Marilyn, le dernier secret
vérité ?
Pour certains, Eunice avait été victime de son âge. De fait, en entendant l'enregistrement de sa conversation avec Summers on la devinait quelque peu confuse [6] .
Personnellement, je ne croyais pas à cette explication. De mon point de vue, Murray avait au contraire pesé ses mots. Et l'implication de Bobby ne relevait ni du hasard ni d'une sénilité précoce.
« L'aveu » à Summers relevait de la même logique personnelle que ses autres arrangements avec les faits. Mises bout à bout, ses déclarations variaient pour ne prouver qu'une chose : l'assistante à domicile de Marilyn Monroe ne souhaitait surtout pas que l'on connaisse les secrets de la dernière nuit de l'actrice.
Plus que jamais, retrouver Steven Miller s'imposait.
1 -
In The DD Group , op. cit.
2 -
In Re : Interview of persons known to Marilyn Monroe, 10 août 1962. Voir annexe.
3 -
Marilyn : The Last Months, Eunice Murray, Pyramid Books, 1975.
4 -
Cité in http ://users.skynet.be/p.pollefoort/pages/enquete/quiatuemm.htm
5 -
Ibid .
6 -
In The DD Group, op. cit .
84. Veuve
Reconstituer la vie d'un inconnu est un exercice troublant.
Normalement, en fin de parcours, une fois assemblés les morceaux épars du puzzle que forme l'existence de quelqu'un, domine le sentiment de vagabonder en terres familières. On a l'impression de connaître la personnalité, les traits de caractère, de celui ou de celle sur qui on a enquêté.
Mais là, après des mois passés à suivre patiemment les traces d'Eunice Murray, j'avais toujours la sensation de me confronter à une étrangère. À un mystère même.
*
Le portrait habituel de l'assistante à domicile de Monroe constitue un curieux mélange de style, tant les informations semblent contradictoires.
Selon certains ouvrages, Marilyn détestait Eunice, l'actrice ayant l'impression d'être jugée en permanence par son employée. De fait, d'après d'autres livres, la vraie fonction de Murray n'était pas de tenir compagnie à la star mais d'espionner ses faits et gestes au bénéfice du Dr Greenson.
Murray, Greenson… l'histoire méritait quelques lignes.
En 1946, Ralph Greenson s'était porté acquéreur de la villa d'Eunice Murray. À quarante-quatre ans, abandonnée par son mari, celle-ci n'avait plus d'autre choix que de vendre la propriété de type mexicain construite à Santa Monica. Quinze ans plus tard, le psychiatre parvint à convaincre Marilyn d'engager une assistante à domicile et recommanda Eunice. D'où l'idée que Murray avait été en réalité placée là pour la surveiller. Un sentiment renforcé à la fois par le fait qu'Eunice ne possédait aucune qualification en psychiatrie et par le sentiment que Ralph Greenson désirait réellement contrôler l'existence de sa patiente.
Si l'on voulait présenter le Dr Greenson comme un mélange de Raspoutine et de Machiavel, alors Eunice Murray enfilait parfaitement les habits de l'âme damnée à son service. D'ailleurs, n'avait-elle pas déclaré, le 6 août 1962, dans les colonnes du Los Angeles Herald Examiner, que, « concernant Marilyn, le Dr Greenson [m']avait donné certaines instructions que je ne peux pas répéter [1] » ?
C'est en tentant de compléter cette ébauche, à mon sens caricaturale, que je découvris les raisons de croire un peu plus aux révélations de Steven Miller.
*
Eunice Marjorie Joerndt vint au monde le 3 mars 1902 à Chicago. Élevée au sein d'une organisation religieuse rigoureuse, sous l'influence de sa sœur aînée, elle se maria à vingt-deux ans.
Neuf mois plus tard, Eunice donnait naissance à sa première fille. Et – cela ne s'inventait pas – celle-ci fut prénommée Marilyn !
Quelque temps plus tard, la famille Murray quitta l'Illinois pour la Californie. Où, le 20 mars 1926, Eunice accouchait de jumelles, Patricia et Jacqueline.
Ces précisions généalogiques pourraient paraître superflues si elles n'étaient pas à l'origine de la rencontre avec le Dr Greenson. Or aucune biographie consacrée à Marilyn Monroe n'a jamais éclairci ce point, pourtant susceptible d'éclairer d'un jour nouveau la relation entre le médecin et la future assistante de la star. En fait, Jacqueline Murray souffrant de troubles psychologiques à l'adolescence, Eunice, désemparée, fut orientée vers le Dr Greenson afin de trouver un traitement [2] .
On apprend donc que, en 1946, quand Eunice, abandonnée par son mari, se décida à vendre sa villa, le Dr
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