Marseille, 1198
tour l’ascension. Ses armes, attachées dans le dos, étaient
lourdes et le gênaient, mais il avait déjà tant de fois grimpé ainsi dans les
chênes de la forêt de Sherwood que, malgré les années passées, il pouvait
toujours le faire sans difficulté.
Parvenu en haut, pendant que l’ancien soldat de
Castillon grimpait à son tour, il explora soigneusement les alentours. Il n’entendit
aucun bruit suspect et en conclut que rien n’indiquait qu’on leur avait préparé
une embuscade.
Leur guide les conduisit ensuite vers la chapelle.
Parfois, le quart de lune était masqué par un nuage, aussi avançaient-ils avec
la plus extrême précaution, car une simple chute aurait donné l’alerte. Durant
ces périodes d’obscurité, Anna Maria tenait la main de Robert de Locksley et il
éprouvait un profond plaisir à sentir sa chaleur. Le seul endroit difficile fut
le passage à proximité de la porte du plateau, mais comme celle-ci était en
contrebas, Pierre les assura qu’on ne pourrait les apercevoir.
Arrivé enfin à destination, leur guide leur montra
la carrière abandonnée et le trou envahi de broussailles.
Avant de partir, ils avaient acheté à Saint-Rémy deux
lampes à huile et des chandelles de suif. Ils allumèrent les lampes avec un
briquet à amadou et Locksley descendit dans la fosse, se frayant un passage
dans les ronces avec son épée. Il dégagea assez vite l’ouverture et se fit
passer une lampe avant d’entrer dans le boyau en se courbant. Le passage,
sommairement dégrossi au pic, était étroit, mais s’élargissait progressivement
jusqu’à ce qu’il débouche dans une grande salle, une ancienne carrière.
Plusieurs couloirs en partaient.
Anna Maria et Pierre le rejoignirent. Ils
allumèrent une chandelle que Pierre posa sur une pierre plate.
— Où devons-nous aller ?
— Par là ! Les autres boyaux conduisent
seulement à des carrières exploitées pour sortir les pierres du château.
— Vous avez exploré tous les couloirs ?
demanda Anna Maria.
— Non, j’ai eu trop peur d’être découvert.
Pris, j’aurais fini pendu ou jeté de la muraille.
— La relique du pied de Notre Seigneur est
peut-être quelque part par là, fit Anna Maria, en montrant un autre des
passages. Vous vous rendez compte ? L’empreinte du pied de Notre
Seigneur !
— Ce n’est pas ce qu’on est venus chercher,
intervint Locksley en s’engageant dans le tunnel indiqué par Pierre.
Ils traversèrent d’autres salles, visiblement des
carrières car on distinguait les traces des pics sur les parois. Dans l’une,
des ossements jonchaient le sol. Locksley ramassa même une pièce de monnaie à
l’image d’un empereur romain. Soudain, ce fut un bruissement assourdissant. Ils
s’arrêtèrent, figés de peur, et le bruit cessa. En levant la lampe, Robert de
Locksley découvrit des centaines de chauves-souris accrochées au plafond qui
les regardaient de leurs yeux brillants. Sans prévenir, elles s’envolèrent dans
un nuage sombre.
Ils reprirent leur chemin. Le sol était maintenant
jonché d’excréments de chauves-souris. Plus loin, ils découvrirent d’antiques
lampes à huile et des flambeaux de jonc consumés. Il y avait aussi deux vieux
pics à pierre tout rouillés et le fer d’une masse. Des outils abandonnés. Le
boyau commença à monter.
La progression fut lente, car ils devaient avancer
pliés en deux, puis ce furent de grossiers escaliers le long desquels étaient
sculptés des croix et des visages barbus et cornus. Enfin ils butèrent sur une
vieille porte de bois, cloutée et barrée de larges pentures de bronze avec
trois gonds scellés dans la roche. Elle paraissait solide malgré son âge.
Avec sa miséricorde, Locksley tenta d’abord
d’extraire les clous qui tenaient les pentures. S’aidant d’une pierre, il
parvint au bout de plusieurs minutes d’effort à en arracher un. Anna Maria
proposa d’aller chercher les pics et la masse qu’ils avaient vus.
On n’entendait rien de l’autre côté. Pierre
attaqua la roche avec le pic, frappant seulement de petits coups, car il
ignorait où ils se trouvaient. Peu à peu des éclats sautèrent, tandis que
Locksley parvenait à arracher un second clou.
Au bout d’une heure, un gond était descellé et une
penture défaite. La porte commença à bouger.
C’est alors qu’ils entendirent la déflagration.
Terrorisé, Pierre s’arrêta, mais Locksley avait deviné que c’était la poudre
noire du
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