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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fermée à clef. En effet, chaque soir, Foulque la verrouillait pour être
certain qu’il ne sorte pas.
    La chambre n’était pas dans une obscurité totale,
car même si la lune était presque dans son dernier quartier, une lumière
blafarde filtrait à travers l’archère. Guilhem posa son épée sur sa paillasse
et s’approcha du lit des chevaliers dont il tira la custode. Arsac dormait
toujours, mais Foulque Chabrand était assis et, dans un demi-sommeil, lui
demanda d’où venait le cri qu’il avait cru entendre.
    — Donnez-moi la clef de la porte !
ordonna Guilhem abruptement, sans lui répondre.
    Le ton déplut au chevalier qui lui jeta :
    — Vous croyez commander ici ?
    Guilhem n’avait aucune envie de discuter. Une
femme avait crié et il avait l’impression que cela venait de la chambre du
seigneur des Baux. Si c’était Baralle, cela avait sans doute un rapport avec
Roncelin et il devait intervenir. Il attrapa le bras gauche de Chabrand qu’il
tordit tout en passant son autre main sous son oreiller où il savait qu’il
gardait la clef. Il était sur le point de la saisir quand il entendit dans son
dos :
    — Qu’est-ce qui te prend, l’espion ?
    Il se retourna. C’était le sergent d’armes. Le
gros homme avait allumé une chandelle de suif, qu’il tenait par une coupelle,
et brandissait une épée. À la lueur vacillante de la flamme, les traits
grossiers et le front bestial de son visage empâté, entouré de boucles
graisseuses, ne révélaient que la haine et la méchanceté.
    — On a crié, je vais voir ce qui se passe,
répliqua Guilhem.
    — Tu iras si le noble chevalier te le dit,
espion ! cracha le sergent en le menaçant de sa lame.
    Il était à dix pas, la pièce était sombre et
Guilhem tenait toujours Chabrand immobilisé.
    Durant une seconde, il ne se passa rien. Puis de
sa main libre, Guilhem arracha la custode du lit et la jeta sur le sergent.
L’autre ne put l’éviter. Il fit pourtant un pas en avant pour donner un coup de
taille, mais le rideau l’entrava. Abandonnant Chabrand, Guilhem saisit l’épée
du chevalier posée contre le lit et, sans même la dégainer du fourreau, il
frappa celle du sergent, encore enchevêtrée dans le tissu. Sous la violence du
choc, l’autre lâcha son arme ainsi que la chandelle qui s’éteignit en tombant.
La lame du sergent brillait sur les carreaux de terre. D’un coup de pied,
Guilhem la poussa sous le lit, puis, abandonnant l’épée de Chabrand, il attrapa
le sergent par l’épaule et lui envoya un soufflet à l’endroit où devait se
trouver son visage, caché par le tissu de la custode. La tête du soldat heurta
violemment le mur et il perdit connaissance.
    Haletant, Guilhem se retourna pour se trouver face
à Chabrand qui se jetait sur lui avec sa miséricorde. Le chevalier l’aurait
facilement poignardé s’il n’y avait eu un second hurlement déchirant qui le
déconcerta un instant.
    Profitant de son hésitation, Guilhem saisit le
bras qui tenait la lame.
    — Mais arrêtez donc, maître sot ! Vous
n’entendez pas qu’on a besoin d’aide ? lui cria-t-il.
    Ivre de rage et de fureur, Chabrand ne se
gouvernait plus et tenter de le raisonner était inutile. La démence de sa haine
envers Guilhem multipliait sa force. Bien qu’immobilisé, il essaya à nouveau de
le poignarder, aussi Guilhem lui brisa-t-il le poignet qui tenait la lame.
L’arme tombant par terre, il lui envoya son poing sur la figure, lui cassant
une nouvelle fois le nez. Chabrand s’effondra, ensanglanté, étourdi par la
douleur.
    Pendant ces deux brefs combats, Martial d’Arsac
s’était réveillé malgré l’effet du pavot. Immobilisé par sa jambe cassée, il
avait appelé à l’aide les valets d’armes. Ceux-ci n’avaient pas bronché tant
que leur sergent se battait, mais appelés à la rescousse par leur seigneur, ils
ne pouvaient se dérober. Guilhem se trouva donc face à deux hommes de plus, le
domestique étant resté prudemment dans son lit. Par chance, aucun des valets
n’avait d’armes, car ils laissaient leurs masses et leurs guisarmes en bas du
logis.
    Ils étaient là, debout, devant Guilhem, ne sachant
comment le maîtriser quand le sergent reprit conscience. S’étant débarrassé du
tissu qui l’entravait, il se redressa et se jeta sur Guilhem pour le faucher de
sa main droite, large comme une pelle. Se baissant, celui-ci évita le soufflet
et le frappa sur le nez. Cela ferait deux nez brisés,

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