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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qui la composent.
    Un domestique l’accompagna à la bergerie. C’était
un bâtiment très bas, tout en longueur, couvert d’une toiture de pierre. Situé
en bordure d’une falaise vertigineuse, on avait dressé devant une barrière en
bois pour que les animaux ne s’y précipitent pas dans un moment d’affolement.
    La bergerie était vide. Le troupeau de moutons
était descendu boire à l’Arcoule, mais les chèvres étaient là qui rongeaient
les herbes et les mousses sur les rocailles. Elles paraissaient en bonne santé.
Ibn Rushd s’approcha pour examiner leurs crottes, puis entra dans la bergerie
pendant que le domestique attendait.
    Une partie du bâtiment, fermée par des barrières,
était réservée aux chèvres, avec du fourrage dans un râtelier de bois. La
mangeoire contenait du foin et des herbes. En s’approchant, Ibn Rushd reconnut
immédiatement les feuilles de colchique séchées. Pour en être certain, il les
porta à son nez. L’odeur forte et nauséeuse ne lui laissa aucun doute.
    Du colchique ! L’herbe de la magicienne
Médée. Même séchée ou bouillie, elle ne perdait jamais sa toxicité. Le
colchique provoquait des coliques, des nausées, de la diarrhée, des
vomissements puis la mort. Les animaux évitaient d’en manger, mais ces deux
chèvres avaient certainement été accoutumées avec de faibles doses. Depuis,
elles transmettaient le poison dans leur lait. Un lait réservé au seigneur.
    C’était un plan diabolique. On avait sans doute
commencé à empoisonner Hugues des Baux directement au colchique, puis le
médecin s’était méfié et avait suggéré du lait de chèvre, ignorant que ce lait
était aussi un poison, même s’il était moins virulent.
    Ibn Rushd sortit avec quelques feuilles de colchique
à la main.
    — À qui sont les chèvres ? demanda-t-il
au valet.
    — Au père Basile, noble médecin. Mais leur
lait est uniquement pour le seigneur.
    Basile ! Il aurait dû s’en douter !
Castillon avait dit devant lui qu’il avait étudié la pharmacie à Montpellier.
Mais pour qui travaillait-il ?
    En vérité, se dit-il en revenant, cela n’avait pas
d’importance. Il devait juste décider de dénoncer ou non le coupable au
seigneur des Baux.
    Pourrait-il négocier cette information contre la
libération de Fer ? s’interrogeait-il. L’idée était séduisante, mais
comment être certain que Hugues des Baux respecterait sa parole ensuite ?
    Il jeta les brins de colchique, puis reprit le
sentier qui conduisait au château. Plongé dans ses pensées, il n’avait pas
remarqué le père Basile qui venait nourrir ses chèvres.
    À peine avait-il aperçu le médecin arabe,
facilement reconnaissable à sa barbe blanche et à son grand turban, que Basile
s’était jeté derrière un fourré. Que venait faire cet infidèle à la
bergerie ? Un frisson glacial le parcourut. Se pourrait-il qu’il ait
deviné ?
    Derrière le fourré, il vit le médecin jeter
quelque chose qu’il avait à la main, puis remonter vers le château. Le musulman
passa près de lui sans le voir, pas plus que le valet qui le précédait.
    Quand ils furent suffisamment loin, Basile courut
à la bergerie. Le sol était rocailleux et la poignée d’herbes sèches que le
médecin avait jetée était bien visible. Il se pencha pour regarder.
    C’était du colchique ! Il avait donc
découvert la vérité !
    Immédiatement, Basile se précipita dans l’étable.
Rassemblant le foin par brassées, il le jeta du haut de la falaise. Ensuite, il
vérifia partout qu’il n’y avait plus de trace de l’herbe mortelle et il remit
du foin propre avant de faire entrer les chèvres.
    Baralle déboucha dans la cour d’en haut par le
passage venant de la grande salle. Elle avait interrogé son mari et appris que
Guilhem d’Ussel était dans la tour Paravelle.
    La tour n’était pas le point le plus haut, mais
l’endroit du château le plus avancé vers le plateau. Doublée de hourds de bois,
elle permettait surtout de surveiller les passages par le val d’Enfer.
    Hugues des Baux exigeait qu’il y ait toujours un
chevalier pour commander les hommes de guet. À cause des blessures de Martial
d’Arsac, c’est Guilhem qui le remplaçait.
    Il n’y avait pas grand-chose à faire. Appuyé sur
le parapet, Guilhem méditait sur ce qu’il devait décider. Hugues des Baux lui
avait rendu le haubert, le casque et les armes trouvés dans les bagages de
Hugues de Fer. Tôt ou tard, il

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