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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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navire avait-il été attaqué par des pirates ?
Auquel cas il était perdu. Mais son capitaine pouvait aussi avoir acheté de
nouvelles marchandises à des prix avantageux pour les revendre ailleurs. Tout
était possible.
    Botin connaissait la fortune du viguier dont les
entrepôts regorgeaient de sucre et de soie. Il détacha son écritoire,
s’installa à une table et prépara un rapide contrat.
    — Combien voulez-vous, seigneur
chevalier ?
    — Disons deux cents sous d’or, ou plutôt
trois cents, si Vivaud tarde à me rembourser.
    Le juif termina le document et le laissa sur la
table pour que Fer y appose son sceau.
    — Je vous ferai porter la somme dans la
journée, dit-il.
    — J’irai plutôt la chercher, mais je ne vous
ai pas fait venir uniquement pour cela. Je pars au conseil dans un instant pour
une grave affaire. Notre noble vicomte Roncelin a disparu…
    — Disparu ?
    — Hier, mais tout le monde l’ignore, et je
souhaite que cela ne s’ébruite pas. Voici ce qui s’est passé…
    À mesure que le viguier racontait ce qu’il savait,
Ibn Rushd voyait le visage de Botin s’affaisser et se décomposer. Et quand Hugues
de Fer parla du tissu à l’étoile aux seize branches, le juif l’interrompit sans
même se rendre compte de sa hardiesse, tant il paraissait foudroyé par cette
nouvelle.
    — Les Baussenques ? Ce sont eux qui
l’auraient enlevé ? balbutia-t-il.
    — Je le crains.
    — Saint Dieu d’Abraham ! s’écria Botin
en élevant ses mains tachées de vieillesse. Me voici désormais réduit à la
misère de Lazare !
    Devant l’air surpris de Hugues, le prêteur
s’expliqua avec un regard hagard :
    — J’ai prêté à Roncelin près de cinq mille
sous d’or ! Je ne les retrouverai jamais, puisqu’il ne reviendra pas ici
vivant…
    Fer allait lui répondre quand un terrible fracas
retentit venant de la pièce en dessous, puis ce furent des cris d’alerte et
tout un vacarme de bousculade. Hugues se saisit d’une épée et s’approcha de la
cage d’escalier tandis que son écuyer accourait de la tour, une hache à la
main.
    Un homme surgit en haut des marches, repoussant
des pieds et des mains les serviteurs qui tentaient de le retenir.
    — Seigneur, je n’ai pu l’arrêter ! se
défendit l’un d’eux.
    — C’est donc vous le viguier de cette ville
de voleurs ! cria l’inconnu en se ruant dans la salle et en se calant
contre un mur pour ne pas être pris à revers.
    C’était un homme de haute taille, très brun, sans
doute d’origine celte, imberbe, revêtu d’une cotte ajustée vert olive avec un
lourd baudrier d’où pendait une épée à large garde. Il tenait une grande perche
à la main et un carquois était attaché à sa taille.
    — Êtes-vous venu ici pour m’insulter ?
Auquel cas nous pouvons régler cela dans la cour à la hache ou à l’épée !
gronda Hugues en le menaçant de son arme.
    — Je suis venu demander justice !
N’êtes-vous pas le seigneur viguier ?
    — Je le suis ! Expliquez-vous !
    — Je me nomme Robert de Locksley, je suis
saxon et comte de Huntington. Je suis arrivé hier de Palestine, où j’avais pris
la croix, et j’ai été volé, dans cette ville !
    La colère de Fer s’effaça à ces paroles.
    — C’est impossible, fit-il, un ton plus bas,
personne n’est plus honnête qu’un Marseillais, mais s’il s’avérait que vous
ayez raison, je vous jure sur la croix que votre voleur aura pieds et mains
coupés devant le Tholoneum.
    Il s’arrêta de parler quand son regard tomba sur
la perche. Une image lui revint. Celle du chevalier à l’épaisse barbe qu’il
avait aperçu la veille sur le port. Celui qui demandait avec véhémence qu’on
fasse attention à son cheval qui lui avait coûté cinquante bezans de Jérusalem.
Ce n’était pas une perche qu’il brandissait, mais un arc sans sa corde.
    — N’aviez-vous pas une barbe, hier ?
    — Oui, j’avais juré de la couper en revenant
en terre chrétienne et je l’ai fait. Vous m’avez vu ?
    — Je vous ai vu. Prenez un siège, noble
comte, et expliquez-moi ce qui vous est arrivé.
    Locksley considéra à tour de rôle le viguier, son
écuyer et le Sarrasin au turban puis, rasséréné, il fit quelques pas vers un
banc.
    — J’avais pris chambre à l’auberge du
Grand-Puits, en face de l’église de Saint-Martin. Hier après-midi, je suis
resté seul à garder mes armes et mes bagages pendant que Cédric, mon

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