Métronome
pour Henri et Gabrielle d’Estrées. Sous Louis XIII, on frappa ici la monnaie royale, le fameux louis d’or. Au premier étage, Henri IV organisait des chasses au renard pour initier ses fils à la vénerie.
À partir de la porte du Carrousel, l’édifice qui va jusqu’au pavillon de Flore est une reconstitution de celui qui avait disparu par suite d’un glissement de terrain. On remarque que les H d’Henri ont été remplacés par les N de Napoléon III. L’empereur ne devait pas être aimé de tous les ouvriers du colossal chantier : regardez en haut du clocheton du pavillon Lesdiguières, le N est à l’envers, une manière de renverser le pouvoir impérial !
En tournant le coin du pavillon de Flore, on tombe sur un manque : le palais des Tuileries, construit au milieu du XVI e siècle pour Catherine de Médicis, ne s’est pas relevé de ses cendres. En effet, incendié par les communards en 1871, il aurait pu être restauré et réhabilité, mais fut stupidement rasé douze ans plus tard. Le Carrousel marquait l’entrée de ce palais depuis le premier Empire et en reste l’unique vestige.
Passons maintenant à la cour Napoléon, celle où se trouve aujourd’hui la pyramide de verre. Une impressionnante galerie de statues des grands hommes qui ont fait la France nous surplombe. C’est à Napoléon III que nous devons les bâtiments qui encadrent cette cour et qui ont pour objectif de corriger l’absence de parallélisme entre les bâtiments longeant la rue de Rivoli et ceux du côté de la Seine. En revanche, c’est le Premier Empereur qui fit percer cette rue de Rivoli avec ses galeries couvertes, initiant ainsi un XIX e siècle qui sera celui des passages offerts à la flânerie des Parisiens. C’est donc à lui qu’on doit les bâtiments du Louvre jusqu’aux guichets de Rohan où, côté pyramide, les abeilles de Napoléon I er nous rappellent le commanditaire des travaux. Côté rue, les maréchaux d’Empire observent impassiblement le ballet des voitures qui traversent Paris par cette grande croisée est-ouest, ces mêmes voitures qui, pour sortir de la ville, seront à nouveau obligées de croiser les maréchaux, devenus boulevards extérieurs, avant d’accéder au Périphérique.
À partir du guichet de Rohan, les bâtiments qui donnent sur la rue de Rivoli datent de Napoléon III, grand architecte de ce colossal édifice qui a vu passer tant de régimes : même la République y a laissé sa trace ! En effet, on peut voir sur les cheminées et les frises du pavillon de Marsan le chiffre RF de la III e République.
On a fait le tour du palais, pénétrons maintenant à l’intérieur du musée par la pyramide de verre. C’est pendant la Révolution, en novembre 1793, que le Muséum de la République a ouvert ses portes. Fortement enrichi par les campagnes de Napoléon, il continue de bénéficier des munificences de prestigieux donateurs et possède aujourd’hui près de trois cent cinquante mille objets… contre six cent cinquante à l’ouverture !
Quant aux salles, le changement de vocation du palais en musée les a fortement modifiées, mais certaines ont résisté aux transformations. Pour se limiter au XVI e siècle, on retiendra la chambre de parade d’Henri II, et l’escalier Henri II, qui mène de la salle Henri II à la salle des Cariatides. Depuis cet endroit magnifique, on voit encore la partie arrière du chœur de la chapelle de saint Louis ménagée dans le mur ouest, deux fois plus épais que les autres, car il est un témoignage du Louvre de Philippe Auguste. Cette pièce était celle du tribunal, c’est-à-dire qu’elle contenait la tribune où le roi siégeait lors des fêtes et des réceptions. Son trône était dressé sous l’arcade centrale, entre les deux colonnes cannelées. On y voit aussi les quatre cariatides qui datent du début du palais Renaissance. Ah, si elles pouvaient parler, elles auraient tant à nous dire sur ce siècle riche de promesses…
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Quand François I er revient à Paris en 1527, il est un roi vaincu et humilié. Il a vu tourner à la catastrophe son expédition en Italie contre les armées de Charles Quint. Fait prisonnier, le souverain a dû verser une rançon de deux millions d’écus pour recouvrer la liberté après un an de captivité. La somme a été payée, en partie, par les Parisiens, riches et pauvres réunis. Aussi, pour remercier ces bons sujets, le roi décide-t-il de s’installer
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