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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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suggestion.
    Raimbaud de Cavaillon donna des ordres aux valets
d’armes, puis se dirigea vers l’estrade pour annoncer sa décision à son maître.
    En l’entendant, Hugues des Baux grimaça. Son frère
n’avait jamais tiré à quatre cent soixante pieds, mais il ne pouvait se dédire
et annuler le tournoi.
    Il se leva, parla au héraut et fit sonner le cor.
    — Oyez, oyez ! Les deux tirs ne pouvant
être départagés, les champions recommenceront à quatre cent soixante pieds,
annonça le héraut d’une voix de stentor.
    Une immense clameur de surprise retentit, suivie
de cris d’encouragement qui paraissaient ne pas vouloir s’interrompre et dont
on ne pouvait distinguer s’ils s’adressaient à Castillon ou au Saxon.
    Le juge d’armes revint à sa place et donna ordre à
l’Anglais de commencer.
    La foule attendait maintenant dans un silence
inquiet. Locksley sortit de son carquois une flèche au hasard, la bascula sur
l’arc et la lança avec la même insouciance que précédemment, donnant même
l’impression de ne pas regarder la cible.
    Chacun regarda voler le trait dans le silence le
plus total, ce qui rendit les vociférations et les acclamations qui suivirent
encore plus intenses quand il se ficha à côté des deux autres.
    Castillon ne cacha pas sa contrariété. Il sortit
plusieurs flèches de son arc, les soupesa en vérifiant minutieusement leur
alignement. Puis en ayant choisi une, il la posa sur la corde et banda l’arc,
visant longuement.
    La flèche se ficha à l’extrémité de la queue de
l’oiseau de bois, bien à l’écart des autres tandis qu’une sourde vague de
déception déferlait.
    Une fois encore, le juge d’armes était embarrassé.
Il était certain que le tir de l’Anglais était meilleur, mais la règle était
seulement d’atteindre l’oiseau. Or, les deux tireurs l’avaient touché.
    À nouveau il revint à l’estrade et fit part d’une
proposition à Hugues des Baux : que les tireurs recommencent, à trente
pieds de plus.
    C’était folie ! Personne ne pouvait atteindre
la cible à une telle distance, lui répliqua le seigneur des Baux, approuvé par
les autres chevaliers.
    — Si c’est impossible, seigneur, l’Anglais
n’en sera pas plus capable que votre frère, remarqua fielleusement Guilhem. Ce
n’est qu’un fanfaron insolent. Vous avez remarqué qu’il ne vise même pas ?
Seule la chance l’a favorisé ! Vous pourrez toujours les faire recommencer
plus près quand ils rateront la cible. Et si le seigneur Castillon la touche,
il sera certainement le seul à y parvenir.
    La foule attendait. Après une ultime hésitation,
Hugues des Baux se leva et dit quelques mots au héraut qui déclara, après une
sonnerie du cor :
    — Oyez, oyez, oyez ! Veillez entendre
votre seigneur !
    Hugues des Baux prit la parole :
    — Le tir pour départager les champions sera
recommencé à cinq cents pieds, lança-t-il.
    Le tumulte fut incroyable et en même temps des
bousculades éclatèrent, car les spectateurs voulaient tous mieux voir ce qui
allait se passer.
    Le juge revint aux tireurs et fit mesurer quarante
pieds de plus par les valets d’armes. Puis il déclara à haute voix pour que
chacun entende :
    — C’est au vaillant seigneur Rostang de
Castillon de commencer.
    Il y eut quelques cris d’encouragement, mais
beaucoup moins que pour les tirs précédents. Le public se rangeait déjà du côté
de celui qu’il jugeait le plus fort.
    Castillon transpirait. Des gouttes de sueur
perlaient sur son front. Il hésita longuement dans le choix de la flèche, puis
tendit son arc autant qu’il le put et enfin lâcha le trait. Celui-ci vola et
passa au-delà du poteau, provoquant immédiatement des vociférations de dépit et
quelques sarcasmes.
    — La place est au noble seigneur comte de
Huntington, fit le juge d’armes d’une voix mal assurée.
    Cette fois, Robert de Locksley parut plus
concentré. Ayant placé une de ses flèches de peuplier sur la corde de soie, il
éleva l’arc de toute la longueur de son bras gauche jusqu’à ce que l’extrémité
de la flèche soit au niveau de sa figure. Puis il tendit brusquement la corde
jusqu’à son oreille, courbant l’arc presque à le briser. Il y eut un claquement
plus fort que les autres fois et la flèche partit en sifflant.
    Dans un silence incroyable, tout le monde la
suivit des yeux. Non seulement elle atteignit l’oiseau mais elle alla fendre
une des flèches de son rival

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