Métronome
tranquillement le travail en étranglant soigneusement sa jeune victime.
D’où Saint-Cloud tire-t-il son nom ?
Le troisième fils de Clodomir ; le petit dernier ; Clodoald, parvint à fuir grâce à la complicité de quelques officiers apitoyés. L’enfant avait approché de près l’horreur du pouvoir, alors il décida de couper lui-même sa longue chevelure, marque de sa qualité royale, et choisit de renoncer au monde pour se consacrer à l’adoration de Dieu. Il s’installa dans un village de pêcheurs sur les bords de Seine et y fit construire un monastère… Clodoald est aujourd’hui mieux connu sous le nom de saint Cloud, et le village qui l’a recueilli perpétue son renom.
Après la mise à mort de deux fils de Clodomir, Théodebert, fils de Thierry, bien certain que ses oncles complotent également son assassinat, s’allie à Childebert pour vaincre Clotaire. Les alliances se retournent. Les deux armées familiales sont en présence, mais la vieille Clotilde traîne toujours dans les parages pour tenter de réconcilier sa descendance et l’éloigner de nouveaux projets homicides… Elle prie, elle prie tant qu’un orage terrible éclate sur le champ de bataille. Les combattants sont-ils impressionnés par la fureur du Ciel qui se manifeste pour les séparer, ou bien, plus prosaïquement, n’ont-ils pas envie de s’étriper dans la gadoue ? Toujours est-il que les frères et le neveu arrêtent les hostilités et tombent dans les bras les uns des autres.
N’empêche : les troupes sont bien armées, bien alignées, prêtes à se battre. Ce serait dommage de gâcher… Allez, c’est dit : on marche sur l’Espagne où se terrent les Wisigoths, il y aura sûrement quelques villes à assiéger !
Après avoir occupé Pampelune, Childebert et Clotaire, les frères réconciliés, s’en prennent à Saragosse, mais la ville résiste, se défend, et l’armée franque est décimée. Pour Childebert, le moment est venu de lever le camp et de regagner Paris.
En cette année 542, le roi ne rentre pas pour autant en vaincu dans sa capitale. En effet, de cette expédition au bout de l’inutile il rapporte deux précieuses reliques : une croix d’or et une tunique qui ont appartenu à saint Vincent, martyr espagnol du III e siècle, torturé à mort lors des persécutions antichrétiennes sous l’empereur Dioclétien. Roi barbare et plutôt cruel, Childebert n’en éprouve pas moins un grand respect pour la religion et voue une amitié sans borne au bon abbé Germain, son conseiller et le protecteur des pauvres.
Childebert n’oublie pas la participation active de l’Église et de Rome dans l’essor du royaume franc. Avec l’effondrement de l’empire, l’Église et ses évêques sont devenus les derniers remparts administratifs et sociaux de la Gaule. Les Francs avaient tout intérêt à s’appuyer sur ces réseaux. Ils se sont faits chrétiens, pour ces athées ce n’était pas la mer à boire… Paris déjà vaut bien une messe.
En plus, l’ordre et l’organisation de l’Église ont tout de suite séduit ces tribus franques extrêmement disciplinées et moins exaltées que les autres envahisseurs gagnés, eux, par l’arianisme fortement combattu par Rome, un christianisme très oriental et grec, proche de la philosophie platonicienne.
Bref, d’un commun accord, Rome s’est placée dans la main des Francs, la Gaule franque est devenue fille aînée de l’Église tout en bénéficiant de son influence auprès du peuple. La Gaule nouvelle se construit dans la ferveur religieuse…
— Childebert, tu dois construire une abbaye pour abriter les saintes reliques rapportées de Saragosse, décrète l’abbé Germain.
Une abbaye qui, bien sûr, serait administrée par Germain lui-même, première marche d’une ascension qui allait faire de ce modeste ecclésiastique un puissant évêque d’abord, un saint vénéré ensuite. Alors, lentement, s’élève hors les murs de Paris cette abbaye-reliquaire.
Parallèlement, le roi s’entremet auprès du pape pour faire sacrer Germain évêque de Paris. Le bon abbé, modeste et contrit, cherche à en dissuader et le pape et le roi : sa vie de contemplation, son amour des pauvres et quelques avis distillés aux puissants suffisent à son bonheur terrestre. Mais l’Esprit-Saint le visite en songe et vient lui révéler que la puissance divine exige ce sacrifice ! Il accepte donc, et se voit promu à la tête de l’Église
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