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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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rapidement un Notre Père.
    Ils s’apprêtaient à repartir quand Locksley revint
vers le Perse qui portait de solides soliers de cuir recouverts de
bas-de-chausses. Il s’accroupit pour les lui enlever, expliquant au
viguier :
    — Nous sommes bien chaussés, et ils vous
avaient laissé vos heuses, mais Bartolomeo a toujours les chausses de feutre
qu’il portait lors du spectacle quand on l’a arrêté. Elles ne tiendront pas
longtemps et, s’il peut mettre ces soliers , il marchera plus vite.
    Ils rejoignirent les autres sans autre parole.
Locksley songeait à un chant de guerre entendu en Palestine : «  Cruelle
mort, tu peux te vanter, car tu as enlevé au monde le meilleur qui fut jamais . »
    — Où sont-ils ? demanda Ibn Rushd quand il
les vit revenir seuls.
    — Les rochers les ont ensevelis. Partons
maintenant. Bartolomeo, mettez ça si vous pouvez.
    Il lui tendit les soliers .
    — Ils peuvent nous poursuivre par le trou aux
lièvres ? s’inquiéta Anna Maria.
    — Pas pour l’instant, mais ils parviendront
rapidement à dégager un passage.
    — Ils vont nous rattraper, gémit Bartolomeo
en enfilant les soliers qui étaient presque à sa taille.
    — J’ai encore mon arc, tenta de le rassurer
Robert de Locksley.
    Mais il savait que l’arme ne lui serait guère utile
si les poursuivants étaient nombreux et à cheval. Ils n’avaient qu’une épée et
une dague que portait Anna Maria, pas d’eau, pas de nourriture. Ibn Rushd était
un vieillard, et le jour se lèverait dans quatre ou cinq heures. À ce
moment-là, ils seraient totalement vulnérables.
    — Si nous essayions de retrouver nos chevaux
et de fuir ensuite vers Saint-Rémy ? suggéra Anna Maria.
    — Comment trouver le chemin dans la
nuit ? répliqua Robert de Locksley. Nous risquons de nous perdre sans
guide et à Saint-Rémy nous ne saurons où aller. Il vaut mieux tenter de gagner
Sallone où l’évêque nous protégera.
    Dans l’escalier, Guilhem se rendit compte qu’ils
ne pourraient sortir par là. En bas des marches, la grande salle était envahie
par la fumée et les flammes crépitaient dans les salles basses souterraines.
Quant à utiliser l’issue vers la cour de la tour Paravelle, cela impliquait de
traverser la grande pièce enfumée avec le risque de ne pouvoir retourner si
l’issue était fermée. Ils n’avaient pas le choix : ils devraient utiliser
l’échelle de corde.
    Ils remontèrent et fermèrent la trappe, puis ils
placèrent les barres de condamnation dans les encoches prévues à cet effet,
ainsi que celles de la porte communiquant avec le logis des chevaliers. Tandis
qu’ils fortifiaient ainsi la chambre afin de ne pas être surpris et de se
protéger du feu, ils entendirent la voix de Basile. Guilhem tourna la tête et
vit que le chapelain était assis près du lit avec Baralle.
    Il n’était donc pas mort ! Guilhem s’approcha
pour savoir ce que le prêtre disait. Visiblement le religieux souffrait
atrocement et se confessait.
    — … C’est Castillon qui me l’a demandé,
ma dame… Priez pour mon salut… Je n’aurais pas dû lui obéir… Mais je l’aimais
comme un fils… Où est-il ?
    — Monteil l’a tué, répondit-elle sèchement.
Comment empoisonniez-vous Hugues ?
    — Avec du colchique que je cultivais à la
rivière. J’en mettais dans son vin, c’est pourquoi il le trouvait parfois
aigre. Quand il n’a plus bu que du lait de chèvre, j’ai fait manger du
colchique aux chèvres pour empoisonner leur lait, mais hier le médecin arabe a
tout découvert.
    — Il ne nous a rien dit ! s’étonna
Baralle.
    Basile balbutiait un Ave Maria. Guilhem crut que
c’était la fin, mais il reprit d’une voix plus faible.
    — Quand le seigneur de Castillon a su que le
médecin avait deviné, il a décidé de tuer votre époux cette nuit. J’ai mis du
pavot dans le vin… C’est pour ça qu’il dort… Monteil aussi était drogué.
    Et tous ceux qui en ont bu ! devina Guilhem
qui songea aux deux chevaliers dans sa chambre. C’était finalement grâce à
Basile et à sa drogue qu’il était encore vivant !
    La vie s’échappait du chapelain qui ressemblait
déjà à un trépassé. Soudain, une nouvelle déflagration ébranla l’air. Cette
fois le bruit était proche et semblait venir de l’autre côté du château.
Guilhem s’approcha de la fenêtre ogivale, l’ouvrit et entendit des rochers
dévaler la pente, puis ce fut l’odeur de soufre, toujours

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