Marilyn, le dernier secret
de vérifier qu'elle se sentait bien. Et Eunice lui avait expliqué que Marilyn semblait dormir, sans aller vérifier, celui-ci ne tenant pas à ce qu'on la réveille.
Rien d'autre ensuite n'était venu perturbé le déroulement de la soirée.
*
En soi, le rapport de Byron ressemblait à des centaines d'autres.
Ne laissant aucune place à l'interprétation, il était purement factuel. C'était donc avec cette remarque en tête qu'il convenait de lire les deux dernières lignes du policier évoquant ce témoignage : « Note : il est de l'opinion de l'officier (auteur de ce rapport) que Mlle Murray était vague et évasive dans sa manière de répondre aux questions concernant les activités de Mlle Monroe dans la soirée du 4 août. Il n'est pas possible de déterminer si cela était intentionnel ou pas [2] . »
*
Au fil des années et au gré de ses très rares interventions publiques, Eunice Murray ne fit rien pour infirmer l'étrange impression du détective Byron.
Au contraire même.
Ainsi, en 1962, interrogée par la LAPD, l'assistante avait affirmé s'être inquiétée du sort de la star quand, au beau milieu de la nuit, elle avait remarqué de la lumière filtrant sous la porte de sa chambre. Or, en 1973, dans un entretien accordé au Ladies Home Journal pour contrer les accusations contenues dans le livre de Norman Mailer, Murray changea sa version. Désormais, c'était le fil du téléphone passant sous la porte qui avait attiré son attention. Parce que Marilyn souffrait d'insomnies et prenait soin de placer le combiné dans la pièce la plus éloignée du lieu où elle dormait, le recouvrant de coussins afin d'étouffer le son d'une éventuelle sonnerie.
Ce détail pourrait paraître insignifiant, mais il ne l'était pas. Si Eunice Murray avait modifié son témoignage, c'était parce que, quelque temps plus tôt, la presse avait révélé que la moquette de la chambre empêchait toute lumière de passer. L'argument ayant justifié son intervention ne fonctionnant plus, l'assistante avait modifié son récit sans même prendre le soin de s'en justifier.
*
Et ce revirement n'a rien d'un cas d'espèce…
Questionnée par Byron, Eunice Murray avait déclaré avoir trouvé le corps sans vie de Monroe aux alentours de 3 h 30 du matin, le 5 août 1962. Mais en 1973, elle estimait que la macabre découverte s'était produite aux alentours de minuit. Un horaire qu'elle confirmait deux ans plus tard dans Marilyn : The Last Months [3] , insipide tentative de récit de ses derniers mois en compagnie de la star.
*
Mais le contre-pied le plus spectaculaire concerna la venue de Robert F. Kennedy au 12305 Fifth Helena Drive dans la journée du 4 août 1962.
Après avoir nié sa présence en 1973 et 1975, Murray revint sur ses déclarations en 1986 lors du tournage du documentaire de la BBC, Say Goodbye to the President .
Un coup de théâtre dont le réalisateur, Ted Landreth, se souvenait parfaitement : « L'interview avait été conventionnelle en ceci que Mrs Murray n'avait pas changé la version qu'elle avait récitée durant tant d'années. Mais, aussitôt la caméra arrêtée et les lumières éteintes, Mrs Murray avait fait une remarque stupéfiante. Par chance, la bande-son tournait encore et nous avons inclus son commentaire dans le film [4] . »
Hors champ, Eunice assurait qu'il était en effet présent, déclaration qu'elle agrémenta de détails. Anthony Summers, qui venait de mener l'interview, eut le réflexe de poursuivre l'entretien : « Mrs Murray m'a dit soudain : “Pourquoi donc, à mon âge, dois-je ainsi continuer à dissimuler la vérité ?” Je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire, et elle nous a stupéfiés en admettant que Robert Kennedy avait effectivement rendu visite à Marilyn le jour de sa mort, et que le médecin [le Dr Greenson] et une ambulance étaient arrivés alors qu'elle était encore en vie [5] . »
*
Cette brusque et tardive confidence devenait une énigme supplémentaire à déchiffrer.
Comme je l'ai démontré plus haut, il était impossible que l'Attorney General ait pu rendre visite à Marilyn le jour de son décès. Partant de cette vérité aussi étayée qu'établie, cela signifiait que Murray mentait. Comme l'histoire farfelue de l'ambulance chère à James Hall le confirmait d'ailleurs.
Dès lors, une autre interrogation surgit : qu'est-ce qui poussait l'ex-assistante à domicile de Monroe à distordre ainsi la
Weitere Kostenlose Bücher