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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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    I bn
Rushd rêvait de son pays et de sa jeunesse quand il eut l’impression d’entendre
un cri lointain. Englué dans son rêve, il tenta de se réveiller et parvint
enfin à ouvrir les yeux. La pièce était dans l’obscurité, à peine une lueur
perçait-elle par l’archère. Son voisin de lit ronflait profondément.
    Il avait donc bien rêvé. Quelle heure pouvait-il
être ? se demanda-t-il. Une fois réveillé au milieu de la nuit, il savait
combien il était difficile de se rendormir à son âge.
    Cherchant à retrouver le sommeil, il laissa son
esprit divaguer. Où pouvait se trouver Robert de Locksley à cette heure ?
Que devait-il faire au sujet de Basile et de l’empoisonnement au
colchique ? Comment devrait-il se comporter avec Guilhem ? Il passait
en revue ces questions, s’efforçant de prendre des décisions pour le lendemain
quand il entendit à nouveau le hurlement.
    Un cri étouffé, certes, mais leur chambre était au
bout du couloir. Il eut pourtant l’impression que c’était un cri de femme. Se
pouvait-il que ce soit Anna Maria ? Mais quand et par où serait-elle
entrée ?
    Brusquement agité, il se leva et alluma une
chandelle avec le briquet de fer qui se trouvait toujours près de lui. Pourquoi
n’y avait-il aucun bruit dans le couloir ? D’autres avaient dû entendre le
hurlement ! À moins que ce ne soit une prisonnière que l’on torture, que
les serviteurs le sachent et qu’on leur ait ordonné de ne pas bouger.
    Devait-il réveillait Nedjm Arslan qui dormait du
sommeil du juste ? Ils étaient enfermés, donc ils ne pourraient rien
faire. Il resta ainsi dans l’indécision jusqu’au troisième cri. Cette fois, il
fut certain que c’était une femme et il secoua son compagnon.
    — Nedjm, on a hurlé plusieurs fois. Je crois
que c’est Anna Maria qu’ils ont capturée et qu’on torture. Il faut la
délivrer !
    L’autre se frotta les yeux, éberlué.
    — Mais nous sommes enfermés, maître, et nous
n’avons pas d’armes.
    — Fais sauter la porte ! Nous mettrons
le feu au bâtiment, nous mettrons le feu partout, mais nous la sauverons !
Elle doit être dans la prison, car les cris étaient étouffés. On libérera
ensuite Fer et Bartolomeo et on fuira comme prévu.
    On le voit, Ibn Rushd avait mis longtemps à se
décider, mais il était prêt, maintenant, à mettre le château à feu et à sang
pour délivrer ses amis sans attendre.
    — Si vite ? Sans l’aide du seigneur de
Locksley ?
    — Si Anna Maria est prisonnière, Robert de
Locksley est mort, répondit-il dans un gémissement.
    En même temps, il allumait une lanterne sourde,
une boîte de fer grillagée avec une grosse chandelle de suif au milieu. Ils en
auraient besoin, à la fois pour y voir et pour allumer les pots à feu.
    Nedjm Arslan ne discutait jamais les ordres d’Ibn
Rushd. Il sauta par terre. Comme il dormait habillé, il eut juste à passer un
manteau sur sa robe. Ensuite il se baissa et tira de dessous le lit une
corbeille d’osier achetée au château. Le panier était plein de coffrets de fer
et de petits pots de terre, tous remplis de poudre noire avec de longues mèches
soufrées. Il y avait aussi un plus gros pot, avec une anse, contenant de la
poudre noire facile à répandre pour provoquer des incendies.
    Il attacha l’une des boîtes explosives contre la
serrure de la porte et ils poussèrent leur huche devant. La mèche fut allumée
avec la lanterne et ils se réfugièrent derrière le lit, leurs mains sur les
oreilles.
    La déflagration fut formidable et la serrure
s’arracha. Dans la fumée soufrée qui avait envahi la chambre, et s’efforçant de
retenir leur toux, ils saisirent le plateau d’osier, enjambèrent la huche, et
sortirent dans le couloir.
    Il n’y avait personne et la fumée commençait à
s’étendre. Nedjm Arslan dispersa de la poudre dans leur chambre et l’alluma,
puis il fit de même devant la porte de Castillon, évitant d’en mettre devant la
chambre où logeait Guilhem. Dans l’escalier, ils entendirent une porte s’ouvrir
derrière eux et quelqu’un appeler d’un ton inquiet.
    Au premier étage, plusieurs personnes les
interpellèrent sur l’origine de la déflagration. Nedjm Arslan jeta dans leur
direction deux pots à feu allumés qui provoqueraient incendies et fumée. Les
lueurs terrifiantes les affoleraient autant que si c’étaient les flammes de l’enfer,
et quand ils retrouveraient leur présence d’esprit, ils

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