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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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aussi.
    Au ton du marchand, Mathieu devina que les deux notables ne présenteraient pas une liste identique.
    — Nous n’avons pas de salle paroissiale, continua leur guide, mais vous pourrez exécuter les procédures dans la sacristie.
    — Il me faudra un local pour l’autopsie, précisa Albert Marois.
    — La maison de la morte...
    — Non, cela ne se fait pas.
    — Le sous-sol de l’église, peut-être.
    Ce seraient des lieux de fortune, mal éclairés. Le village ne bénéficiait pas encore de l’électricité. Le chirurgien laissa échapper un long soupir, espérant que l’affaire ne soit pas trop complexe.
    Mailhot secoua les rênes et claqua la langue. La jument se mit en route d’un pas régulier. En quelques minutes, ils furent rendus au presbytère. Ils étaient attendus, la porte s’ouvrit devant eux sur un prêtre un peu effaré, résolu tout de même à faire bonne figure. Cette histoire jetterait un certain discrédit sur lui et sur toute la paroisse. Même dans le milieu ecclésiastique, des collègues murmureraient que ce genre de chose ne survenait pas dans les cures bien conduites.
    — Entrez, entrez, messieurs. Il fait si froid dehors.
    Ce fut au tour du juge de paix de faire les présentations.
    — Débarrassez-vous de vos manteaux, dit le curé après les salutations.
    Sa ménagère se tenait à son côté, afin de recevoir les lourds vêtements d’hiver.
    — Je vais aller tout de suite voir la morte, décida le policier. Dans ce genre de situation, le temps est précieux.
    Mailhot, je veux vous dire un mot en privé.
    Le ton ne tolérait aucune contestation. Tous les deux retournèrent dehors. Le détective prit son compagnon par le bras pour l’éloigner de la porte du presbytère.
    — Je vais prendre votre voiture, car je devrai rapporter le corps.
    Le marchand l’entendait bien ainsi. Le petit cadavre logerait dans la boîte.
    — Nous aurons besoin de témoins. Vous avez des noms ?
    — Hier, je me suis arrangé pour montrer ses blessures
    ;i des voisins, Lemay, Gagnon, Chandonnet...
    — Gagnon ? C’est un parent de la défunte, je suppose.
    — C’est surtout un voisin. Il y a beaucoup de Gagnon dans les parages.
    Le policier laissa échapper un soupir avant de remarquer:
    — Tous apparentés, bien sûr.
    — De près ou de loin. Cela n’en fait pas des amis ou des complices, pour autant.

    — Ces gens l’ont vue morte ?
    — Ou agonisante.
    Donc, ils parleraient de l’état du corps à la toute fin. Cela pourrait suffire pour porter des accusations.
    — Personne n’a aperçu les suspects lui imposer des sévices ?
    — Ils ne la martyrisaient pas en public.
    Les crimes domestiques présentaient toujours la même difficulté : tout se passait à huis clos.
    — C’est un mot bien sévère, martyriser.
    Mailhot secoua la tête.
    — Vous verrez vous-même.
    Le policier plissa les yeux, un peu incrédule tout de même.
    — Quelqu’un a pu constater la détérioration de son état au fil des jours ? Le médecin ?
    Son interlocuteur fit un nouveau geste de dénégation.
    — Le docteur Lafond est allé la voir en septembre, puis hier. Sauf les membres de la famille, la mieux placée pour tout raconter, c’est la voisine, Exilda Lemay.
    — Elle est capable de parler en public sans trop trembler?
    — Vous aurez du mal à l’arrêter.
    Le détective Couture hocha la tête. Un témoin trop bavard pouvait aussi se transformer en nuisance.
    — Et dans la famille, nous pouvons nous fier à quelqu’un ?
    — Les parents vont faire front commun. Leur histoire est toute
    prête
    :
    ils
    devaient
    châtier
    une
    gamine
    vicieuse.
    — La victime avait des frères, des sœurs ?
    — La plus vieille a douze ans.
    L’homme resta quelque peu songeur, avant de convenir :
    — Le coroner voudra certainement l’entendre. Bon, j’y vais.
    Spontanément, Mailhot lui emboîta le pas.
    — Vous, précisa Couture, vous restez ici pour voir à la composition du jury. Cherchez des hommes raisonnables, respectés de leurs voisins.
    — Vous ne savez pas où c’est.
    — Alors, vous allez me le dire. Croyez-vous que je risque de me perdre dans votre grand village?
    L’ironie vexa bien un peu le notable, mais il lui montra le chemin de traverse permettant de pénétrer dans les terres.
    Un peu plus au sud, au septième rang, il devrait tourner vers l’est.
    — La ferme des Gagnon ne sera pas bien loin. La maison, blanchie à la chaux, possède une cuisine d’été. Puis, la
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