Métronome
Miséricorde !
— Vive Guise ! répondent les Parisiens.
Place Maubert, un avocat galvanise la foule :
— Courage, Messieurs, c’est trop patienter. Allons prendre et barricader ce bougre de roi dans son Louvre !
Henri III se résout à faire appel au maître du parti catholique, qui a discrètement passé cette « journée des barricades » en son hôtel du Marais. Revêtu de son pourpoint de satin blanc, son signe de ralliement, le duc de Guise sort de chez lui, prend possession de Paris et déploie ses troupes à l’Hôtel de Ville.
Le lendemain, le roi sort du Louvre presque seul, et chacun croit qu’il veut simplement faire sa petite promenade quotidienne dans les jardins… Il se dirige vers les écuries des Tuileries, saute soudain sur un cheval et détale au grand galop, direction Chartres où il est assuré de trouver quelques fidèles.
Bien décidé à reprendre le pouvoir, Henri III fait assassiner le duc de Guise au mois de décembre suivant, à Blois, fait arrêter les membres de la Sainte Ligue et s’apprête à assiéger Paris pour reprendre la ville aux ligueurs.
À la fin du mois de juillet 1589, Henri III et ses troupes sont sur les hauteurs de Saint-Cloud. À Paris, chacun se munit de ce qu’il faut pour se défendre, car les pires craintes agitent la population : on en est certain, les protestants vont débouler avec le roi et venger la Saint-Barthélemy…
Mais le combat n’aura pas lieu. Le 1 er août, un moine fanatique, Jacques Clément, plonge son poignard dans le ventre du roi.
— Méchant moine, tu m’as tué ! s’exclame Henri III.
En effet, ses boyaux dégorgent de son ventre et bouillonnent, mais le souverain met plusieurs heures à mourir.
Le seul héritier de la couronne se trouve être le protestant Henri de Navarre qui peut alors prononcer son célèbre adage : « Paris vaut bien une messe », pour s’ouvrir les portes de sa capitale divisée et meurtrie par un terrible siège.
Il se convertit au catholicisme et monte sur le trône en 1594 sous le nom d’Henri IV.
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* *
Et le siècle s’achève dans la concorde. Le 30 avril 1598, le roi de France signe l’édit de Nantes, qui demeure malgré ses imperfections un acte de reconnaissance du protestantisme et un pas vers la liberté de culte, mettant fin à des décennies de guerre civile. Ce jour-là, Henri IV a offert à Paris et à la France le plus beau symbole de ce siècle qui, dans les déchirements et les douleurs, avait voulu être humaniste et porteur de libertés.
Hélas… Douze ans plus tard, le 13 mai 1610, le carrosse d’Henri IV se dirige vers l’hôtel de l’Arsenal où le ministre Sully est alité pour une fièvre passagère. Rue de la Ferronnerie, le carrosse est pris dans les embarras de la circulation : une charrette chargée de foin et le bassin d’un porteur de vin barrent le passage. Pour dégager le chemin, les valets du roi laissent le carrosse sans surveillance… Un illuminé catholique, François Ravaillac, est là qui guette. Il croit que Dieu lui a parlé, qu’il a reçu mission de pousser tous les protestants du royaume à se convertir à la vraie foi. Le carrosse royal, immobile, est bloqué devant lui. Ravaillac se précipite et poignarde le roi par deux fois (les armoiries du roi gravées sur le trottoir marquent aujourd’hui l’endroit du régicide). Le roi perd son sang, on le transporte au plus vite au Louvre pour mander un chirurgien, mais il est déjà trop tard. Henri IV est mort au moment d’entrer en son palais.
XVII e siècle
INVALIDES
Le prix du Grand Siècle
Elle est un peu tristounette, la station Invalides. Elle nous mène aux ors et aux magnificences du Grand Siècle, mais à travers des couloirs gris et sombres. Ça ne fait rien, à peine retrouvée la surface, on découvre les splendeurs et les espaces voulus par Louis XIV pour Paris.
Dans cette zone de la rive gauche, assez excentrée du cœur de la capitale, il n’y avait jadis que des terrains boueux et marécageux, propriétés de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le nom de cette plaine de Grenelle et celui de la station de métro Varenne, non loin, désignent d’ailleurs la même chose : une garenne, une terre de chasse impropre à la culture, ce qui explique pourquoi cette vaste superficie est restée si longtemps en friche.
Louis XIV a lui-même considéré la création de l’hôtel des Invalides sur cet emplacement délaissé comme « la grande idée du
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