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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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en fait, si soulagée qu’elle se fit reproche
d’avoir mal traité ce pauvre homme et qu’elle demanda à Miss Sarah
de lui présenter ses excuses et qu’elle l’autorisait à venir se
réconforter à l’office autant qu’il lui plairait.
    Une telle grandeur d’âme fit pleurer la grosse Marie et
Marinette en fut fort émue. Malheureusement, le capitaine Marchal
était parti « en voyage » brusquement, au dire de sa
concierge, et Miss Sarah ne put lui transmettre ni les excuses ni
l’invitation de Mme de La Joyette, ce que celle-ci regretta en
partie car, si elle avait jugé ses excuses opportunes, elle
estimait que, tout compte fait, la présence, même occasionnelle, de
cet homme – malgré ses mérites – ne l’était peut-être point.
    Elle n’aurait su dire pourquoi, mais elle continuait de penser
qu’il y avait quelque chose d’inquiétant en lui.
    Elle y songea tant qu’elle finit par se souvenir qu’elle avait
croisé cet homme à l’aspect si terrifiant pour la première fois
lorsqu’elle s’était promenée aux Tuileries avec les enfants et
Vassili, ce fameux dimanche de janvier 1921 où ni elle ni Vassili
n’avaient pu trouver les mots pour se parler. Et, étrangement, elle
se souvenait, tout aussi précisément, qu’au moment où elle
s’apprêtait à ouvrir son cœur à Vassili son regard avait croisé
celui de cet homme qui la fixait, ce qui la frappa tant qu’elle en
resta muette de saisissement et ne put reprendre ensuite
sereinement le cours de sa pensée.
    « Un simple détail, un pur hasard, et une vie bascule, se
dit-elle. Comme tout cela est curieux… »
    Dès cet instant, comme si son inquiétude était née de cette
quête inconscience au plus profond de son esprit et que ce souvenir
l’en délivrait, Mathilde en fut rassérénée et le « capitaine
Marchal » disparut de ses pensées.
     
     
     
    7
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Un mois après sa rupture avec le Dr Jacob, Mme de La Joyette n’y
songeait plus et elle lui savait gré de se comporter en parfait
homme du monde et de ne lui en avoir jamais fait reproche. Ce qui
eût été de toute façon fort injuste puisque un affreux cauchemar en
était la cause, ce qui n’était pas du ressort de sa volonté.
    D’ailleurs, elle ne lui en portait que plus d’estime et sa
présence assidue lors du thé le dimanche après-midi lui était
toujours des plus agréables. Mais ce dimanche-là, le 20 mai, il
était en retard alors qu’il était d’habitude fort ponctuel, ce qui
n’était pas pour déplaire au comte de la Fallois, déjà dans les
lieux et qui espérait secrètement qu’il ne vînt pas pour en tirer
avantage auprès de Mathilde. Cependant, à sa grande déception, le
Dr Jacob finit par se présenter, se confondant en excuses et
regrettant d’avoir été appelé au dernier moment par un patient
hypocondriaque qui s’était cru aux portes de la mort.
    – Je regrette parfois d’avoir fait médecine, dit-il en
s’asseyant.
    – Je vous comprends, fit le comte d’un ton détaché. C’est un
métier de mercenaire.
    – Je vous en prie, mon ami, ne soyez pas aussi désagréable, le
rabroua Mathilde. Cela ne vous ressemble guère.
    – Que voulez-vous, ma chère, je ne suis pas que grandeur d’âme,
répliqua le comte en souriant.
    – Tout le monde ne peut pas vivre de ses rentes, persifla le Dr
Jacob, et il y a quelque grandeur à être utile à son prochain.
    – Il est fort regrettable de ne pouvoir vivre de ses rentes,
rétorqua le comte en dévisageant d’un air suffisant celui qu’il
croyait être toujours son rival auprès de Mathilde. Quant à être
utile à son prochain, laissons cela aux prêtres et aux bonnes
sœurs, ils le font très bien. De toute façon, vos médecines ne font
que retarder le moment fatal de l’extrême onction.
    – Anne-Charles, vous m’horripilez à parler ainsi. Je…
    Mme de La Joyette s’interrompit, soudain alarmée par un brouhaha
de voix étouffé provenant du hall.
    À peine s’était-elle levée de son siège pour s’enquérir de la
raison de ce tapage insolite que Louison accourait à pas pressés,
l’air inquiet, la marquise de Bonnefeuille sur ses talons.
    – Cette fille est stupide ! s’exclama la marquise en
écartant la domestique de son chemin d’un geste de la main. Elle
m’a gâché le plaisir de la surprise que je tenais à vous faire en
tenant à tout prix à nous annoncer.
    –
Nous ?
fit Mme de La Joyette sur ses

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