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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Perse qui venait d’exploser. Désormais, il était inutile qu’ils
évitent de faire du bruit, aussi frappa-t-il avec la masse sur le dernier gond
de toutes ses forces. Enfin la porte s’entrouvrit. Il parvint à l’entrebâiller
suffisamment pour qu’ils puissent s’engager dans l’espace libre.
    Anna Maria passa la première avec la chandelle.
Ils découvrirent un mur de jarres et de tonneaux. Le renversant, ils se
frayèrent un passage dans un cellier fermé par une grille. Cette fois, Robert
de Locksley parvint facilement à briser la serrure et, par une volée de
marches, ils débouchèrent dans la cuisine.
    Sachant où ils étaient, ils grimpèrent jusqu’à la
porte des prisons.
    Un peu plus tôt, le père Basile avait rejoint
Castillon dans son appartement du logis des chevaliers. Le bâtiment était plus
calme et silencieux qu’à l’accoutumée, car tout le monde dormait profondément à
cause du vin au pavot. La nuit tombée, ils sortirent et descendirent dans la
cour aux arcades. Castillon vérifia que la garde était vigilante dans la tour
Paravelle et devant le pont-levis, puis ils revinrent aux arcades et passèrent
dans les salles basses. Les domestiques qui dormaient là étaient déjà assoupis
sur les paillasses. Ils montèrent dans la grande salle, déserte et silencieuse.
Il y avait encore des braises dans la cheminée, mais les flambeaux et les
falots avaient été éteints. Comme tout était silencieux, Castillon s’engagea
précautionneusement dans l’escalier conduisant à la chambre de son frère. En
haut, la trappe était fermée la nuit, mais il savait qu’elle n’était jamais
verrouillée. Il la souleva légèrement. La pièce n’était pas dans l’obscurité
totale, car les dernières bûches se consumaient dans la cheminée.
     

Chapitre 28
    H ormis
le léger crépitement du foyer, la chambre était silencieuse. Hugues dormait
dans son lit. Sa femme devait faire de même dans sa chambre. Pendant que
Castillon refermait la trappe, le chapelain s’approcha de son seigneur par la
ruelle entre le lit et le mur et l’observa un moment. Son sommeil paraissait
profond. À table, Basile avait remarqué que Hugues des Baux avait bu plusieurs
fois du vin au pavot. Le chapelain sortit de sa robe une petite fiole de verre
contenant une décoction préparée à partir de la ciguë qu’il faisait pousser au
bord de l’Arcoule.
    C’est à Montpellier, quand il étudiait les
plantes, qu’il avait appris à connaître la ciguë d’eau. On la cultivait dans
les monastères pour ses facultés à estomper les désirs charnels des moines et
des nonnes. En petite quantité, bien sûr, sinon la plante tuait en deux heures.
    Il ôta le bouchon du flacon et l’odeur fétide lui
monta aux narines. En grimaçant, il fit signe à Castillon de l’aider à écarter
les lèvres de son demi-frère.
    Rostang s’approcha et tenta d’introduire ses
doigts dans la bouche de Hugues qui restait obstinément fermée. Le chapelain
intervint alors, en lui tenant la tête, mais sans plus de succès. Devant
l’obstination du dormeur à refuser d’être empoisonné, Castillon força des deux
mains et finalement Hugues ouvrit la bouche, mais ce fut pour protester d’une
voix pâteuse :
    — Laissez-moi !
    Sous la surprise, Castillon le lâcha et Hugues
referma sa mâchoire.
    Ils allaient recommencer quand ils
entendirent :
    — Que faites-vous ?
    Les deux complices levèrent les yeux. La porte de
la chambre en face de celle de Baralle était ouverte et Monteil était là,
encore ensommeillé.
    Castillon se tourna vers lui, terrifié. Il était
venu avec seulement une miséricorde. Le géant sombre s’avança en chancelant,
les yeux dilatés. Lui non plus n’avait pas d’arme. Il n’était vêtu que d’une
robe courte serrée à la taille.
    — Retourne dans ta chambre ! lui ordonna
Castillon en se doutant qu’il n’en ferait rien. Monteil n’obéissait qu’à son
frère.
    En vérité, il voulait juste gagner du temps. Il
savait qu’il allait devoir le tuer. Mais comment ? Son regarda balaya
rapidement la chambre semi-obscure. Il aperçut l’épée de son frère sur un
coffre, avec sa miséricorde. Il y avait aussi un fléau d’armes attaché au mur,
ainsi qu’une arbalète. S’il pouvait saisir l’épée ou le fléau…
    À deux pas du chapelain, pétrifié de terreur,
Monteil aperçut le flacon qu’il tenait.
    — Qu’est-ce que c’est, père Basile ?
Vous donniez à

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