Marilyn, le dernier secret
l'assassinat de JFK, mais il ne s'agissait en rien d'hagiographies, juste d'ouvrages d'enquête. Le premier était né parce que les événements de Dallas me semblaient un excellent sujet d'investigation comme le furent plus tard la Mafia, le Bushland , Coca-Cola ou les secrets toxiques de nos assiettes. Le second livre, comme je l'avais expliqué dans son prologue, avait vu le jour grâce à un concours de circonstances : JFK, le dernier témoin s'était imposé à moi plus que je ne l'avais choisi.
Quant à la dernière accusation – nier l'existence de complots –, certains de mes écrits plaidaient en ma faveur.
*
La réalité était simple. Pour moi, l'implication des Kennedy dans le meurtre de Marilyn Monroe ne tenait pas parce que de multiples démonstrations étayées de faits l'avaient démontré.
Non, JFK n'avait pas vécu une histoire d'amour passionnée avec la star. La vérité, à jamais fâchée avec le mythe, se résumait à une rencontre, peut-être deux, mais à rien d'autre.
Non, Bobby n'avait jamais été l'amant de l'actrice. Leur relation s'était limitée à quelques événements sociaux et à l'intervention de l'Attorney General dans le cadre de l'épineux dossier de la Fox. Et aujourd'hui il ne faisait aucun doute que leur engagement romantique avait été inventé par des hommes déterminés à détruire RFK par intérêt politique.
Non, Marilyn n'avait pas harcelé de coups de fil la Maison Blanche, le département de la Justice, le domicile de Robert et Ethel Kennedy. Ses appels téléphoniques avaient été rares, brefs, et liés au rôle joué par Bobby dans sa négociation avec le studio.
Non, Marilyn n'avait jamais tenu de journal intime. Le carnet rouge empli de secrets relevait du fantasme de personnages douteux soucieux de s'enrichir sur le dos des deux noms les plus célèbres d'Amérique.
Non, il n'existait pas de bandes audio ayant capté les dernières heures de Monroe.
Et non, enfin, Robert F. Kennedy ne se trouvait pas à Los Angeles, le 4 août 1962. Et, de fait, n'avait pas participé au meurtre de la star.
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En prenant du recul, la mythologie entourant l'affaire Monroe n'est pas éloignée des pistes réelles et fausses entourant le 22 novembre 1963. Une analogie avec l'assassinat de JFK qui me sauta aux yeux. Et qui me ramena sur Dealey Plaza, à Dallas, là même où le 35 e président des États-Unis avait été exécuté dans le cadre d'un complot bien préparé.
Me revint en mémoire une énième visite sur les lieux en compagnie du regretté Jay Harrison, un homme qui avait travaillé pour le renseignement militaire avant de rejoindre la police de Dallas. Le jour de la visite présidentielle, il se trouvait à quelques minutes de Dealey Plaza, surveillant le rassemblement d'un groupe d'activistes noirs.
Lorsque, sur sa radio, avaient crépité les premières indications d'une fusillade, Jay s'était précipité sur Elm Street. Il avait été l'un des premiers à arriver et à participer au bouclage du périmètre. Or moins de dix minutes après le passage du convoi présidentiel, en bon officier, Jay avait eu le réflexe de noter les plaques d'immatriculation des véhicules encore garés derrière la barrière de bois du désormais célèbre Grassy Knoll. Là où certains témoins situaient le point de départ des coups de feu.
Pendant de nombreuses années, Jay n'avait jamais remis en cause les conclusions du rapport Warren. Après tout, l'enquête avait été directement conduite par J. Edgar Hoover, le premier flic du pays. Et puis, un jour, Harrison avait demandé une copie de son propre calepin. Celui où il avait consigné ses renseignements sur les véhicules.
Son but n'était pas de pister les propriétaires mais de garder un souvenir personnel lié à ce 22 novembre. La réponse du FBI avait modifié son point de vue à tout jamais : absent des archives, son carnet n'avait officiellement jamais existé.
*
Jay Harrison, terrassé par un cancer, n'était plus là.
Mais certains de ses mots restaient ancrés en moi.
Ainsi, lorsqu'il évoquait les difficultés rencontrées pour tenter d'approcher la vérité des événements de Dallas, l'ancien policier utilisait une parabole. À l'écouter, l'assassinat de JFK était un immense puzzle dont nous ignorions le dessin final. Aussi, avant de tenter d'assembler ses pièces, convenait-il d'entreprendre un grand tri. Comme si différentes boîtes avaient été mélangées, il fallait
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