Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mélancolie française

Mélancolie française

Titel: Mélancolie française Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Zemmour
Vom Netzwerk:
romaines. Les grands prédicateurs de la RDH, philosophes, politiques, chanteurs, acteurs, comme leurs prédécesseurs chrétiens, enrôlent et bénissent des millions de « barbares » étrangers sous leur resplendissante bannière, sans se préoccuper de savoir si ceux-ci croient réellement à la nouvelle foi, encore moins s’ils ont envie d’adopter les mœurs de leur nouveau pays ; et se moquent éperdument de l’avis des populations autochtones qui subissent stoïquement ces vagues infinies. L’histoire de l’Empire s’est achevée comme on le sait tragiquement, non par des « invasions barbares », mais, selon Alessandro Barbero, par « la perte de contrôle gouvernemental de ces territoires qui hâtèrent la naissance progressive de royaumes, d’abord autonomes, puis réellement indépendants, précipitant ainsi […] la chute de l’Empire romain ».
    L’assimilation est individuelle ; elle interdit à tout groupe constitué sur des bases ethniques ou culturelles de se rassembler et de se retrancher du reste de la nation sur une partie du territoire ; d’y imposer ses propres lois. Ainsi, Rome ne toléra-t-elle longtemps, jusqu’à la catastrophe ultime, aucun « imperium in imperio ». On a montré comment le pouvoir français – monarchique, impérial ou républicain – a réprimé tout « État dans l’État », quitte à courir le risque du despotisme. C’est que notre pays n’en a jamais fini avec les guerres civiles, réelles ou fantasmées.
    Emmanuel Todd nous en donne la raison la plus séduisante : la France est le seul pays d’Europe dans lequel ont cohabité deux modèles familiaux. Autour du Bassin parisien, un modèle libéral de famille nucléaire, égalitaire ; dans le Sud et l’Ouest, une famille-souche, à la fois autoritaire et inégalitaire. Ces deux modèles familiaux sont pour Todd les matrices de deux régimes politiques opposés, l’un libéral et égalitaire, l’autre conservateur et aristocratique.
    Or, avec l’immigration arabo-africaine, notre pays connaît à nouveau un conflit du même type. La famille française contemporaine, finalement alignée sur le modèle de l’Ile-de-France, est exogame, nucléaire, égalitaire et libérale. L’« échange des femmes », comme disent les ethnologues, a façonné l’histoire matrimoniale de notre pays : entre deux champs ou villages voisins, entre Picards et Marseillais, Bretons et Auvergnats ; la femme y reçoit traditionnellement la même part d’héritage que l’homme.
    La famille musulmane est polygame et endogame ; elle repose sur la loi du clan, et donne ses femmes aux cousins ; elle suppose l'enfermement des filles et le choix contraint. La femme ne reçoit pas une part égale à celle de l'homme dans l’héritage familial. Le voile en est un symbole ; il enferme la femme dans la loi inégalitaire du clan ; il interdit celle qui le porte à l’autre, au non-musulman. Il est donc objectivement tout ce que la société française abhorre, refusant de « donner ses filles » sans réciprocité. La violence de la polémique sur le voile en France repose sur ces incompatibilités entre deux modèles anthropologiques bien davantage que sur la question plaquée du féminisme moderne, qui agit en l’occurrence tel un coucou idéologique. La loi sur le voile dans les écoles de 2004 a pansé la plaie la plus vive ; elle n’a pas guéri le malade.
    La révolte silencieuse d’une part croissante de filles, imprégnées de l’égalitarisme français, a certes érodé les traditions : environ 15 % des femmes maghrébines sont mariées avec un Français. L’« intégration » est en marche, se réjouissent certains ; les parents maghrébins accepteraient l’« exogamie » à la française. Un autre chiffre vient cependant tempérer l’optimisme professionnel des experts : sur 270 000 mariages français célébrés en 2005, 90 000 le sont avec un étranger. Un tiers ! Ce chiffre énorme ne s’explique pas seulement par le développement des transports ou des filières russes. Le gros de la troupe est évidemment composé d’enfants d’immigrés mariés de gré ou de force, avec des cousins du pays ; les pourcentages exponentiels des mariages avec les Turcs ou les Algériens l’attestent.
    La baisse relative de la natalité dans les familles maghrébines fragilise plus encore le modèle endogamique déjà soumis aux pressions de la « modernité occidentale », comme le soutient fort bien Emmanuel Todd. Pour

Weitere Kostenlose Bücher