Métronome
chanoines de Notre-Dame et revendait les corps au pâtissier qui en faisait des pâtés dont se régalaient les chanoines ! Les deux complices furent brûlés vifs en 1387… Dans le garage des gardiens de la paix motocyclistes qui occupent les lieux aujourd’hui, vous trouverez un autre reste du rempart gallo-romain du IV e siècle : cette étrange protubérance de pierre a traversé le temps sous le nom de « pierre au boucher » car c’est là que le pâtisser se serait livré à sa sinistre cuisine… Aux numéros 22 et 24, de très belles maisons de chanoines, du XVI e siècle celles-là, sont encore visibles. Essayez d’entrer au 26, vous verrez des pierres tombales transformées depuis plusieurs siècles en dalles destinées à garder les pieds au sec en cas de crue ! Mais le vieux Paris caché l’est de mieux en mieux, et les Digicodes le rendent de moins en moins accessible…
Pour retrouver la source vivante de ce cœur fervent de Paris, il faut remonter les siècles jusqu’à la mort de Clovis, en 511.
À la disparition du roi chrétien, le pays est divisé entre ses quatre fils : Thierry hérite de la partie est, Clodomir de la région de la Loire, Clotaire du Nord et Childebert, enfin, de la Picardie, de la Normandie, de la Bretagne et surtout de l’Île-de-France avec Paris, ville déjà populeuse avec ses vingt mille habitants.
S’ensuit un déroulement historique un peu compliqué et parfois confus. Les fils de Clovis passent leur temps à étrangler leurs neveux qui pourraient réclamer une part de la succession, à se faire la guerre pour agrandir un peu l’héritage, et à se réconcilier sous la pression insistante de la bonne Clotilde, veuve éplorée du roi des Francs.
Puis, comme il faut bien faire le roi, on va trucider quelques petits monarques des environs dans l’intention bien arrêtée d’agrandir les royaumes reçus en héritage. Ainsi, Childebert et son frère Clodomir déclarent la guerre à Sigismond, roi des Bourguignons – ou plus exactement des Burgondes, comme on disait alors. Ils assiègent Autun, mais sur le champ de bataille Clodomir est reconnu à sa longue chevelure. Les Bourguignons lui coupent la tête et la plantent au bout d’une lance.
Ce spectacle hideux redouble la fureur des Francs, excite leur juste colère et leur vaut la victoire. Le triomphe est fêté par un massacre général des soldats vaincus. Quant à Sigismond, sa femme et ses enfants, un traitement particulier leur est réservé : ils sont jetés dans un puits.
La mort de Clodomir inquiète les autres frères : qui sait si les fils du défunt ne vont pas exiger une part de l’héritage ? La reine Clotilde, qui fut l’épouse du défunt Clovis, ne veut pas d’une vengeance familiale, et croit éviter le pire en prenant ses trois petits-fils sous sa protection. Childebert fait venir à Paris son frère Clotaire et l’on trame de sombres complots dans le palais de la Cité…
À ceux qui s’alarment, Childebert et Clotaire tiennent un langage rassurant : cette réunion de deux rois n’aurait pour objectif que d’élever au trône les héritiers de Clodomir. La chère Clotilde paraît soulagée, elle se penche sur les jeunes garçons avec cette bonté que savent si bien manifester les grands-mères :
— Je ne croirai plus que j’ai perdu mon fils Clodomir si je vous vois lui succéder dans son royaume…
Espoir trompeur, car les assassins guettent. Le palais de la Cité devient le théâtre de scènes d’une violence inouïe. Clotaire saisit l’aîné des enfants par le bras, et sans frémir lui plante la lame de son couteau sous l’aisselle. Le cadet, horrifié, se jette aux pieds de Childebert, pleure, crie, geint :
— Au secours, très pieux oncle, que je ne périsse pas comme mon frère !
Childebert a un mouvement d’hésitation. Est-il vraiment nécessaire de trucider toute la maisonnée du défunt Clodomir ? Il se tourne vers Clotaire et tente de l’amadouer…
— Je t’en prie, frère très doux, accorde-moi dans ta générosité la vie de celui-ci…
Quoi ? Épargner cet enfant qui pourrait, un jour, se retourner contre sa famille ? Jamais ! Il faut tuer et tuer encore, éteindre la race de Clodomir.
— Laisse-le-moi, rugit Clotaire, laisse-le-moi, sinon c’est toi qui mourras à sa place !
Childebert, effaré par la rage de son frère, lâche l’enfant. Aussitôt, Clotaire se jette sur le garçon, le poignarde, et achève
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