Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
Vom Netzwerk:
répression se met en marche. D’une manière tout à fait significative, et pour enrayer le développement de liberté de penser, François I er fait interdire l’imprimerie et ordonne la fermeture des librairies. Au moins, de cette manière, le peuple n’aura plus à chercher une argumentation honnie dans des ouvrages renégats !
    Et surtout, une chasse enragée s’engage contre les « hérétiques ». Au nom de la vérité divine, on condamne, on brûle, on processionne encore et toujours… La procession, en effet, demeure la plus haute expression de la fidélité religieuse ! Pour chaque fête liturgique, pour conjurer une épidémie, pour éviter une mauvaise récolte, pour solliciter les bienfaits d’un saint, pour implorer un miracle, pour calmer la colère du Ciel, la population parisienne est appelée à se joindre aux cortèges pieux qui traversent la ville.
    Parfois, en cas de danger sur la capitale, on fait appel aux mânes de sainte Geneviève. Les moines de Saint-Germain-des-Prés aux robes blanches piquetées de fleurs promènent par les rues les reliques de la protectrice de Paris, et c’est alors une débauche de processions qui sillonnent la ville, celle des églises, celle des officiers municipaux partie de l’Hôtel de Ville, celle des cours souveraines sortie du Palais de justice, celle de l’évêque issue de Notre-Dame.
    Mais face au dévoiement des protestants, on ne saurait parader comme à l’ordinaire, il faut du particulier, de l’inhabituel, du grandiose ! Le 21 janvier 1535, François I er participe à une grande procession expiatoire qui balade dans Paris les plus saintes reliques de la capitale, toutes extraites de la Sainte-Chapelle : la couronne d’épines, une goutte de sang du Christ et une goutte de lait sortie du sein de la Vierge. Et pour être bien certain d’apaiser le courroux divin, six protestants sont brûlés sur le parvis de Notre-Dame. Saisi par cette atmosphère de foi parfaite, le roi prend la parole publiquement pour vilipender les égarements de la Réforme :

— Je veux que ces erreurs soient chassées de mon royaume et ne veux excuser personne… Si mes enfants en étaient entachés, je voudrais moi-même les immoler.
    Pour Paris comme pour toute la France, la belle Renaissance, celle qui a fait vivre les arts et célébré la création humaine, est morte ce jour-là. Il reste la rancune, la haine et la suspicion. Tout ensuite va s’enchaîner avec lenteur, mais de manière irréversible…
    *
    * *
    Tard dans la soirée du samedi 23 août 1572, le roi Charles IX, petit-fils de François I er , convoque au Louvre le prévôt des marchands et lui ordonne de fermer toutes les portes de Paris, de tendre des chaînes sur la Seine pour bloquer les bateaux et de tenir prêts les canons aux carrefours de la ville. Pour les protestants, la capitale se transforme en souricière.
    Dimanche matin à l’aube, jour de la Saint-Barthélemy, une troupe se dirige vers l’hôtel qui se dresse à l’angle des rues Béthisy et de l’Arbre-Sec, là où habite l’amiral Gaspard de Coligny. Ce haut personnage, chef emblématique du parti réformé, est alité, blessé par un attentat à l’arquebuse deux jours auparavant.
    Les soldats catholiques défoncent les portes de la demeure et trucident les gardes qui leur barrent le chemin. De sa chambre, l’amiral comprend ce qui se passe et incite ses compagnons à prendre la fuite. Par les fenêtres et par les toits, c’est le sauve-qui-peut, et nombreux sont ceux qui parviennent à disparaître. Coligny, lui, fait face à ses agresseurs.
    — Jeune homme, respecte mes cheveux gris et ma vieillesse, lance cet homme de cinquante-trois ans au soudard qui fait irruption.
    Il n’a pas le temps de prononcer un mot de plus : un coup d’épée lui fend le crâne et le corps sans vie, précipité par la fenêtre, s’écrase sur le pavé.
Quelle postérité pour l’amiral de Coligny ?
    L’hôtel qu’il habitait – et où il a trouvé la mort – a disparu lors du percement de la rue de Rivoli Mais son emplacement est rappelé par une plaque posée au 144, rue de Rivoli. En 1811, Napoléon donna au culte réformé le temple de l’Oratoire tout proche, au 160, rue de Rivoli. Au chevet de ce lieu de culte protestant a été inaugurée en 1889 la statue de l’amiral. Dix mètres de haut, du marbre blanc, cette œuvre du sculpteur Gustave Crauck a été réalisée grâce à une souscription nationale à

Weitere Kostenlose Bücher