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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Basile.
Anna Maria était là aussi, le visage baissé et les traits tirés par les pleurs.
Locksley chercha à saisir son regard, mais elle détourna la tête et il
n’insista pas. Après tout, il avait tué son frère, ou tout au moins le
croyait-elle. Le seigneur des Baux et ses familiers grimpèrent les marches de
l’échafaudage et s’installèrent sur les bancs, sauf Raimbaud de Cavaillon qui
resta en bas à échanger quelques paroles avec des valets d’armes.
    Locksley examina un moment les gens des Baux avant
de s’approcher de l’estrade. Guilhem était en compagnie des chevaliers. Même
Martial était venu, sa jambe brisée attachée entre deux morceaux de bois. Son
visage était toujours déformé et tuméfié.
    Le Saxon s’inclinait devant le châtelain quand
retentirent des exclamations et d’immenses vivats. Comme tout le monde, il
tourna la tête pour voir Castillon descendre le chemin rocailleux, entouré de
plusieurs de ses hommes. Le frère de Hugues portait un carquois et un arc plus
court d’un pied que le sien.
    Quand il fut à son tour en bas de l’estrade,
ignorant superbement son adversaire, Hugues des Baux dit quelques mots au
héraut d’armes. Le cor retentit et le héraut clama à la foule :
    — Oyez, oyez, oyez ! Cette joute a pour
objet de régler un différend au sujet d’une femme entre deux vaillants
seigneurs, le noble Rostang de Castillon et le comte de Huntington. La femme
ayant été condamnée à mort, elle appartiendra au vainqueur. Notre seigneur a
choisi le noble chevalier Raimbaud de Cavaillon comme juge d’armes et ses décisions
seront sans appel.
    Aussitôt Raimbaud partit mesurer les quatre cents
pieds avec une corde. Quand ce fut fait, les valets d’armes tracèrent une ligne
sur le sol rocheux avec un morceau de charbon de bois. Robert de Locksley et
Castillon s’avancèrent vers la ligne.
    — Celui qui franchira ce trait sera
disqualifié, les prévint Raimbaud en s’installant devant la ligne.
    Il ramassa deux brindilles qu’il coupa et
dissimula dans sa main. Puis il tendit son poing aux deux hommes.
    — La plus courte désignera le premier à
tirer, fit-il.
    Ce fut Castillon.
    Le Baussenque s’installa derrière la limite,
sortit son gant de cuir et l’enfila, puis choisit longuement une flèche en
vérifiant son équilibre, la plaça dans l’arc, le banda et, après avoir
longuement visé, lâcha la corde.
    Robert de Locksley suivit des yeux le trait qui,
après une légère courbe, se ficha dans l’oiseau rouge en vibrant.
    Dans le public, le tumulte fut incroyable. Un
hourra de triomphe retentit, suivi d’exclamations et de vivats qui parurent
sans fin. C’était la première fois qu’on atteignait cette cible à quatre cents
pieds ! Castillon leva son arc d’une main pour afficher son contentement,
tandis que la foule enthousiaste s’agitait et que déjà certains engageaient des
paris.
    — Je doute que vous fassiez mieux, Locksley,
lâcha le Baussenque.
    — C’est bien trop facile pour moi, répliqua
celui qu’on avait appelé Robin au Capuchon, quand il n’était qu’un voleur dans
la forêt de Sherwood.
    Devant son adversaire stupéfait, il s’éloigna de
la ligne noire en comptant trente pieds de plus. En même temps, il enfilait son
demi-gant et serrait son brassard. Arrivé à la distance qu’il avait décidée, il
saisit une flèche du carquois, la posa nonchalamment sur la corde et tira sans
viser.
    Le silence était total quand la flèche partit.
Elle se planta en vibrant dans l’oiseau, juste contre celle de Castillon.
    Il y eut quelques secondes de stupéfaction avant
que ne déferle une vague de murmures d’étonnement et d’incompréhension suivie,
en dépit des préjugés de la populace, par des vivats et des acclamations.
    Castillon était pétrifié. Pendant un instant, il
chercha de l’aide en regardant son demi-frère dont le froncement de sourcils
marquait la perplexité. Quant à Anna Maria, non seulement elle ne pleurait
plus, mais elle était aussi stupéfaite. Seul Guilhem n’était pas surpris et
dissimulait un sourire.
    Robert de Locksley ayant tiré de plus loin, il
aurait dû être déclaré vainqueur et le juge d’armes était embarrassé. Il appela
les deux candidats près de lui et leur proposa un second tir pour les
départager.
    — J’accepte, dit Castillon, mais encore à
trente pas de plus, et cette fois Locksley tirera le premier !
    Celui-ci hocha la tête pour agréer la

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