Métronome
un palais nouveau. Elle voulait un cadre de vie et de réception plus plaisant que le vieux Louvre. À vrai dire, elle n’avait jamais supporté cette austère citadelle, ces salles froides, ces couloirs sombres dans lesquels s’engouffraient les vents coulis. Le Louvre, pour elle, c’était la tristesse, la morosité, la mort. On lui fit pourtant remarquer que le château avait bien des qualités et de forts avantages : on pouvait y tenir un siège, et protéger l’autorité royale des emportements du peuple ou de l’agressivité d’armées ennemies. Mais la reine n’était pas une stratège, aussi n’entendit-elle rien à ce langage de soldat. En 1644, avec ses deux fils, le futur Louis XIV et Philippe d’Orléans, elle investit l’ancienne demeure de Richelieu, rebaptisée désormais Palais-Royal.
Fortement remanié, ce palais devenu républicain est aujourd’hui occupé par le Conseil d’État pour le bâtiment principal et par le ministère de la Culture en ce qui concerne l’aile droite. L’intérêt de ce Palais-Royal réside aussi dans ses galeries alignées autour du jardin, qui en firent le lieu le plus agréable de Paris au XVIII e siècle. Le théâtre du Palais-Royal, qui ferme les jardins, date de la fin de ce XVIII e et reste l’un des plus beaux de Paris.
Revenons au Louvre, car nous sommes au XVI e siècle et c’est lui qui constitue le centre vivant des événements de cette période. Pénétrez dans la cour carrée et rendez-vous devant l’aile Lescot : une trace de puits sur le sol marque l’emplacement de l’ancien donjon de la forteresse dont les dimensions n’excédaient pas le quart de la cour actuelle.
Plus tard, le Louvre devint le plus vaste édifice de la capitale et le musée le plus resplendissant du monde par l’ampleur de ses collections… et tout cela a commencé avec François I er . Les travaux entrepris à l’initiative du roi durèrent finalement trois cents ans et ne furent véritablement achevés que sous Napoléon III, au XIX e siècle !
H, K, HHH, HDB… Comment lire le Louvre ?
Chacun des souverains qui contribua à l'embellissement du palais signa son intervention. Les H que l’on peut voir sur la façade sont le chiffre d’Henri II. Sur la façade sud, on découvre le HDB d’Henri de Bourbon, c’est-à-dire Henri IV. Quant au K, il désigne le roi Charles IX.
La cour carrée actuelle fut amorcée par Louis XIII avec l’aile Sully. On y voit le chiffre du roi : le double lambda grec ou un A et un L entrelacés, pour Louis et son épouse Anne d’Autriche. Ce fut finalement Louis XIV qui mena à bien ce grand projet, sur les plans de Le Vau pour les ailes du nord et de l’est qui flanquent la cour Carrée. On voit les chiffres royaux : la lettre L couronnée ou les lettres LB pour Louis de Bourbon.
Faisons maintenant le tour du palais tel qu’on peut l’admirer aujourd’hui…
Le Roi-Soleil voulut une grandiose entrée orientée vers la ville, manière d’imposer sa toute-puissance et sa suprématie sur les Parisiens. En 1671, il chargea donc l’architecte Claude Perrault (le frère de Charles, l’auteur des Contes) de construire la sublime colonnade située face à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Mais l’ensemble ne sera pas achevé… En fait, Louis XIV, les yeux tournés vers Versailles, ne s’occupait plus du Louvre. Il faudra attendre 1811 pour voir terminer les travaux entrepris près d’un siècle et demi plus tôt.
En longeant la Seine, vous voyez un long édifice perpendiculaire au fleuve, et qui prolonge le palais, c’est la Petite Galerie. Cette galerie de liaison, édifiée sur les fosses de l’enceinte de Charles V, avait été voulue par Catherine de Médicis pour relier le Louvre au palais des Tuileries qu’elle se faisait construire. Cette Petite Galerie fut rendue tristement célèbre durant les guerres de religion : on a longtemps cru que, du haut du balcon du premier étage face à la Seine, Charles IX tira à l’arquebuse sur les protestants durant la nuit de la Saint-Barthélemy. Erreur, car la galerie n’était pas encore achevée en 1572. Aujourd’hui, le rez-de-chaussée et surtout le stupéfiant premier étage, devenu galerie d’Apollon, offrent une belle idée de la magnificence des appartements royaux du Grand Siècle.
La Grande Galerie qui longe ensuite la Seine vers l’ouest fut achevée sous Henri IV. On voit ici le chiffre du bon roi : un H et deux G entrelacés
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