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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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alla cueillir la botte et aida Anna quis’appuya au tronc d’un petit arbre pendant qu’il la rechaussait.
    – Ô mon prince, penses-tu que nous approchons de la fleur magique?
    Jerzy se contenta de sourire et Anna plissa les yeux. Elle reconnaissait le Jerzy qu’elle aimait tant. Ils marchèrent encore quelque temps avant que Jerzy ne pousse un cri de feint étonnement.
    – Oh! Anna! Regarde!
    Anna se pencha au cœur d’une talle de crosses-de-violons et cueillit une fleur étonnante, faite de corolles superposées, dont les tiges avaient été piquées au cœur les unes des autres.
    – Je n’avais jamais cru à la fleur de la fougère. Mais c’est vrai!
    – Et moi je n’avais jamais cru qu’on épousait celle qui nous avait tressé une couronne de fleurs. Depuis deux ans, je sais que c’est vrai.
    Ils rentrèrent à la maison, la fleur ayant mis un baume sur leur chagrin.
    – Anna, j’ai peur. Penses-tu qu’Élisabeth va revenir comme elle nous l’a dit?
    – Je n’en sais rien, Jerzy. Espérons que son amour pour Étienne va la ramener. Mais elle nous a dit qu’elle ne serait partie que le temps de voir à l’installation de Jan.
    – Moi, j’ai appris qu’on sait quand on part mais que le jour du retour demeure toujours incertain.

51
    Le mois de juillet ne cessait d’assécher la ville. Même le mont Royal semblait flétri. Jan ne remarquait rien, absorbé et fasciné par l’apprentissage de son nouveau métier. Depuis le début du mois, il avait convaincu M. Favreau de laisser travailler Élisabeth à l’épicerie.
    – Pourquoi ne pas faire remplacer M me Favreau pour qu’elle se repose un peu?
    Élisabeth n’avait pas été enchantée de la suggestion de son frère.
    – Moi? Dans une épicerie?
    – Mais oui, Élisabeth. Toi et moi. Ensemble. Tu vas travailler à la caisse et parler avec les gens. Il me semble que tu dois t’ennuyer, toute seule presque toute la journée.
    Élisabeth pouvait répondre oui à cette question, mais non au travail de caissière.
    – Je ne saurais que dire aux gens, Jan.
    – Alors, ne leur parle pas. Attends qu’ils te posent des questions.
    Élisabeth s’était donc retrouvée derrière la caisse. Elle avait refusé que M. Favreau lui verse un salaire, alléguant qu’elle ne travaillait pas mais qu’elle se désennuyait. M. Favreau s’entêta et Élisabeth céda enfin, acceptant un montant qu’elle se promitd’expédier à Jerzy pour qu’il le verse au compte en banque qu’elle avait ouvert pour Stanislas.
    Élisabeth était installée à sa caisse un matin que Jan était parti chez
Séguin Tabac
, place Jacques-Cartier, acheter quelques bonnes feuilles pour M. Favreau. Une dame entra, l’air à la fois timide et réservé. Élisabeth ne l’avait encore jamais croisée et crut, à voir la qualité de sa robe, qu’elle habitait probablement boulevard Saint-Joseph. Étonnamment, peu de gens du boulevard Saint-Joseph venaient s’approvisionner chez M. Favreau, même si son épicerie faisait l’angle des rues Gilford et Saint-André, un saut au sud du boulevard. La dame leva un doigt en l’air avant de commencer à parler. Elle demanda à Élisabeth si elle connaissait la personne qui habitait derrière et qui jouait du violon. La dame, voulant éviter toute méprise quant à sa curiosité, regarda autour d’elle comme pour se donner une contenance.
    – C’est que je me demandais si vous pourriez communiquer avec cette personne. J’aimerais savoir où elle a pris ses cours. Elle a énormément de talent et doit avoir eu un excellent professeur pour si bien jouer. J’ai une petite-fille qui apprend le violon depuis deux ans et je trouve qu’elle n’avance pas assez rapidement. Elle adore le violon mais ses professeurs ne semblent pas comprendre son ambition, je dirais même, voir son talent. Ils lui redemandent sans cesse les mêmes exercices et la petite s’ennuie.
    Élisabeth ne cessa de pester intérieurement contre son frère qui n’était pas là. Elle était condamnée à vanter la méthode Pawulska. Celle de sa mère et la sienne. Elle se résigna enfin à ouvrir la bouche pourdire que c’était elle qui jouait. Devant l’étonnement de la dame qui, de toute évidence, pensait qu’une virtuose ne pouvait être caissière, elle ajouta qu’elle avait appris à Cracovie.
    – Où?
    – Cracovie.
    – C’est une école?
    – Non, une ville. – Une ville?
    – En Pologne.
    – Ah! C’est de là que vient votre

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