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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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preuves.
    Durant tout le souper, il s’était efforcé de faire
bonne figure, évitant quand même le regard inquisiteur d’Ibn Rushd.
    — J’ai vu le médecin arabe à la bergerie,
seigneur. Il avait à la main des feuilles séchées de colchique.
    — Il aurait découvert la vérité ?
s’inquiéta Castillon.
    — J’en ai peur, seigneur, mais rassurez-vous,
j’ai tout jeté. Il n’y a plus de preuve. Je crains quand même qu’il ne me
dénonce à votre frère. Il faudra me défendre si cela arrivait.
    Castillon perçut la terreur chez Basile. Il
devinait que, arrêté et torturé, il n’hésiterait pas à parler de lui. Il avait
donc le choix entre deux solutions radicales. Tuer Basile, ou tuer son frère
plus vite qu’il ne l’avait prévu.
    Mais s’il tuait Basile maintenant, il n’aurait
plus aucun moyen d’empoisonner son frère, qui de toute façon était en train de
guérir à cause de ce médecin arabe.
    Donc, il devait tuer son frère. Et le faire
rapidement, car tant qu’il était malade, personne ne trouverait sa mort
anormale, sauf le médecin arabe. Mais celui-là, il l’accuserait d’avoir mal
soigné Hugues et il le ferait pendre.
    Le plus simple était que Hugues ne se réveille pas
de son sommeil, on penserait alors à une mort naturelle. Ses hommes devraient
être ici pour empêcher toute tentative de révolte contre lui. Reconnu seigneur
des Baux, les autres Baussenques, et en particulier son autre demi-frère,
Bertrand, le seigneur de Meyrargues, ne pourraient que s’incliner.
    — Demain, je ferai venir mes hommes, dit-il à
Basile. Peux-tu faire dormir mon frère profondément la nuit prochaine ?
    — Puisqu’il boit à nouveau du vin, je
pourrais mettre de l’opium dans son pot, mais tous ceux qui en boiront seront
assoupis.
    — Fais-le. Ce sera encore plus facile si tout
le monde dort. Nous irons dans sa chambre et nous lui ferons absorber de force
ton poison. Après-demain, je serai le maître.
    Durant deux heures, ils serpentèrent le long d’un
sentier qui grimpa dans la montagnette avant de redescendre sur l’autre versant.
Locksley restait silencieux, éprouvant une douce plénitude à être seul avec
cette femme qui, au fond de son cœur, était devenue Marianne, l’épouse qu’il
avait tant aimée et perdue.
    C’est au bout d’une heure de marche, durant
laquelle ils n’avaient pas échangé un mot, qu’elle se décida.
    — Je vous demande pardon, seigneur, dit-elle,
la voix cassée. Je n’ai pas cru en vous.
    — Les apparences étaient contre moi,
répondit-il.
    Elle resta encore un moment silencieuse avant de
demander :
    — Parlez-moi de Marianne. Comment
était-elle ?
    Il raconta alors sa vie, son combat contre le
sheriff de Nottingham, comment il avait connu lady Marianne, et comment il
l’avait perdue.
    Ils arrivèrent enfin au prieuré de Saint-Paul du
Mausolée, construit sur les ruines d’antiques édifices romains, où on leur
accorda l’hospitalité pour la nuit, dans un dortoir pour les voyageurs.
    Bien que le souper eût été pris depuis longtemps,
ils eurent droit à une soupe servie dans la cuisine dont le feu était toujours
allumé. Ensuite ils gagnèrent le dortoir qui était vide, sombre et glacial. Ce
n’étaient que des paillasses pouilleuses sur des lits de planches à quatre ou
cinq places. Ils en choisirent chacun un, secouèrent les paillasses pour
chasser les poux, puis se couchèrent tout habillés. Robert de Locksley éteignit
alors la petite lampe à huile que le frère tourier lui avait donnée.
    Il ne parvenait pas à trouver le sommeil quand il
l’entendit sangloter. Après de longues hésitations, il se leva et alla la
trouver. Écartant les rideaux du lit, il s’assit à côté d’elle et lui prit la
main.
    Ses pleurs redoublèrent.
    — Pourquoi pleurez-vous, Anna Maria ?
    — Pour mon frère, pour tout ce qui est
arrivé… et pour tout ce que j’ai gâché.
    — Nous tirerons votre frère de sa prison, je
vous le jure.
    — Je ne sais plus que penser,
balbutia-t-elle. Je… je ne suis plus maîtresse de moi-même, de mes sentiments…
J’ai eu si peur. Tout est devenu si incertain. Je n’ai jamais connu cet état…
Vous savez, c’est toujours moi qui décidais pour lui. Il se reposait sur moi,
et je l’ai abandonné. Je ne sais plus ce que je dois faire.
    — Je vous aime, Anna Maria. Si tout cela se
termine, mon vœu le plus cher est de vous ramener en Angleterre.
    Elle allait lui

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