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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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des choses... Le matin, je la trouvais dans le lit de sa sœur.
    Des récits semblables confortaient l’homme dans son célibat. Il échappait à toutes ces calamités en partageant sa maison avec sa vieille gouvernante.
    — Où diable a-t-elle pu prendre des habitudes de ce genre ?
    — Au moment de la maladie de ma femme, je l’ai placée à l’orphelinat d’Youville... Elle a appris ça là-bas.
    L’affirmation contenait de lourds sous-entendus. Les institutions dirigées par des religieux et des religieuses généraient des rumeurs si scabreuses, parfois.
    — Vous n’êtes pas sérieux...
    — Dans ces endroits, commença la femme, il y a de tout : des enfants de putain...
    Elle utilisait l’expression dans son sens littéral. C’était vrai. Les enfants des prisonnières se retrouvaient dans des institutions de ce genre, des gamines qui elles aussi faisaient parfois le trottoir, souvent pour le compte des parents.
    Plusieurs devaient avoir été victimes d’inceste, tout comme de nombreuses autres pensionnaires. Des enfants toujours innocents pouvaient y apprendre tous les vices.
    — Elle est revenue de là impure, conclut le père.
    Francœur leva la main pour faire une fois de plus cesser les confidences. L’air lui manquait, soudainement.
    — Dites-moi, je risque encore de me trouver en face de mauvaises surprises ? M’avez-vous tout dit, cette fois ?
    Sa remarque paraissait un peu curieuse, puisqu’il venait de leur imposer le silence. Il clarifia sa pensée après une pause.
    — Le détective Couture se promène à Sainte-Philomène, chez vos voisins. Quelqu’un souhaiterait-il vous faire du tort en rapportant des histoires sur votre compte ?
    — ... Il y a toujours des jaloux, remarqua Marie-Anne.
    — Vos autres enfants risquent-ils de venir témoigner contre vous ? L’accusation voudra peut-être les appeler à la barre.
    Cette possibilité troubla le couple. Sans surprise, la femme s’exprima la première. Dans cette maisonnée, tout en pesant deux fois moins que son époux, c’était elle qui portait la culotte.
    — Ce policier a-t-il le droit de tourner autour de nos petits ?
    — Il doit enquêter, découvrir la vérité.
    — Peut-il les amener à parler contre nous devant le juge?
    Cette éventualité paraissait la perturber plus profondément que les horreurs abordées au cours de la demi-heure précédente.
    — La poursuite peut les faire comparaître. Dans ce cas, ils devront alors jurer de dire la vérité.
    — ... Nous vous avons dit toute la vérité, protesta-t-elle.
    Francœur quitta son siège pour se diriger vers la porte.
    — Je dois vous quitter. Madame, je vous souhaite de vous rétablir très vite.
    — Pour retourner là ? jeta-t-elle avec dépit.
    Bien sûr, son rendez-vous au palais de justice ne devait pas l’inciter à écourter sa convalescence.

    *****
    En arrivant dans les bureaux du procureur général, à l’étage de la bibliothèque de l’Assemblée, Mathieu s’arrêta au local de maître Basile Moreau. Depuis le début de l’affaire Gagnon, le chef de service devait assumer de nouveau une grande part du traitement de la correspondance.
    — Les choses progressent-elles ? demanda le vieil homme, intéressé.
    — Pas autant que le désirerait monsieur Fitzpatrick. Les gens de la paroisse semblent n’avoir rien vu.
    — Dans ce genre d’histoire, on clôt les portes.
    Toujours cette phrase, qui n’expliquait rien en réalité.
    Quand le stagiaire fit mine de gagner sa pièce de travail, l’homme lui précisa :
    — Il vous cherchait, tout à l’heure. Il veut vous rencontrer à une heure trente, à son bureau.
    Mathieu regarda la montre à son poignet.
    — Je vais donc m’y rendre tout de suite.
    Il passa dans l’édifice de l’Assemblée, croisa au passage de nombreux députés pressés de se rendre à la salle des débats... ou de fuir des électeurs venus quémander des faveurs. Dans le bureau de Fitzpatrick, il trouva le détective Couture assis sur l’une des chaises réservées aux visiteurs.
    Après les salutations d’usage, il dit, un peu gêné :
    — Veuillez excuser mon retard, je viens tout juste d’apprendre...
    — Trois minutes d’avance, ce n’est pas tout à fait un retard. J’ai juste eu le temps de commenter les rigueurs de notre hiver avec notre ami commun.
    Le substitut du procureur, hésitant, enchaîna un peu à regret :
    — Jusqu’ici, nous n’avons pas grand-chose contre nos clients. La poursuite

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