Marilyn, le dernier secret
par Hoover au travail de Capell paraît d'autant plus étonnant que William Sullivan, patron du département dédié au sein du FBI aux activités de renseignements, avait déjà reçu, le 15 juillet, un rapport complet sur ces accusations.
Un document où le Special Agent affecté au dossier qualifiait les assertions de The Strange Death of Marilyn Monroe de « complètement fausses [4] .
Sullivan, numéro deux du FBI, avait immédiatement informé son chef. Qu'avait fait ce dernier de ce document interne n'allant pas dans son sens ? Il fallut attendre 1979 et la publication des souvenirs de William Sullivan pour le découvrir [5] .
Dans ses Mémoires , il raconta en effet comment J. Edgar Hoover n'avait tenu aucun compte de l'enquête de ses propres services et avait mis en doute son autorité et ses réseaux pour propager la rumeur mensongère. « Les histoires de Bobby et Marilyn n'étaient rien d'autres que des fables, écrit Sullivan. L'histoire originale, inventée par un soi-disant journaliste (…), s'était propagée comme un incendie d'été. Et bien entendu, soufflant sur les flammes, le sourire aux lèvres, se tenait J. Edgar Hoover [6] . »
*
Impossible, aujourd'hui, de déterminer avec précision l'ampleur de l'implication de Hoover dans la genèse de l'ouvrage de Capell.
Le directeur du FBI avait-il seulement utilisé le pamphlet parce qu'il visait un ennemi commun et partageait sa philosophie ?
Ou avait-il joué un rôle plus important que celui de simple promoteur de ragots ?
Avait-il, par exemple, incité Capell à entamer cette écriture comme il l'avait déjà fait une fois lors de l'enquête sur l'assassinat de JFK ?
Quoi qu'il en soit, J. Edgar Hoover avait tenu un rôle majeur dans cette intense campagne de désinformation. Grâce à lui, les thèses nauséabondes de The Strange Death of Marilyn Monroe avaient quitté les caniveaux de l'arrière-cour politique pour rejoindre les pages de la presse internationale.
Avant, huit ans plus tard, d'inspirer Norman Mailer puis Robert Slatzer.
*
En feuilletant à nouveau les livres de Don Wolfe et Anthony Summers, en me plongeant dans les pages légèrement romancées de Michel Schneider [7] , je ne pouvais m'empêcher de repenser à la comparaison développée par William Sullivan dans ses souvenirs.
Si l'ombre de Capell y était présente, c'était le souffle de J. Edgar Hoover qui courait sur toutes les pages. Offrant à ce dernier la victoire ultime sur son plus grand ennemi.
Une victoire pourtant largement injustifiée.
1 -
In The Kennedys : An American Drama, Peter Collier et David Horowitz, Warner Books, 1984.
2 -
In The DD Group, op. cit .
3 -
In Memorandum from J.E. Hoover to R.F. Kennedy, 5 juillet 1964.
4 -
In Memorandum from R.W. Smith to W.C. Sullivan, 15 juillet 1964.
5 -
The Bureau, My Thirty Years in Hoover's FBI, William C. Sullivan, Norton, 1979.
6 -
The Bureau, My Thirty Years in Hoover's FBI , op. cit .
7 -
Marilyn, dernière séance, Michel Schneider, Grasset, 2006.
70. Jumeau
Bobby avait-il assisté à la fin de Marilyn ?
Cette question pouvait désormais paraître superflue. Après tout, une fois la fausse romance entre Robert Kennedy et Marilyn Monroe jetée aux oubliettes de l'histoire, importait-il de revenir sur le 4 août 1962 pour tenter de savoir si RFK se trouvait aux côtés de l'actrice ?
Mais si la réponse était dorénavant claire, le sujet demeurait incontournable. Non seulement, je devais lever tout point pouvant rester obscur et laissant des portes ouvertes aux irréductibles, mais cela m'offrait en outre l'opportunité de démontrer comment les deux facteurs que je venais de dénoncer, la haine et l'appât du gain, s'accordaient dans un tragique duo.
*
La première option consistait à affirmer que RFK n'était pas au 12305 Fifth Helena Drive parce qu'il n'avait jamais été l'amant de Marilyn Monroe, parce que la star n'avait jamais tenu un carnet rouge contenant les secrets de la Maison Blanche et parce qu'il s'agissait d'une invention de Capell amplifiée par des décennies de livres et de documentaires à sensation.
Soit. Mais, il y avait plus efficace. Prouver où Robert Kennedy avait réellement passé le week-end des 4 et 5 août 1962. Et afin d'y parvenir, il suffisait de se rendre aux Archives nationales et de demander à consulter la Box 53 de la série de caisses contenant la totalité des rapports du FBI consacrés aux activités de
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