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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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forts. Et seulement quand ils le méritaient.
    Marie-Jeanne contribuait encore à la défense de son père. La voyant dans de si bonnes dispositions, Francœur demanda :
    — Pourquoi n’as-tu jamais expliqué à ton père les machinations de ta mère ?
    — ... Elle menaçait de me faire la même chose.
    — Et pour tes deux frères ?
    — Elle les menaçait aussi.
    Donc, le pauvre homme, trompé par toute la maisonnée, avait été entraîné dans cette spirale de mauvais traitements.
    — Quand tu as menti à l’enquête du coroner, tu avais peur?
    — ... Oui, admit-elle après une petite hésitation.
    — Je comprends.
    L’adolescente se sentit soulagée, comme si cet homme lui accordait son pardon. Non seulement elle avait menti devant le docteur Caron, mais aussi lors de toutes ses rencontres avec lui.
    —Je n’ai plus de questions, Votre Honneur, conclut le député.
    Marie-Jeanne écarquilla les yeux devant cette fin abrupte.
    Le juge Déry consulta l’horloge, puis déclara :
    — Nous allons reprendre après le dîner, à treize heures trente.
    A la table de l’accusation, Fitzpatrick lança entre ses dents :
    — Raccompagnez-la. Tout à l’heure vous reviendrez avec le garçon, le plus jeune.
    — Georges ?

    — Oui, c’est lui, le prochain.
    Comme le stagiaire remontait l’allée avec la jeune fille en passant la porte, elle demanda à voix basse :
    — J’ai bien fait, cette fois ?
    — Si tu as dit la vérité, tu as très bien fait.
    Elle se troubla, passa la langue sur ses lèvres.
    —Je sais que tu as dit toutes les vérités importantes, précisa son compagnon en posant la main sur son épaule.
    Pour le reste, ce sont des détails, n’est-ce pas ?
    Ces mots la rassurèrent un peu. Quand ils entrèrent dans la petite pièce située au fond du couloir, ils trouvèrent les garçons assis de part et d’autre d’une table pliante. Un agent de la paix leur avait apporté quelques sandwichs et des limonades.
    — Viens manger, l’invita Georges la bouche pleine.
    C’est bon.
    Sa corvée terminée, Marie-Jeanne voulut bien se joindre à ses frères.
    — D’où viennent ces largesses ? demanda Mathieu à l’agent.
    *— Fitzpatrick a commandé cela en arrivant ce matin. Il y en a aussi pour vous... si ceux-là en laissent un peu, bien sûr. Le stagiaire se sentit touché par l’attention. Les garçons se mirent à discuter des prochaines semailles et avec un homme de la ville comme interlocuteur, ils se dormaient des allures d’experts.

    Chapitre 26

    Lors de son premier passage au palais de justice, le petit Georges avait fait une impression navrante : son aptitude à rendre un témoignage appris par cœur faisait encore sourire.
    Cette fois, Arthur Lachance se livra à son interrogatoire pour le compte de l’accusation. Peut-être la grosse moustache troublerait-elle l’enfant au point de lui faire perdre son air de contentement béat.
    Après quelques questions pour établir la présence du témoin dans la maison familiale au moment des faits, l’avocat demanda :
    — As-tu vu comment ton père traitait Aurore, l’été dernier ?
    Le gamin se comporta comme un train bien aiguillé.
    — L’été passé, on avait un fouet pour les bœufs. Il montait en haut pour la battre avec ça.
    — Tu l’as vu faire ?
    — Non.
    — Comment le sais-tu, si tu n’étais pas là ?
    — J’entendais brailler Aurore.
    Très vite, il fut établi que ce scénario s’était répété quatre fois. — L’a-t-il maltraitée dans d’autres circonstances?
    — Cet hiver, rien qu’une fois, avec une hart. Maman lui avait conté des menteries.
    — Que veux-tu dire ?

    Georges chercha Mathieu des yeux, au risque de provoquer des froncements de sourcils à la table de la défense.
    — Elle a dit à papa qu’Aurore était couchée dans la grange, sur la paille. Ce n’était pas vrai, elle était après remplir sa paillasse.
    Cette histoire avait déjà fait l’objet d’un compte rendu détaillé. Tout de suite, Arthur Lachance ramena son jeune témoin à l’été de 1919.
    — Tu as dit à la cour tout à l’heure que l’été dernier, tu l’avais vu la battre quatre fois avec un fouet à bœufs. A-t-il utilisé autre chose ?
    — Oui, le manche de hache, rien qu’une fois.
    — Tu sais pourquoi ?
    — Non.
    — Tu te rappelles autre chose ?
    Il se concentra encore, fouilla sa mémoire.
    — Une fois, maman... maman l’a culbutée en bas de l’escalier.
    —

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