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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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à quelqu’un.
    Des larmes perlaient à la commissure de ses yeux. Pour la première fois, on touchait au cœur du sujet. Pourtant, le substitut du procureur regagna sa place avec un air satisfait.
    Francœur le remplaça, une détermination nouvelle sur le visage. Pendant un long moment, il questionna Vitaline Lebœuf sur les circonstances de cette rencontre, au point de faire ressortir combien elle s’emmêlait dans les dates.
    Après avoir évoqué l’automne, elle convint que cela devait s’être déroulé plutôt en août.
    Quand elle tira au clair la succession des mois, elle réussit à troubler l’avocat :
    — C’est un peu avant que la petite fille aille à l’hôpital.
    Ils faisaient croire dans ce temps-là que c’étaient des petits garçons qui l’avaient battue !
    L’homme cilla, puis se concentra ensuite pour démontrer que personne d’autre, dans la maison, n’avait entendu ces confidences. Ce récit d’une personne âgée ne serait jamais corroboré par un autre témoin.
    — Quand vous avez suggéré d’envoyer les petites filles chez les sœurs, il ne vous a pas répondu qu’elles y avaient déjà été ?
    — Je sais bien que ses deux petites filles sont allées chez les sœurs.
    — Pendant deux ans !
    — Oui, monsieur, deux ans.
    La paysanne ne paraissait pas vouloir s’en laisser imposer par ce blanc-bec. L’avocat regagna sa place, le témoin put rentrer chez lui.
    — Cela clôt l’enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, expliqua le juge, puisque personne d’autre n’a été convoqué.
    Sur ces mots, il dévisagea les deux avocats. Chacun hocha la tête pour confirmer ses paroles. Avant que Francœur ne se lève afin de requérir encore la libération de son client, Choquette s’empressa de conclure :
    — Je rendrai ma décision quand la coaccusée dans cette affaire, Marie-Anne Houde, aura comparu à son tour. Elle se trouve toujours affligée de la grippe. Nous reprendrons l’audience le 4 mars, avec l’espoir qu’elle sera rétablie. D’ici là, l’accusé demeurera incarcéré.
    L’avocat de la défense laissa échapper un soupir lassé.
    À sa sortie de la salle, Fitzpatrick se trouvait un peu rasséréné.
    — Picard, déclara-t-il, si la convalescence de cette bonne dame se prolonge, vous pourrez peut-être assister à tous vos cours jusqu’à la fin de la session universitaire.
    Même si cela paraissait bien improbable, Mathieu répondit par un sourire.

    Chapitre 12

    La prison se dressait sur les plaines d’Abraham, une grande construction en brique un peu rebutante au milieu d’un parc magnifique. Napoléon Francœur se gara dans la Grande Allée, compléta le reste du chemin à pied. Des plantons à la mine aussi rébarbative que les barreaux aux fenêtres le reçurent ayec des yeux méfiants.
    — Je désire voir mes clients.
    Comme aucune réponse ne venait, il précisa :
    — Le couple Gagnon.
    — Oh ! Ces salauds.
    L’agent de la paix lui tendit une feuille, l’avocat signa au bas. Il marchait dans un couloir lugubre, bordé de cellules de chaque côté, tandis que des hommes le suivaient des yeux, les mains accrochées aux barreaux d’acier. Une odeur de merde et d’urine flottait dans cette aile. Les seaux d’aisance n’avaient pas encore été vidés depuis le matin. Ces prisonniers passaient leur journée avec leurs propres excréments à moins de trois pieds du nez, et ceux des autres guère plus loin.
    Le corridor débouchait sur un autre, donnant accès à des salles de réunion. Son guide déverrouilla l’une d’elles.
    A l’intérieur, Marie-Anne Houde et Télesphore Gagnon s’accoudaient à une table métallique.
    — Vous allez nous laisser seuls ? demanda Francœur à la matrone debout dans un coin.

    Elle le toisa longuement, apprécia le costume impeccable, les joues rasées de près.
    — Selon le règlement...
    — Vous discuterez du règlement avec votre patron tout à l’heure, il vous rassurera. Pour tout de suite, je compte parler avec mes clients.
    Avec ce notable, protester ne servirait à rien. De toute façon, il risquait peu de s’envoler avec eux.
    — Vous resterez près de la porte, consentit le député pour la rassurer.
    Puis, il rejoignit ses clients à la table, sur la troisième chaise.
    — Vous semblez vous porter mieux.
    En guise de réponse, Marie-Anne se plia en deux dans une quinte de toux. L’homme se recula un peu, plaça une main sous son nez. Exactement un an plus tôt, la seconde

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