Marilyn, le dernier secret
alors : plutôt que de me lancer dans l'impossible opération « je téléphone à tous les Steve Miller du pays », mieux valait retrouver ceux qui avaient fréquenté cet inconnu au milieu des années 1990. Donc, fouiller dans le passé d'Eunice Murray.
Un membre de sa famille se souviendrait peut-être de celui qui déclarait avoir passé six mois auprès d'elle ?
Avec un peu de chance, la piste me permettrait peut-être de résoudre certains des mystères entourant l'assistante à domicile de Marilyn Monroe…
Tout cela se tenait.
Enfin, il suffisait de s'en convaincre !
De toute manière, disposais-je d'un autre choix ?
1 -
In Woman's Day, 24 juillet 1995.
2 -
Idem .
83. Évasive
Elle tenait un second rôle, mais elle méritait à coup sûr plus de lumière.
Emporté par le rythme effréné des révélations accusant tour à tour les Kennedy, la mafia, le FBI ou encore la CIA, l'image d'Eunice Murray se fondait dans l'arrière-plan.
Pourtant elle était officiellement la seule personne présente au domicile de Marilyn durant ses ultimes heures. N'était-ce pas elle qui avait découvert le corps de l'actrice et donné l'alerte ?
Mais son retrait rapide ne signifiait pas que l'assistante avait disparu des thèses et hypothèses proposées livre après livre. Si, de l'un à l'autre, le portrait que l'on en brossait, pouvait varier, tous, au fond, traçaient cependant les contours d'un personnage essentiel.
L'un des rares connaissant la réalité des événements survenus dans la nuit du 4 août 1962.
L'un de ceux aussi qui, avec opiniâtreté, année après année, avait tout fait pour étouffer la vérité.
*
Évidemment, Frank Capell émit rapidement des doutes sur la personnalité et le rôle d'Eunice Murray. Dans son livre, l'extrémiste de Statten Island n'avait pas résisté à la tentation de noter que son mari avait appartenu au Parti communiste américain, omettant au passage que le couple était séparé et que John Murray vivait depuis près de dix ans au Texas. Mais bon, cette première salve poussa d'autres auteurs à exploiter la même veine bien des années après.
Le dernier en date, Don Wolfe, pointa à son tour du doigt les liaisons « rouges » de l'assistante. Et utilisa le témoignage de Norman Jefferies, un neveu de Murray, pour la discréditer. Les « confidences » de ce dernier ne tenaient guère la route, et se révélaient même quasiment grotesques lorsqu'on connaissait ses motivations réelles, mais qu'importe, le ver était dans le fruit. Norman Jefferies avait beau détester sa parente, user à son égard de diatribes dignes des plus tragiques heures de la guerre froide, quand il se disait persuadé que Marilyn avait été victime d'un complot orchestré par un agent communiste – Robert F. Kennedy – et que, par ordre du Parti, Eunice Murray avait aidé à l'exécution de Monroe [1] , certains se laissaient berner.
*
Avant Capell, accordant par sa propre réticence du poids au mystère Murray, c'est le Détective Sergeant R. E. Byron qui avait été le premier à émettre des réserves sur ce personnage.
Byron, arrivé au 12305 Fifth Helena Drive aux alentours de cinq heures du matin, soit quelques minutes après Jack Clemmons, avait constaté le décès de Marilyn, entamé son enquête dans la foulée, interrogeant les trois témoins présents, commençant par les docteurs Greenson et Engelberg, puis terminant par Eunice Murray. Et la déclaration de cette dernière alimenta l'essentiel du LAPD Death Report, rédigé le 10 août 1962 par ce même détective Byron.
Certes, le policier avait interrogé d'autres proches de l'actrice mais, comme Murray était l'unique témoin de la soirée du 4 août, son récit avait permis de construire une chronologie dont certains points furent vérifiés par l'inspecteur de la section West du LAPD.
Ce soir-là, l'assistante regardait à la télévision la série Perry Mason, ce qui lui permit de donner l'heure précise de la conversation téléphonique que sa patronne avait eue. À l'en croire, elle aurait entendu Marilyn pour la dernière fois vers 20 h 30. Après une conversation téléphonique avec Joe Di Maggio Jr, l'actrice avait contacté le Dr Greenson. Du son qui s'échappait de la chambre, Eunice Murray avait déduit que l'actrice était de bonne humeur. Murray se souvenait avoir ensuite répondu à un autre appel, survenu vers 21 heures. Milton Rudin, l'avocat de Marilyn, appelait afin
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