lui.
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Comme le précisait le rapport du FBI, trois agents avaient accueilli les Kennedy à l'aéroport de San Francisco. Des hommes d'Hoover qui avaient escorté ensuite la famille jusqu'à Gilroy, à cent trente kilomètres au sud de la ville.
On aurait pu croire les deux journées suivantes sorties d'un album mythologique des clichés Kennedy tant les promenades à cheval, les épreuves de natation en piscine, les images de barbecue et de touch-football ramenaient aux grandes heures de la saga maison.
Le dîner du samedi, occasion pour RFK de tester son discours du lundi suivant, se prolongea jusqu'à 22 h 30. Et le lendemain matin, la famille Kennedy se rendit à la messe. Des clichés furent pris, publiés le jour suivant par le Gilroy Dispatch .
Le reste du week-end fut de la même eau. Et chaque étape confirmée par les Bates. En plus des photographies, des deux rapports du FBI, des témoignages de John Bates, de Nancy, son épouse, et de leurs trois enfants, ceux d'Ethel Kennedy et des siens, il existait même, pour attester de la réalité de la présence de Bobby, le récit, révélé par Donald Spoto, de Roland Snyder, contremaître du ranch qui avait préparé les chevaux pour le samedi. Tous allaient dans le même sens : alors que Marilyn agonisait à cinq cent soixante kilomètres de là, Bobby, lui, se trouvait à Gilroy. Et n'avait jamais quitté les lieux.
Quant à ceux qui écarteraient ces preuves d'un haussement d'épaules et considéreraient comme plausible qu'il ait fait cinq heures de route pour se rendre à Los Angeles, voire qu'il ait utilisé un avion ou un hélicoptère, ils doivent savoir que le ranch des Bates se trouvait dans une zone inaccessible, que le plus proche aérodrome était à une heure de voiture et qu'en 2007, encore, le moindre vol effectué en jet entre San Francisco et Los Angeles met au minimum quatre-vingts minutes ! En se concentrant uniquement sur les trajets, Robert Kennedy aurait donc eu besoin de cinq à dix heures de trajet pour aller à Los Angeles et en revenir à temps pour la messe dominicale.
La vacuité de la thèse de Capell, reprise depuis sans le moindre effort d'analyse, était patente.
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John Bates avait usé du mot juste pour résumer l'absurdité d'une accusation qui le révoltait.
Cet ami de John et Robert, républicain convaincu ayant voté pour Nixon en 1960 mais excédé par l'aveuglement obtus de ceux qui refusaient l'évidence, avait, une ironie amère au bord des lèvres, lâché : « La seule possibilité pour Bobby de se rendre à Los Angeles sans que nous nous en soyons rendu compte, c'était d'avoir un
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